Comme ça s'écrit…


L’Abri des regards

L’Abri des regards est un roman témoignage, écrit non pas sur la dépression, mais pendant, parfois au plus sombre.
Il me faut bien admettre que je me suis livré à une autofiction, mais je crois que le sujet valait la peine. Le sujet, ce n’est pas moi, mais la double dimension de la dépression : ce qu’elle creuse dans celui qui en souffre comme dans l’entourage, et ce qu’elle permet comme moteur de changement si l’on veut bien l’écouter.

Mon père s’est suicidé en 1994 pour mettre fin à 15 ans d’une dépression pas ou mal soignée. Arrivé à l’âge où elle s’est déclarée chez lui, la maladie m’a frappé à mon tour. J’ai eu la chance d’être bien accompagné et de m’en tirer.
Avec quatre livres publiés je ne prétends pas au statut d’écrivain, pourtant mon premier réflexe face à la dépression a été d’écrire. Aussi bien pour me remettre sur la piste de mon père que pour rendre compte à vif du fonctionnement de mon esprit malade. Cette écriture lancée sans objectif invite donc à suivre l’éclaircissement d’un suicide longtemps entouré de secret et mes tentatives pour ne pas prendre le même chemin.

Par souci de sincérité je n’ai pas retravaillé le texte, pas comme un auteur le fait d’ordinaire pour le rendre plus joli, plus acceptable, ou s’y montrer sous un meilleur jour.  Sans être voulus, ses défauts sont les témoins fluctuants de l’impact d’une dépression sur un cerveau qui cherche quand même à communiquer. Après l’avoir donné à lire, je n’ai fait que clarifier des phrases que les brumes de la maladie et de la pharmacopée avaient rendues trop obscures, ou couper des passages qui pourraient heurter des personnes citées. Ces coupes sont signalées dans le texte.

L’Abri des regards a été écrit sur une période de 18 mois entre 2009 et 2010, parallèlement à la finalisation et la sortie de Djeeb l’Encourseur. Il a été soutenu par une bourse d’écriture 2010 de la région Rhône-Alpes, que je remercie. Cette forme de légitimation m’a aidé à poursuivre le travail, sans éteindre mes doutes mais en alimentant la source intérieure.
Ce livre peut faire du bien. À ceux qui côtoient la dépression, en souffrent ou en ont souffert, comme à ceux qui l’ignorent et croient pouvoir l’ignorer toute leur vie.

Pour tester sa réception auprès d’un public non préparé, je l’ai mis en ligne gratuitement sous forme de feuilleton (ICI) pendant quelques mois. Il a été suivi par plus d’un millier de lecteurs, essentiellement des inconnus. L’écho que ce texte a reçu, le nombre et la qualité des témoignages qui m’ont été envoyés, les émotions qu’il a pu susciter, m’ont confirmé le bien-fondé de la démarche. La sincérité touche. Si quelqu’un souhaite le lire, j’en adresse le fichier sur demande.
Cela m’incite aussi à penser que L’Abri des regards pourrait faire une carrière utile en librairie. Il suffirait qu’un éditeur accepte de le publier et de le promouvoir un peu. Malgré mes nombreuses tentatives, ce livre n’a pas encore trouvé son support. Si un éditeur passe ici… Il est à noter que, depuis cette expérience d’écriture, aucun de mes manuscrits n’a trouvé preneur.

L’Abri des regards est bien sûr dédié aux trois femmes qui m’ont accompagné tout au long du chemin, ainsi qu’à mon père dont je vous souhaite de sentir parfois la main sur votre épaule comme il m’arrive de la sentir encore. Merci papa.

Georges Gidon

Mon Pope à moi

8 Réponses to 'L’Abri des regards'

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  1. Anne said,

    Bonjour,
    Je viens de lire « L’abri des regards » (nous ne sommes jamais que près de deux ans après sa mise en ligne !): merci de ce témoignage, passionnant parce qu’universel et en même temps intime. J’y ai vu une nouvelle confirmation que, comme tout être humain, chacun d’entre nous entre dans la communauté humaine par un processus de domestication (en un sens, notre survie en dépend) et que, comme tout être humain, chacun d’entre nous peut rejoindre ceux qui ont choisi d’honorer la vie en eux en inventant leur propre processus de libération … encore faut-il accepter (ou, parfois, restaurer avec une aide extérieure) l’énergie (le Qi chinois ?) qui nous pousse à cette libération …
    La lecture de votre livre m’a rappelé, en écho permanent, celle de « La passe dangereuse »* de Somerset Maugham. En tout cas, merci de ce que j’ai vécu comme un très beau et intense moment de partage !
    Anne (pas celle de votre livre !)
    * La traduction littérale du titre original en anglais est, à mon avis, plus parlante et positive: « Le voile peint ».


    • Merci beaucoup pour votre réponse. Cela me fait toujours plaisir que quelqu’un lise ce livre, mais d’autant plus lorsque cette lecture résonne de façon intime.
      Je vais me pencher sur « La Passe dangereuse ».

  2. Jérémie Maxit said,

    Bonjour Laurent,

    Je serai ravi de lire également « à l’abri des regards » s’il t’es possible de me l’envoyer ?

    D’avance merci et bravo pour ton travail d’écriture.


  3. […] L’Abri des regards […]

  4. Girard Pascale said,

    Bonjour !vous serait-il possible de me procurer l’abri des regards ? Je suis la fille de Raboin un ami proche de votre papa …je souhaiterais le lire et le donner à ma maman. Merci


    • Bonjour Pascale, merci pour ton passage ici.
      L’Abri des Regards n’est pas disponible en librairie (hélas) mais nous pouvons trouver une solution pour le transmettre à Michèle.


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