Comme ça s'écrit…


Auto bluff

« Je suis le spectateur émerveillé de ce que j’écris.»

Ne cherchez pas l’auteur de cette maxime autopromotionnelle dans le who’s who des auteurs à la mode : ce n’est que de moi.
Et je ne veux même pas dire par là que je m’épate d’avoir tant de talent au clavier. C’est plutôt que j’observe avec un certain sens du merveilleux une histoire couler hors de moi, sans que je n’y puisse rien. C’est comme ça pis c’est tout.
Bon, on ne va pas en faire une dégoulinade non plus. Je suis un peu comme tous ceux qui tapotent des trucs sur un PC et voilà. Mais si j’en parle, c’est à cause d’un croisement qui s’est fait dans mes hémisphères entre un billet de Pibole sur son blog, et une question de Nath sur le mien.
Selon Pibole, qui citait Stephen King

Je place un groupe de personnages dans une situation plus ou moins désagréable et j’observe comment ils font pour en sortir. Mon job ne consiste pas à les aider, ou à les manipuler jusqu’à ce qu’ils soient en sécurité – ça c’est la bruyante méthode de l’intrigue au marteau-piqueur- mais de regarder ce qui se passe et de l’écrire.

Quant à Nath, elle voulait juste savoir comment on trouve un éditeur (en cherchant, tiens, c’te blague !). Et je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je lui ai envoyé mes conseils à moi, tels quels, sans souci du ridicule. Lequel ridicule ne m’empêchera pas non plus de vous les répéter céans. Donc :

Des conseils pour être publié ? Facile, relire tout mon blog depuis le début… Non, je déconne.
Mes conseils ne valent que pas grand chose, mais bon :
Il faut d’abord être sûr d’avoir écrit quelque chose de bien. Ça n’a l’air de rien, mais c’est le premier conseil que je retiendrais, en tant qu’auteur. Pour être sûr, il faut faire lire, à des gens très différents, et bien voir si ça marche (le seul critère qui les réunit tous : ont-il eu envie de lire pour savoir la fin ?).
Ensuite, il faut retravailler, jusqu’à être vraiment sûr !

Voilà, je vous l’avais dit, ça vaut son pesant de ouistiti sous Exta. Parce que, être « sûr que ce qu’on a écrit est bien » c’est d’une prétention, mes aïeux !
Pourtant, gonfler la boîte aux lettres d’un éditeur avec un manuscrit dont on n’est pas sûr, c’est d’un… con ! Il vaut mieux le retravailler encore, avant de le confier à Dame la Poste, non ?
Alors, est-il possible d’être sûr de soi quand on n’est pas Stephen King ? Oui. Il suffit de savoir ce que l’on veut (pas ce que l’on vaut, hein ? veut !) et de faire ce qu’il faut pour y arriver.
Si vous voulez révolutionner la littérature, bon courage. La queue commence de ce côté-ci…
Si vous voulez frimer avec votre plume et avoir l’air d’un grand auteur, n’hésitez pas (en cas d’échec, vous aurez au moins l’air… d’autre chose).
Si vous voulez gagner des millions, vous n’avez pas besoin de mes conseils (ni même d’écrire d’ailleurs).
Si vous voulez écrire un truc agréable à lire, c’est plus facile (encore que…) et surtout plus simple à vérifier.
D’où mon conseil de base : faites-vous plaisir à écrire, et vous verrez bien si ça fait plaisir aux autres.  Sinon, retravaillez là où ça coince, vous finirez par y arriver.
Pfiou, je me sens mieux là. Pas émerveillé, mais mieux.
Ah oui, un détail : ne comptez pas faire plaisir à tout le monde. Il y a déjà quelqu’un qui a trouvé Aria des Brumes bavard et sans grande originalité. Bref, quelqu’un qui regrette peut-être de l’avoir lu. Tant pis.

13 Réponses to 'Auto bluff'

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  1. Blandine said,

    Oui, travailler… (attention, je n’ai pas dit « plus » ! – mais au mieux…) On croit toujours (du moins souvent, en France) que le talent est inné… alors que la notion de « génie » reste un mythe… J’aime bien la citation de Paul Desalmand, qui dit : « on ne devient pas violoniste, même modeste, sans des années d’apprentissage et d’exercice. Pourquoi en serait-il autrement pour l’écriture ? » (voir son excellent Guide pratique de l’écrivain – pragmatique, lucide, qui se défend de donner des recettes, seulement des pistes… et des tas de choses passionnantes http://www.sitartmag.com/desalmand2.htm)


  2. Bravo Don, très bon billet ! En France, beaucoup de personnes pensent qu’il suffit d’être orgueilleux et paresseux pour être écrivain :o)
    La critique que tu donnes en lien m’a fait rire, que penser de Muriel Cerf ou Marcel Proust ? Mouhahaha !


  3. « Trop de bavardage », je ne vais pas m’en remettre de sitôt de celle-là :o))
    Ca me fait penser à la dictée d’ Eric Massot dans le rôle de la prof de français Madame Moisie, devant ses élèves.
    « Et maintenant, une dictée…. » « Il pleut… je répète, il pleut… point final, je relève les copies ! »

  4. Don Lorenjy said,

    Je SUIS orgueilleux et paresseux ! Et c’est uniquement mon orgueil démesuré qui me permet de contrer ma paresse légendaire pour tenter de produire parfois quelque chose de lisible.
    Mais cette lectrice a le droit d’exprimer son avis, et je la remercie d’avoir au moins lu avant de critiquer.

  5. posuto said,

    Mozart ? Trop de notes.
    L’idée de travailler et retravailler encore n’est pas dans l’imagerie de l’écriture, beaucoup pensent que la Muse inspiratrice arrose l’écrivain comme moi mes plantes vertes ! Suis tout à fait d’accord avec « 100 fois sur le métier »…etc.
    D’où une bonne dose d’énergie. Et le dos rond en cas de critiques mouais-bof…on ne peut pas plaire à tout le monde !

  6. Citrouille said,

    Quand on fait remarquer à Lilian Bathelot qu’il n’a que de bonnes critiques, il répond qu’il n’est pas assez connu pour se faire éreinter…

  7. Don Lorenjy said,

    Ah, il est bien Lilian, et il mérite !

  8. Nath said,

    Non, je rassure tout le monde, je ne veux pas gagner des millions. Ecrire pour me faire plaisir est déjà un bien beau cadeau. Ecrire pour être lu, ce n’est pas mal non plus ! Disons que ce n’est pas désagréable du tout.
    Quant à travailler dur, oui, mais mes textes me plaisent ainsi, donc… comme le commentaire le dit plus haut « on ne peut pas plaire à tout le monde ».
    Dans la jungle de l’édition, je percerai, ou pas, je me fais plaisir en attendant.

  9. Don Lorenjy said,

    En plus, tu as déjà publié, non ? Félicitations !!!!
    (allez voir son blog, les autres, c’est bien bô)

  10. Marco said,

    … le problème avec le critère du « être sûr que c’est bien », c’est que beaucoup en sont persuadés et en fait ce n’est pas bien et inversement il y a de belles oeuvres qui sont restées cachées longtemps, l’auteur restant trop complexé, à tort. Et je crois que beaucoup d’amateurs écrivent avec soin, et re-écrivent encore et encore (c’est du moins l’impression que donnent beaucoup de blogs d' »écriture », c’est rare de tomber sur un bâclage manifeste)… ton idée de faire lire à des gens différents me plaît bien, mais là encore il y aura beaucoup de subjectivité dans le choix des gens différents en question… Et même si au final, c’est réussi dans sa catégorie et que ça se lit avec plaisir (et même si en plus, au passage, ça « révolutionne la littérature »:), le livre peut ne jamais sortir (parce que pas dans le bon moment, parce que pas adressé aux bonnes personnes, parce que trop de livres comparables déjà publiés etc.).
    Que d’incertitudes! (mais en un sens, c’est excitant, l’incertitude). Reste le plaisir de se laisser emporter par sa propre fiction, effectivement, c’est toujours ça de pris 🙂

  11. EmmaBovary said,

    Ecrire, se faire plaisir, travailler, donner à lire, toucher et retoucher, lire et relire, convaincre, énerver, apprendre, dompter l’ego et l’humilité, faire plaisir et se faire plaisir, communiquer, s’isoler et toujours reprendre la tâche parce que c’est ce que j’aime…
    Et je sais depuis quelques temps que ce que j’écris peut plaire. Trouver des lecteurs et laisser s’émanciper le texte…

  12. Pibole said,

    Tout d’accord avec Emma ci-dessus, et puis quelque chose de plus aléatoire, qu’on a peine à croire, et pourtant. Le manuscrit s’il est bon trouvera son éditeur. ça peut prendre du temps, mais il trouvera. Hier, une copine auteur m’a raconté qu’elle connaissait quelqu’un qui avait envoyé son manuscrit 50 fois! Réguièrement, il le renvoyait à la même maison d’édition: les lecteurs les comités de lectures changent, les besoins aussi… On dit qu’un bon manuscrit n’est jamais mort. J’ai entendu cette affirmation plusieurs fois de la part d’écrivains de renom. Le seul qui risque de mourir en attendant l’édition… c’est l’écrivain!
    Mais bon, c’est plus facile d’y croire quand on a déjà quelque chose de publié.

  13. Don Lorenjy said,

    Ah oui Emma, laisser aller le texte : il est parti, propriété du lecteur qui en fait ou en comprend ce qu’il veut. Plus possible de passer derrière pour expliquer ou corriger… l’horreur. Mais il faut le faire.


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