Comme ça s'écrit…


Tirons la couverture

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 7 janvier, 2008
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Puisque nous avons un janvier tropical et que la mousson m’empêche d’aller skier, retour sur les événements passés.
Cet été par exemple, en dehors de quelques coups de soleil, j’ai reçu un mail qui m’a fait un sacré choc. Vous allez me trouver bien émotif, mais quand même…

Qu’est-ce donc qui allait me décoller la pulpe comme ça, en pleine saison des maillots, des roucoulades plagiques et des véliplanches bien secouées dans les vagues ? Rien d’autre que le premier projet de couverture pour Aria (des Brumes… « Aria des Brumes », c’est le titre). Le beau Navire voulait juste savoir si ça me convenait.

Bon, le choc, ce n’était pas la couverture elle-même (encore que… elle était bien, forte, tout ça, mais pas choquante), c’était le simple fait qu’il existe une couverture. Que des graphistes s’étaient pris le trognon pour lui donner un visage, à mon Aria. Parce que, depuis le temps que je travaillais dessus, ce roman n’avait pas encore dépassé le stade de l’octet au kilo dans mon PC (à la limite, quelques pixels fuyants sur l’écran). Et là, d’un coup, Bam ! une couverture ! ! ! Du visuel, de l’existant.

Si j’étais parfaitement honnête, je tiendrais compte du fait qu’il ne s’agissait encore que d’une pelleté de pixels envoyée par mail. Mais l’honnêteté n’est que le manteau rapiécé de ceux qui ne savent pas mystifier leurs contemporains, et moi j’ai une couverture, et toute neuve en plus.

Là, il faut quand même que j’admette un truc : j’avais une idée pour la couv’. Oh, pas une idée du siècle… juste une idée à moi. Je vous la dis ? Je vous la dis.
On aurait vu une sorte de personnage noir, très mince, à la Giacometti, qui surgirait de la brume. Un peu comme le squelette métallique du Terminator sortant du camion en flamme à la fin du 1. Sans les yeux rouges.
Les graphistes du Navire ont eu une idée vachement autre (et vachement plus Navire). Et franchement, à part une clé dans le dos du personnage, leur idée m’a bien plu. La clé me plaisait aussi (un personnage à la recherche de son libre arbitre et qu’on remonte comme un lapin Duracell, ça me faisait marrer) mais il y avait un côté trop concept pub, distanciation ironique, second degré, marketing éditorial, clin d’oeil en douce au lecteur qui passe… bref, ils ont enlevé la clé.

Voilà, maintenant, la couverture c’est quelque chose comme ça :


Enfin, la dernière version que j’ai eue. Depuis, avant qu’elle parte se faire imprimer la face, elle a pu changer un peu. Il y a peut-être eu des ajustements de couleur (surtout dans la typo du titre) du lissage de détail, mais en gros on tient le bébé. Vous en dites quoi ? (lâchez-vous, tout’façon c’est fait)
Maintenant, que je me sois amusé un peu avec ‘toshop, rien de grave (et puis je vous rappelle que l’auteur est Dieu, et que Dieu a bien le droit de touiller sur ‘toshop pour se tirer la couverture à lui). J’ai sorti ça :

Je sais, les droits sur Giacometti, le respect dû aux œuvres de vrai art, les graphistes pro qui vont me sortir les canons sur le pont du Navire, tout ça… Monsieur l’auteur, ça va pas être possible. Je sais ! Mais quand vous lirez Aria, que vous croiserez un certain Carl qui peine à sortir de la brume, sachez que je me l’imagine un peu comme ça, et merci Alberto.
Allez, à la prochaine.

Edit : tenez, y a pas que moi, même Pierre Assouline met du Giacometti dans son blog.

10 Réponses to 'Tirons la couverture'

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  1. Je préfère ta version :o)

  2. pibole said,

    Moi j’aime pas qu’il ait un bateau entre les jambes!

    Non, les travailleurs du bateau on fait du bon boulot. Bravo!

    Bienvenue dans l’univers des auteurs jeunesse. Et au cas où tu croirais faire partie des « vrais écrivains », je te conseille la lecture ulcérante des commentaires de l’article de Pierre Assouline : http://passouline.blog.lemonde.fr/2008/01/04/nuee-decrivains-sur-les-colleges/#comments.
    beaucoup de mépris, de l’aigreur, quelques sarcasmes. De quoi assaisonner un lundi, et donner envie d’en faire partie, tiens, des « auteurs vieillesse ».

  3. frehelle said,

    Moi j’l’aime bien, cette couv. Assez curieusement (ou pas), je ne sais pas dire pourquoi. Je ne sais pas détailler ce que j’y vois ou pas, ce que ça laisse transparaître du livre ou pas. Simplement c’est un visuel global dans lequel je n’ai pas de mal à me plonger et qui me semble plutôt accueillant. C’est déjà pas si mal, non?

  4. Don Lorenjy said,

    Bande de coquinous : je savais bien qu’en vous montrant deux exemples, vous auriez des avis divergeants (venant de divers gens… Ha Ha Ha !).
    Pibole : je suis prêt déjà à toutes les vilénies qui pourrons suppurer des esprits vérolés bien enclins à classer pour mieux juger et déjuger. Et tiens, sache qu’à l’étoile jaune de « l’auteur jeunesse » j’ajouterai le triangle rose de « l’auteur SF », genre où il est bien connu que l’écriveur est un boeuf sous acide ou une machine automatique, l’un comme l’autre ne sachant différencier la littérature d’un champ de pavot électrique. Je suis prêt, te dis-je !

  5. Marco said,

    … sans oublier que l’auteur SF est forcément anglosaxon. Imposteur, va!
    Pour les couvertures, je trouve la tienne plus flippante, celle du Navire plus énigmatique.

  6. danielle said,

    Un coquinou de plus qui met son grain de sel! Je préfère TA couverture (en plus, Giacometti, j’adore!) Celle du dessus est franchement moche: on dirait E.T avec des yeux en forme de soutien-gorge blindé!

  7. Guylou said,

    Moi, j’aime mieux celle du navire. Ton personnage à toi est trop sinistre, il me donne la chair de poule…
    C’est sympa les sapins avec de la neige… C’est pour qu’on oublie pas que tu es de là-bas ?

  8. Don Lorenjy said,

    OK, 4 à 2 pour les graphistes du Navire (tant mieux).
    Et Marco, j’imposte si je veux !

  9. Jo Ann v. said,

    A vrai dire, je préfère ta version aussi ! 😉

  10. Don Lorenjy said,

    Oui, mais il faut le voir en vrai. Et puis c’est un peu comme une famille : avec les autres livres du Navire, il y a un effet de collection qui vaut le coup d’oeil.
    Allez voir là : http://www.lenavireenpleineville.fr/index.php
    En plus, si vous cliquez sur la couverture, vous avez la quatrième, la bio de l’auteur, et le début du prologue. ça le vaut bien…


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