Comme ça s'écrit…


Être là

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 6 mars, 2012
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Chaque fois que j’écoute Jean-Luc Mélanchon, je traverse une crise de conscience. Ce monsieur m’enthousiasme et m’agace tout à la fois. M’agace parce qu’il m’enthousiasme.
Je veux voter pour une femme, je veux voter pour Eva Joly, je veux voter pour son programme et ses convictions tout autant que pour sa personne… et Mélanchon vient bousculer cette belle assurance.
Il m’agace parce que sa façon d’avoir raison sur bien des points, son espoir que rien n’est perdu, sa volonté d’aller au rapport de force pour écouter et convaincre, se heurtent chez moi à ses réflexes d’accusateur démagogique. Contre la presse et les médias, par exemple : quand on a aussi fermement raison, pas besoin de geindre et pourfendre en toute occasion ceux qui ne vous donnent pas la parole ou vous tendent leur micro comme un crachoir. Pas un billet de son blog qui n’en fasse l’étalage, jusqu’à devenir une rubrique vidéo récurrente. Un peu de hauteur : il y a d’autres combats que l’assainissement des médias, sauf à vouloir se mettre dans la poche les râleurs que tout irrite au présent.
Donc, l’effet Mélanchon. Hier soir encore, en le voyant à la télé, j’adhérais à ses démonstrations, déplorais ses attaques systématiques contre les journalistes présents ou absents, et m’agaçais d’hésiter entre Eva et lui. Un petit tour sur l’excellent outil Voxe permet de comparer les programme point par point. Bien malin celui qui saura trancher et dire quelles sont les propositions les plus saines pour la France de demain, voire de plus tard.

Et puis l’agacement se tasse. Vote de conviction ? Oui, plus que jamais. Vote utile ? Oui, encore plus, puisqu’il n’y a rien de plus utile que de rafraîchir ses convictions et de les exprimer jusqu’au bout. Vote Mélanchon ou Joly ? Qu’importe, finalement ! Je serai fidèle à ce que je pense, dans l’isoloir et après.
Car ce qui compte, ce n’est pas tant de voter bien, d’être sûr, d’être convaincu. Ce qui compte, c’est d’être là, après, pour continuer d’agir selon ces convictions qui auront eu brièvement la parole. Comme sont là mes amis et voisins qui bêchent leur jardin, réduisent naturellement leur empreinte carbone, s’informent et agissent pour un meilleur environnement local, mais aussi pour plus de fraternité, d’entraide, de sourires. Comme Étienne et Françoise par exemple, dont pas un geste ni un mot ne semble contredire les convictions.
Quel que soit le candidat qui deviendra président, qu’il sache bien que des Françoise et des Étienne seront là malgré tout, pour vivre droit, partager un peu d’espoir et de bonheur sans s’émouvoir de leurs discours ou de leurs combats passagers.
Ce ne sont pas des promesses électorales. J’y serai aussi.

6 Réponses to 'Être là'

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  1. Saoul-Fifre said,

    La vraie vie, c’est bien sûr les étienne et les françoise et, comme les énarques, les préfets et les membres de cabinets, ils resteront au poste quel que soit le résultat des élections.

    A part ça Mélenchon m’en touche une (de sensibilité) sans faire bouger l’autre. C’est le meilleur tribun de toute la brochette, pas étonnant qu’il arrive à faire vaciller certaines convictions ?

    Mais analysons la vie du bonhomme. Gosse de pauvre, très bien. Etudes de philo, très bien (pas d’ENA, pas de Sciences-po…). A bossé, très bien (journaleux, dessinateur…). En fait, c’est un parcours semblable à celui de Bayrou : il ne vient pas du sérail.

    Ensuite celui de Mélenchon se gâte : trotskiste, moins bien, mais qui n’a pas été jeune ? Enfin, on peut être jeune sans vivre dans le secret, sans pseudos et sans rêver de massacrer tous les alliés objectifs du capitalisme et sans insulter ses adversaires en les traitant de « démocrates » ?

    Ensuite il passe (comme son père) aux francs-maçons. Décidément, les notions d’élite et de secret lui plaisent ! Et il fait toute sa carrière au PS. Plume, conseiller, membre de cabinets, ministre, avec toutes les compromissions et le sens de l’obéissance que cela comporte. Il soutient à 100 % Ségolène Royal et puis, trouvant que le PS parle un peu trop de rapprochement avec le centre, il claque la porte et crée le Parti de Gauche en 2009 puis est l’acteur de l’alliance avec le PC avec le Front de Gauche un peu plus tard.

    Voici Mélenchon : un plus que récent démissionnaire du PS qui s’associe avec le PC. Déjà, écologie et PC, c’est vraiment incompatible. Là les camarades lui laissent faire toutes les promesses qu’il veut mais si il faut sortir du nucléaire, il sera plus facile de négocier avec une Lauvergeon qu’avec un coco.

    Enfin tout ça pour dire que l’hésitation n’est pas de mise entre Eva et Jean-Luc d:^)


    • J’ai suffisamment changé dans ma vie, et encore récemment, pour ne jeter la pierre à personne.

      • Saoul-Fifre said,

        Je peux paraitre dur mais j’ai beaucoup de tendresse pour JLM qui est vraiment mon choix N° 2. J’ai juste essayé de faire une analyse factuelle concluant que EJ est la seule candidate anti-système, s’étant battue contre lui au risque de sa vie…


      • Alors, au nom de cette tendresse, tu comprends mon hésitation, même si tu ne la partages pas.

  2. Kirawea said,

    Je t’envie de voter pour un candidat avec conviction, même si son choix résultera d’une hésitation (si je comprends bien ta conviction se porterait sur les deux) !
    Ma propre conviction réside dans le fait qu’il faut voter mais beaucoup moins dans le candidat pour lequel je vais voter, quel qu’il soit.
    Pourquoi ? Parce que j’ai beaucoup de mal à distinguer un vrai cygne d’un crapaud que se met des plumes dans le derrière, parce que j’ai une vraie méfiance du politicien en général, et parce qu’il me semble que même intègre et déterminé, le politique devenu président parvient bien trop rarement à remplir son devoir par rapport au peuple, même à hauteur de ce qu’il souhaitait déjà lui-même accomplir en tant que candidat.


    • Je te comprends : il est tellement plus facile de croire au crapaud. D’où l’importance d’être là, pour être soi.


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