Comme ça s'écrit…


Cita-promo-tion

Posted in Ateliers,L'Abri des regards par Laurent Gidon sur 25 novembre, 2010

Je sais que ça ne se fait pas, mais tant pis : pour cette citation du jeudi je vais me citer moi-même (lire moi-même tel que dit par Sacha Guitri : moamêêêême). En plus je cite un texte qui n’est pas encore publié, mais qui m’a pris la tête pendant un peu plus d’un an… je me demande d’ailleurs s’il en est complètement sorti.

Aujourd’hui, j’entends une chanson dans la voiture en allant chez ma mère. Une phrase me saute aux oreilles. « J’veux du soleil dans ma mémoire » murmure le chanteur, presque en douce, entre deux strophes (après recherches, puisque je n’arrivais pas à retrouver sur le coup,c’est une chanson du groupe Au p’tit bonheur). Voilà, c’est ça. Je veux un peu de soleil dans ce qui m’a construit. Je veux regarder en arrière, regarder mon père, regarder le sien, regarder tous ces visages disparus et les voir en pleine lumière. Du soleil dans ma mémoire. Du soleil qui passe sur le temps et éclaire le présent, sinon l’avenir. Du soleil qui dépasse ma mémoire et éclaire un peu autour, parce qu’il y en a besoin. Il ne s’agit pas de tout peindre en rose. Plutôt de voir le bien sortir de l’erreur prise pour un mal. Changer l’angle de l’éclairage jusqu’à faire briller ce qui doit briller. Le sourire de mon père, par exemple.

Laurent Gidon – L’Abri des regards

Le manuscrit est parti chez Brigitte Giraud, directrice de la collection La Forêt chez Stock. Dès que j’ai des nouvelles, je partage. D’ici là, silence…

Bonheur pour tous

Posted in Blaguàparts,Promo par Laurent Gidon sur 22 novembre, 2010

Souvenez-vous, j’avais écrit un petit truc – plusieurs petits trucs en fait – censé faire plaisir : un recueil de nouvelles. Drolatiques au premier abord, elles le restaient au deuxième, puisque personne n’était obligé de réfléchir à ce que contenait vraiment la poilade qu’il venait de lire (et qui, parfois, ne contenait rien, mais on le savait dès le titre).

Je dois bien l’avouer aujourd’hui, en écrivant ces 16 nouvelles, mais surtout en les publiant grâce aux efforts acharnés des éditions Griffe d’Encre, j’avais un objectif. Un but caché. Une ambition, même…

Apporter un peu de joie au quotidien de mes contemporains.

OK, je reconnais, ça ne va pas péter loin, surtout par rapport aux ambitions de ceux qui veulent une Rolex pour leurs 50 ans (cotisez-vous, sinon ils vont être tristes). Mais quand même, j’y croyais. Et puis… pfuitttt !

Certes, un peu comme pour les Djeeb, les (quelques) lecteurs qui ont publié leur ressenti l’on fait avec un enthousiasme jubilatoire. Je les ai d’ailleurs réunis sur la page Blaguàparts ci-contre. Mais franchement, on ne peut pas parler de ras-de-marée. Le bonheur pour tous n’est pas de ce monde, en tout cas pas dans mon livre. J’ai même croisé une dame, à la bibliothèque de mon village, qui m’a dit : « Vot’bouquin, là, j’ai essayé : chuis pas arrivée à rentrer d’dans. Alors j’ai arrêté. » J’ai eu beau lui expliquer qu’il s’agissait d’histoires différentes et qu’elle pouvait, justement, ne pas en aimer une et sauter à la suivante, elle a persisté dans son refus motivé par l’impossibilité d’y rentrer. Une page et c’est marre. Boujour la joie universelle !

Ce n’est pas grave. Pas pour moi, plus peut-être pour l’éditeur qui comptait quand même en vendre plus de cinq ou six. J’allais passer à autre chose, quand un forum a attiré mon attention sur une publication quasi confidentielle : Les Coups de cœur SF des bibliothèques de Paris. Et là, cité entre Greg Egan, Vincent Gessler, Laurent Poujois, Lucius Shepard et Lionel Davoust : Lorenjy, Don – Blaguàparts.

Je ne résiste pas au plaisir de vous reproduire l’avis du bibliothécaire parisien :

Ce recueil est drôle, très drôle. Et en même temps cynique, ironique, décapant,
caustique, vous êtes autorisé à ajouter les synonymes que vous voulez.
Don Lorenjy a l’art et la manière de croquer les travers humains avec un humour
qui fait mouche : société de consommation, égoïsme forcené, tendance à
arnaquer le voisin ou à tirer avant de discuter, manipulation tout y passe. Mes
amis, l’avenir risque fort de ne pas être rose, mais ce n’est pas une raison pour ne
pas en rire. Bref, un gros coup de coeur !

Voilà. Le bonheur de tous, c’était trop dur à atteindre. J’essayerai une autre fois en me préparant mieux. Mais le plaisir d’un bibliothécaire, c’était à ma portée. Merci.

Le bonheur : 15 € !

Point Clavier

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 15 novembre, 2010

On va dire que ça en intéresse certains, à commencer par moi : il faut que je fasse un peu le point sur ce que produit le clavier. Sinon, ce n’est pas net.
Donc…

L’Abri des regards est fini, parce qu’il fallait bien lui donner une fin. Mais comme ce livre ouvre une fenêtre glissante sur la vie, il ne va pas s’arrêter là. Je suis plongé dans les relectures, ce qui est à la fois étonnamment facile (je ne corrige que l’orthographe – d’accord, il y a du boulot – et la syntaxes de certaines phrases qui autrement seraient incompréhensibles, mais je ne touche pas au style, puisque le projet était de saisir sur l’instant l’expression d’un esprit malade) et moralement très dur : ai-je vraiment pensé ça, fonctionné comme ça, déraillé à ce point ? Outch ! Maintenant, il va falloir lui trouver un éditeur. Re-outch ! Si vous en connaissez, des prêts à tout avec option bathyscaphe, n’hésitez pas à me cafter leur coordonnées. Attention : no SFFF !

Rhââl ! a pris un retard phénoménal, complètement bouffé à parts égales par mon crâmage de fichier (deux mois de boulot écrasés sans rémission) et par la fin en pente raide de L’Abri. J’ai cru pouvoir écrire trois livres en même temps. Et d’ailleurs je l’ai fait pendant quelques mois. Mais force m’est de reconnaître que, même si les trois projets sont suffisamment différents pour passer sans peine de l’un à l’autre, il y en a forcément un qui prend le dessus. Maintenant que le dessus est achevé, Rhââl ! va peut-être pouvoir émerger et reprendre sa marche forcée. J’y tiens quand même, à cette histoire de peuples qui apprennent à se faire la guerre (oui, c’est le pitch : scoop !), et je ne suis pas le seul : une éditrice attend le premier jet pour fin décembre. Il me reste un mois et demi (alors qu’à d’autres, il ne reste qu’un an et demi).

Djeeb l’Aimenteur avance… dans ma tête. C’est intéressant d’ailleurs : pour la première fois, j’écris un Djeeb en y réfléchissant à l’avance au lieu de faire confiance à l’envie et à la précipitation de l’instant. J’explore mentalement des pistes de scénario alternatives, je vois surgir des possibilités nouvelles, des bifurcations… Bref, j’évolue. Il va juste falloir que j’y remette les doigts, sinon tout va rester dans ma tête parce que c’est trop long à raconter ici.

Et puis il y a les projets qui se bousculent. Une BD avec un dessinateur d’Annecy, des romans et des nouvelles dont les synopsis débordent de mes cahiers, le besoin de finir la trilogie Aria (je rappelle à ceux qui ont lu Aria des Brumes que je peux leur envoyer le fichier de la suite – Air de la terre – en attendant d’avoir fini Le Chant sombre pour proposer le paquet complet à un éditeur assez fou pour parier sur de la SF âge d’or). Et puis il y a les sous. En ce moment, le clavier fume surtout pour nourrir le compte en banque.
C’est triste à dire, mais la littérature ne restera qu’un à-côté parce qu’il faut bouffer. J’avais cru un moment pouvoir me passer de mon activité pub, quitte à réduire à mort mon train de vie. Ben… c’est raté. Les réserves sont mortes et enterrées, les ventes n’ont pas suivi malgré ou à cause de mes gesticulations promotionnelles, et je dois affecter une plus grande part de mon temps de clavier à de l’alimentaire. N’y voyez surtout pas une plainte (marre de la complainte des auteurs en mal de pogn, hein ?), mais un constat plutôt positif : quand j’ai besoin de tunes, je trouve sans problème des gens prêts à payer pour ce que j’écris. Que ce ne soit pas des éditeurs et des lecteurs ne change pas grand chose.

Et pendant que je vous tiens : bravo à Vincent Gessler et Hugo Bellagamba pour s’être partagé le Prix Européen Utopiales des Pays de la Loire ! J’aime beaucoup cette idée de ne pas départager. D’ailleurs, j’attends de tout cœur un prix qui ne soit pas une compétition avec un gagnant et une ribambelle de perdants, mais une sorte de palmarès dont les cinq ou six primés le seraient au titre de leur contribution particulière aux plaisirs des lecteurs.

Djeeb l’enquiquineur

Posted in Djeeb par Laurent Gidon sur 5 novembre, 2010

Une chronique de Djeeb l’Encourseur est parue aujourd’hui sur ActuSF. Marc Alotton – que je remercie pour ses compliments – semble avoir pris un certain plaisir dans sa lecture, au point d’affirmer en introduction :

L’intérêt des thèmes abordés, la mise en contexte, le pittoresque des personnages, servis par une indéniable qualité d’écriture, avaient séduit bon nombre de lecteurs, rendus méfiants par le piètre niveau de nombreux premiers romans parus ces derniers temps.

Je suis ravi , bien sûr. Bien que n’ayant pas eu connaissance d’une quelconque baisse de niveau des premiers romans. Une bonne critique de plus, c’est toujours sympa. D’autant que la plupart des retours de lecteurs qui me sont parvenus sont eux aussi très positifs.
Heureusement pour mes chevilles, les louanges ne sont pas unanimes.
Sur le forum de Cocyclics, collectif de lecteurs et d’auteurs fortement impliqués dans l’amélioration des textes avant proposition aux éditeurs, une proportion non négligeable de participants n’a pas aimé Djeeb. Au point parfois de ne pas arriver à le finir. Et ça, ça me questionne et m’enquiquine.
Je me demande d’ailleurs par quel biais on peut réunir 100% de bonnes critiques et ne faire qu’un petit 63% sur un groupe de lecteurs aguerris.
Je n’ai pas de réponse sous la main. Pas d’autre que « on ne peut pas plaire à tout le monde », qui n’est pas une réponse.
Est-ce une question de liberté d’expression que l’on aurait entre soi sur un forum, mais pas en montant à la tribune publique d’une chronique ? Serait-ce une différence dans l’approche, le critique cherchant à faire son travail alors que le lecteur ne veut que se faire plaisir ? Est-ce que statut de chroniqueur est suffisamment sélectif pour ne tenter que des individus prédisposés à apprécier le Djeeb dans le texte ? Cela a-t-il à voir avec les phases de la lune ou la longueur de mes cheveux ? La réponse m’échappe, est c’est tant mieux.

Je m’interroge, non pour flatter mon ego (ce qui est toutefois bien agréable) mais pour me faire une idée plus juste de la portée de mon petit travail solitaire. Jusqu’ici, on doit compter quelque chose comme 1200 lecteurs de Djeeb le Chanceur, et avec de la chance, disons 500 de Djeeb l’Encourseur (offrez l’Encourseur à Noël, pour faire remonter mes ventes et justifier le travail de Mnémos, merci). Ce qui, en appliquant la formule dite de Cocyclics (63/37), me donne un total de 1071 lecteurs heureux (pas mal, mais bon, hein, bof) contre 629 pas contents.

629 déçus ! Là est mon problème : autant de malheureux, ça me déchire. Comme aurait dit Einstein après les deux premiers grands Boum, « Je n’ai pas voulu ça ! » Si j’écris pour faire plaisir à des lecteurs, mais qu’une part non négligeable trouve que ça ne vaut pas l’effort de lecture et en garde l’impression d’avoir gâché de l’argent et du temps, faut-il continuer ?
Entendons-nous bien : écrire, je continue, pas de problème, j’aime ça. Mais être publié, faire le singe pour être remarqué, recourir à tous les moyens modernes pour tenir le plus large public (donc vous) informé de la progression du travail, attirer le lecteur en salon ou librairie comme on harponne le chaland… peut-être est-ce un peu disproportionné avec le résultat obtenu.
Un lecteur qui s’emmerde, c’est une responsabilité.

Jeudi !

Posted in Ateliers par Laurent Gidon sur 4 novembre, 2010

J’ai conclu avec une irrévocabilité pénible que le temps du tout est possible était terminé, faire ce qu’on veut quand on veut, c’était de l’histoire ancienne. Le futur n’existait plus. Tout était dans le passé et allait le rester.

Bret Easton Ellis – Lunar Park

Remontez-vous le moral en chassant les citateurs jeudiesques référencés chez Chiffonnette.

Ce qu’on lit

Posted in Lecture par Laurent Gidon sur 3 novembre, 2010

Je viens de finir un livre amusant, sans autre justification déclarée que de faire passer un bon moment à son lecteur. Et ce n’est déjà pas si mal. Il s’agit de La Revanche des Spellman, de Lisa Lutz, publié chez Albin Michel. Des personnages décalés, un scénario honnête, quelques gags et une forme relâchée qui saute d’un lieu à l’autre dans un souci de vitesse et de concision agréable. Voilà : agréable, c’est le mot. Je vous renvoie sur le blog de Mille et une pages pour en savoir plus.

Ailleurs, on dirait « un livre pour rien », mais juste agréable, par les temps qui courent, c’est assez chouette. Et puis, faire tenir une histoire à suspense sans violence ni (trop de) méchanceté, ça m’interpelle toujours un peu.
Donc merci Lisa Lutz, c’est du beau travail.

Un en revanche qui bosse comme un pied, c’est le critique de Booklist cité en 4ème de couv. Je recite :

« Il y a dans les séances de psy d’Izzy plus de gags que dans tous les films de Groucho Marx réunis ! »

De deux choses l’une, soit M. Booklist n’a jamais vu un film de Groucho Marx et c’est un cuistre, soit il pense que les lecteurs n’en ont jamais vu et cela fait de lui un idiot méprisant. Et c’est insultant pour Groucho Marx, qui plus est.

Je vois là derrière une chaîne d’incompétences, dont M. Booklist n’est que le premier maillon. Une ribambelle de crétins est venu s’y accrocher, jusqu’à l’éditeur français qui s’est cru obligé de reproduire l’ânerie initiale, à l’américaine.
On pourrait dire que je m’énerve pour peu de choses. Ce n’est pas complètement faux, car il se passe bien pire. Mais ce peu de chose contribue à l’ambiance actuelle qui autorise à dire tout et n’importe quoi sous couvert de communication. Résultat, en politique et en science comme en publicité, bon sens et précision sont aux abonnés absents. N’importe quel président, député ou Claude Allègre peut se prendre pour Séguéla et lâcher sa petite phrase absurde sans crainte des conséquences, tant que l’objectif d’impact est atteint.
Et ça, croyez bien que ça me fatigue et m’inquiète.