Comme ça s'écrit…


Ce que je vous voeux…

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 31 décembre, 2007
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Depuis quelques années, en fait depuis que j’ai décidé d’écrire autre chose que des slogans et des brochures publicitaires (ainsi que des titres idiots pour billets de blog), depuis ce temps-là donc, je m’amuse à tourner un petit texte pour ma carte de voeux, façon nouvelle, et je l’imprime en pompant ouvertement la mise en page d’une maison d’édition célèbre. Cette année par exemple, j’ai pris Actes Sud, et ça donne ceci :

(Oui, Actes CALM, parce que CALM Création c’est ma boîte de pub à moi que j’ai) Et à l’intérieur, il y a l’histoire du vieux Thomassin qui lit une page par jour et… mais ceux qui l’ont reçue l’ont déjà lue, et les autres devront attendre un peu.

En revanche, puisque j’ai quand même envie de vous la souhaiter bien bonne, l’année qui vient, voici le texte que j’avais troussé pour 2006. Bon, vous arriverez à faire quelques petites modifs pour que ça colle à l’an prochain, vous êtes grands, je compte sur vous. Donc :

L’Année (nouvelle)

Il était une fois une petite année qui allait fêter son anniversaire. Elle se sentait toute joyeuse car c’était le premier, et un peu triste aussi puisque ce serait le dernier.
Hésitant donc entre joie et larmes, la petite 2005 se demandait si finalement elle avait été bonne ou mauvaise. Bien sûr, il n’y avait pas eu de Tsunami cette fois-ci. Mais quelques tremblements de terre, inondations et attentats s’étaient acoquinés pour faire le compte. Et il en était ainsi dans tous les domaines, impossible encore de savoir quel serait le score final, positif ou négatif. D’un côté, marchands de canons et de famines se frottaient les mains. De l’autre, des bébés aux yeux rieurs voyaient le jour dans de beaux berceaux de satin rose (ou bleu). Une fleur pour chaque gros mot. Des bisous à lèvres-que-veux-tu préfaçant de grandes amours, contre des clôtures de comptes bancaires claquant sur des vies en charpie. Records au Téléthon et craintes de charniers aviaires. De la neige à Noël, de la canicule ici ou ailleurs.
Du ciel bleu et autant de nuages, tout semblait s’équilibrer au bonheur/malheur près. Dansant sur le fil, à petits pas vers sa fin, 2005 se demandait au global quel souvenir elle laisserait dans les cœurs et les corps. Match nul, année zéro ? Trop triste… il fallait que quelque chose se passe.
Et donc :

Le 31 décembre 2005 à 23 heures 57, Marcel Michu monte l’escalier d’un pas grincheux pour protester contre le tapage fait à l’étage au-dessus par les invités d’Alexandrine Pinardel, laquelle croyait de bonne foi qu’un soir comme celui-ci, enfin, vous voyez…

Pour 2005, en cet instant et à cause de cette ire bilieuse, la cote est au plus bas, pronostic défavorable. Michu sonne chez Alexandrine à 23 heures 58 seulement, son souffle n’étant plus ce qu’il était, pauvre Marcel. Il ne se rend pas compte que sa dernière colère de 2005 va sceller le destin malheureux de cette année jusque-là équilibrée. Le tapage fêtard couvrant son sonnage, le Marcel en crise passe au frappage pendant près d’une minute, ce qui l’amène aux limites du temps réglementaire et n’arrange rien aux affaires de 2005…
C’est alors qu’ouvre Alexandrine, divinement encadrée par la porte dans cette lumière de fête. Il est encore temps, tout juste temps, bien que le Michu vindicatif ne paraisse pas sensible aux charmes visuels du tableau Pinardelien ainsi offert… Surprise, l’ingénue cherche le frappeur à des hauteurs que Marcel est loin d’atteindre avec son mètre cinquante-huit. Elle perd donc encore quelques secondes avant de repérer l’intrusant, lequel met ce délai supplémentaire à profit pour monter dans les tours et gagner des sommets de fureur rentrée, mais prête à sortir.Pour 2005 les dés semblent jetés, tout est joué. Et ce n’est qu’à deux secondes de minuit qu’Alexandrine rattrape le coup in extremis d’un : “ Oh, Bonne Année Monsieur Michu, c’est gentil d’être monté nous la souhaiter, venez que je vous embrasse ” qui jette Michu dans un champ de bonheur aux senteurs de jasmin et fait basculer l’année finissante dans le club très fermé des bons crus.
2005 a juste le temps de faire la bise à 2006 par-dessus l’épaule du temps avant de s’évanouir dans un feu follet d’artifice.
— * —
Voilà, c’est tout. Bonne Année, et surtout la santé.

Le Noël de la famille Delmas

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 24 décembre, 2007

L’an dernier, quelque trois semaines avant Noël, Sylvie Delmas nous laissait un message sur le forum Ecriture & Partage, message dans lequel elle nous prévenait d’une absence momentanée pour passer quelques examens médicaux.

Il faut que je vous parle un peu de Sylvie Delmas. Fondatrice entre autres de l’association littéraire Ecriture et Partage et du journal l’E&prouvette, je l’avais virtuellement rencontrée lors du concours de nouvelles sur « le Doute ». Depuis, de mails en collaborations diverses, elle avait pris une place de plus en plus chaleureuse dans mon petit paysage. Elle m’avait laissé jouer avec certains de ses projets, le numéro 0 de l’E&prouvette nous a bien occupé, et bien amusé. Nous avions beaucoup parlé d’Aria des Brumes, elle avait envie de le lire, elle se réjouissait de lui savoir un éditeur.

Seulement voilà, Sylvie n’était pas que femme de lettres, mais aussi épouse et mère de famille. Elle s’est éteinte le 24 décembre 2006, à l’hôpital où elle pensait ne passer que quelques jours. Sur le forum, nous avons eu l’information dans un message, signé de son avatar (un beau Colley couché dans la neige) mais écrit par son mari. Un choc, à froid, pour nous qui avions d’abord été si heureux d’avoir enfin de ses nouvelles.

Voilà, elle est partie, c’était il y a un an aujourd’hui. Je ne peux pas m’empêcher de penser au Noël de la famille Delmas.

Bonnes Fêtes à tous, cueillez, cueillez…

Thierry Magnier et la loi de 49 (le titre qui fait venir du monde)

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 20 décembre, 2007
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Que les choses soient claires : je n’y connais rien et je n’ai aucune légitimité à en parler. À part peut-être le fait d’écrire des livres et d’avoir des enfants (Mika, Yoel, Papa vous aime).
Mais comme Aria des Brumes sort (en janvier, le saviez-vous ?) chez un éditeur identifié « jeunesse », et qu’il se fait en ce moment un foin de paille autour d’un article du Monde et de l’application de la loi de 49 à deux bouquins de chez Actes Sud Junior, je vais donner mon avis (ne râlez pas, je ne fais que le donner, dans mon boulot je le vends).

Donc, on peut lire ici ou ce qui se dit d’intelligent sur le sujet. Ce qui m’énerve, moi, c’est qu’attaquants et défenseurs me semblent jouer sur une seule partie du terrain (celle ou l’on débat entre l’utilité ou la nuisibilité des livres en question) alors qu’à mon sens le problème est ailleurs.
Il s’agit de livres. Pas d’un film ou d’une vidéo (ou d’un tchat, m’en fous) sur laquelle des jeunes sensibles pourraient tomber par surprise, comme ça, en touillant leur souris ou leur télécommande. Un livre, il faut l’acheter, l’ouvrir, le lire, le comprendre, se représenter ce qui y est écrit… c’est quand même un processus assez long avant l’impact dommageable ou la libération transcendantale dont chacun se renvoie les exemples choisis en service/volée.

Le problème n’est pas dans la justification d’une certaine « littérature jeunesse » par son utilité cathartique ou autre (et là je fais croire que je sais ce que cathartique veut dire… que la tique tousse, quoi). La solution ne viendra pas d’une comparaison soigneuse entre ce que Zola ou Machiavel ont de plus sombre ou morbide ou dérangeant que les livres publiés par ou sous Thierry Magnier. Le débat ne se tranchera pas entre livres qui font du bien aux jeunes et livres qui ne leur en font pas. En ce qui me concerne, nous sommes confrontés à un choix assez simple :
– soit la littérature jeunesse n’a pas à se justifier et tout y est autorisé si l’on prévient acheteurs et lecteurs,
– soit on cherche à la canaliser, à lui donner un objectif d’utilité publique, à l’instrumentaliser (donner des clés, ouvrir l’esprit, former le jugement, expliquer le monde, objectiver les pulsions… choisissez votre chapelle et changez-en), et les auteurs comme les éditeurs seront aux ordres de l’idéologie en place (qui verse à tuile, comme chacun sait).

Où vient se situer Aria des Brumes là-dedans ? Dans la marge. Honnêtement, et je suis mal placé pour vous le dire tout seul, ce bouquin ne sert à rien. Il ne vient pas éveiller telle ou telle qualité dormante chez l’adolescent en recherche de lui-même. Il ne donne les clés de rien, sinon d’un monde qui n’existe pas et dont tout un chacun se fiche. Il raconte ce que pourraient vivre les hommes, enfin certains hommes, en d’autres temps et d’autres lieux. C’est une histoire (je sais, on me dira qu’aucune histoire n’est innocente) qui a pour seul mérite d’exister et ne se justifie en rien. En revanche, tout ceux que je connais et qui s’y sont risqué ont pris un peu de plaisir à la lire.

Ah… ce plaisir de lire ! Vais-je me retrouver au purgatoire des littératures jeunesse à cause de lui ? Va-t-on m’accuser de voler le temps de ces jeunes gens qui feraient mieux de se préparer à travailler plus, plutôt que se vautrer dans les délices inavouables d’une fiction sans raison ? Il faudra bien pourtant qu’on me cherche des poux de ce côté-là de la raie si l’on veut m’interdire au moins de 15, puisqu’il n’y a pas de sexe dans Aria (zéro censure, cela ne se justifiait pas dans l’histoire, c’est tout), quasiment pas de violence physique ou psychologique (je voulais voir si je pouvais écrire une aventure qui se tienne sans meurtre, massacres, psychopathes, armées de Trolls ou potentats déviants), de la noirceur seulement quand la nuit tombe et que l’éclairage peine à prendre le relais… Cela en fait-il un livre de « jeunesse » ? Je ne l’ai pas écrit dans ce but, en tout cas. Et j’ai été tout surpris de voir que le Navire s’y intéressait. J’ai même alors pris mes renseignements par la bande, en interrogeant un autre éditeur jeunesse. Qui m’a répondu, au vu de quatre pages de résumé, que ce bouquin ne correspondait en rien aux attentes de sa cible (ça tombait bien, je n’ai jamais pensé Aria en terme marketing ou guerriers).
Alors voilà : à tous ceux qui justifient Thierry Magnier par son utilité auprès des jeunes, je demanderai d’arrêter parce qu’il vont faire interdire Aria des Brumes pour les mêmes raisons.
C’est fou ce que j’ai fait avancer le débat, là, non ?

Futur auteur, choisis-toi un agent !

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 19 décembre, 2007
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Cet article va être court et s’éloigne résolument de toute polémique.

En France à ce qu’il semble, le seul moyen d’avoir un bon agent littéraire n’est pas de le choisir, mais d’être choisi par lui. Directement. Ou alors il faut avoir déjà vendu quelques milliers d’exemplaires, ou être le fils de… (vous pouvez garantir de ramasser le prochain Goncourt, mais parfois ça rate).

D’autres agents font de la retape sur Internet, histoire de vous soutirer 900 euros (neuf cents !) en vous promettant de vous représenter efficacement, de vendre votre manuscrit et de vous rapporter plein de sous. Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Il va sans dire qu’ils étaient prêts à tout pour défendre les couleurs brumeuses d’Aria (sauf à renoncer à leur chèque, ni même à en baisser le montant). Mais ce sont des gens d’un commerce très agréable et je recommande à quiconque de les contacter pour passer un bon moment au téléphone. Vous trouverez leurs coordonnées par vous-mêmes. Sachez juste qu’ils ont en toute modestie pris pour raison sociale l’intitulé de leur branche d’activité.
Saluez-les de ma part, ils sont vraiment charmants. Mais gardez vos neuf cents euros (vous pouvez même me rétrocéder une commission de 10% pour vous avoir évité cette dépense inutile).

Voilà, c’est tout.

Ah non : allez lire l’interview de Chéreau chez Yann. Voilà, maintenant c’est tout.

Ah non, allez lire la nouvelle de Marco chez Wrath.

Mais que fait l’Élysée ?

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 17 décembre, 2007
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Ce billet serait polémique s’il était lu par plus de dix personnes. Donc pas de danger, on peut y aller.
En visitant le blog de Pierre Assouline, on apprend des tas de choses, et notamment que notre Président estime qu’il se publie trop de livres. On ne va pas s’égarer à lui réponde (pas à Pierre, à qui je ne la jette pas) que la France est un pays libre où chacun mène sa petite entreprise et méconnaît la crise, mais plutôt se poser la question sous son angle à lui : à quoi cela sert-il de publier Aria des Brumes en janvier prochain (pub pas trop subliminale), alors que quelques quatre cents nouveautés, dont près de cent cinquante premiers romans, vont se battre pour une place au soleil dans le porte-monnaie des lecteurs ?
Bon, je pose la question pour Aria parce que je connais la réponse, mais elle vaut pour tous ceux qui sortent un livre.
La réponse, donc : parce qu’on y croit !

C’est bête, Monsieur le Président, mais nous sommes un peu comme vous lorsque vous avez engagé votre campagne publicitaire en vous rasant. Et pourtant, pour vous, c’était plus dur, il n’y avait qu’une place. Alors qu’un lecteur bien né n’hésitera pas à s’offrir plusieurs bouquins, même en janvier. On a une chance. C’est tout. Les éditeurs pensent que des gens vont acheter et lire leurs livres, parce que les éditeurs pensent que ces livres sont intéressants. Un peu comme les politiques, qui croient que leurs magouilles idées vont sauver la France.
Est-ce parce que vous-même avez eu le droit d’encombrer les écrans avec des spots à votre gloire que vous estimez devoir rendre la pareil aux éditeurs ? (oui, notre Président souhaite que l’on puisse faire la pub des livres à la télé, mais au prix du spot, il n’y aura que GalliGrasSeuil pour se les payer) Ou plus simplement pour permettre à ceux qui se taillent déjà la plus grosse part des revenus du livres de ramasser aussi les miettes du gâteau en étouffant définitivement les petits moineaux qui ont l’impudence de croire, eux aussi, être à même de débusquer de belles voix assourdies par le tintamarre ambiant pour leur donner une petite chance, toute petite, minuscule : la publication, même confidentielle, de leur histoire.
Ouais, c’est facile de faire des phrases longues quand personne n’est là pour me couper la parole.

N’empêche que sur le fond, ils ont peut-être raison, tous ces petits éditeurs qui publient trop de livres : dans un pays libre, chacun à le droit d’y croire et d’espérer toucher les lecteurs, quelques lecteurs, même pas beaucoup de lecteurs, en écrivant quelque chose et en le publiant. C’est la grande différence avec votre bizness à vous, les politiques. Nous, nous n’avons pas besoin que les autres perdent pour gagner un peu.

Alors le Navire en Pleine Ville publie Aria des Brumes en janvier, sans pub à la télé. Et on y croit. Je compte juste sur les dix premiers qui le liront (cent ? OK, cent !) et l’aimeront un peu, pour d’abord aller le dire à leur libraire (on oublie trop souvent de remercier son libraire pour les plaisirs qu’on a eus grâce à lui), et ensuite en parler autour d’eux. Pas sur TF1, hein ? Dans votre quartier, ça suffira…

Et comme cela, je pourrai remercier mon éditeur d’y avoir cru, et mon éditeur me remerciera en me téléphonant de temps en temps, juste pour me dire où en sont les choses, ou pour me demander où j’en suis de la suite… Oui, ça se passe comme ça entre auteur et éditeur. Et quand ce n’est pas tout à fait comme ça, on en parle sur les blogs. Quel joli monde que le nôtre. Et vous voudriez mettre la télé dans l’affaire ? Allons, Monsieur le Président !

Tenez, la prochaine fois que je voudrai courir un lièvre, je vous dirai ce que je pense de la polémique autour de Thierry Magnier (encore que le Navire le dise mieux que moi) et de la loi sur la littérature jeunesse en général. Parce que, quand même : Prout !
(pas Proust, hein ? Prout !)

PseuDonLo en remet une couche

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 15 décembre, 2007
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Il faut que vous sachiez en préambule qu’hier, c’était comme avant hier : soleil et encore plein de poudre vierge à aller signer. Alors j’y suis retourné. D’où la deuxième première trace que voici :

Déjà, c’est plus raide, non ? (y avait bien du 35/40° en haut, tôlé par le vent, d’où la courbe précautionneuse parce qu’en cas d’avalanche, j’étais un peu tout seul, mais bon, je vous dis ça, qui s’en tamponne, hein ?)
Bon… j’y ai passé la journée, à monter, puis à descendre, ce qui fait que je n’ai pas eu le temps d’écrire grand chose. Sauf que j’avais un petit billet d’avance, tapoté un jour où on me cherchait des poux dans le pseudo. Donc voilà. C’est du réchauffé.

Si vous croyez encore qu’Aria des Brumes a été écrit par Don Lorenjy, vous vous grattez l’omoplate de l’index gauche en passant par l’œil droit. Nenni tout plein, cette aventure, que dis-je cette aventure, ce Planet Opera, n’a pas été composé par un certain Don Lorenjy, mais par quelqu’un d’autre qui s’appelait pareil.
Moi.

A part les deux balles que m’a coûté cette blague, expliquons-nous un peu sur le pseudonyme, ça ne coûte rien.
Pourquoi ne pas signer de mon vrai nom (Pierre Poljack, comme chacun sait) ? Aurais-je honte de ce grand œuvre inaugurant la fusion du planétaire Vancien et de l’humanisme Nietschien dans le creuset d’une politique Gandhienne ? Honte, moi ? Allons donc ! Depuis le temps que je vous en parle… je n’avais qu’à me taire.
Ni honte ni peur d’une célébrité galopante dont les premières foulées ont martelé ce blog (ha ha !).

Alors quoi ? Alors rien. Sur le coup, ça m’a semblé être une bonne idée. Un pseudo, c’est un peu comme un manteau qu’on met pour sortir : il cache tout sauf la tête, et on le raccroche au porte-pseudo quand on rentre à la maison. Après, suivant les occasions (voire, les saisons) on aura plusieurs manteaux. Une façon de prévenir le lecteur : quand on lit du Don Lorenjy, c’est plutôt de la SF ou de l’imaginaire sous toutes ses formes (saviez-vous que j’ai écrit une nouvelle de fantasy avec nains et dragons ? vous l’ignoriez ? vous vous en foutez ?). Quand je joue au polar noir et grinçant, je change de veste et porte celle d’un fieffé coquin : Eddi Garr (en mémoire des chaussures qui grincent du méchant Edgar des Aristochats). C’est comme ça. Les gens le savent que je ne sors pas sans pseudo ni San Antonio.

En plus, comme ni Don ni Eddi ne sont dans l’annuaire, ceux qui me cherchent ne me trouvent que sur la toile, et c’est très bien. Je ne vais quand même pas me laisser déranger chez moi par des jets de petites culottes de groupies hurlantes contre mes vitres : devenir une star, oui, en supporter les conséquences que Voici, non ! (ceux qui n’auraient pas compris qu’il se cache une sorte de second degré derrière ce paragraphe n’auront qu’à m’envoyer leur numéro de Carte Bleue)

Et puis, comme dit Patrick Besson, « Tous les écrivains devraient avoir un pseudonyme, ne serait-ce que parce qu’ils ne sont pas la personne qui écrit leurs livres, mais une autre qui les voit faire, étonnée. »
Voilà.

Mais pourquoi Don Lo(renjy) ? Bah… Je cherchais un truc qui soit mon nom sans l’être (Laurent Gidon, comme chacun l’a oublié). Alors j’ai rotaté les syllabes et c’est retombé ainsi.

Certes, on peut me reprocher le côté poseur de ce Don. On ne s’en est pas privé. Que dire, sinon que j’y voyais plutôt la démarche bancale et le phrasé couinant d’un autre Don, ‘ald Duck pour le coup. Mais j’assume : Don Lo, marque déposée aux côtés de Don Corleone et de Don Luis Camara (histoire de taquiner les extrêmes). Lâchez-vous pour critiquer, ça me tiendra chaud l’hiver.
La seule personne dont j’écoute l’opinion en la matière est l’éditeur urbain au long cours qui a parié sur Aria des Brumes. Il m’est arrivé bien sûr de lui demander son avis.
— Dis Hélène… pour le pseudo, Don Lorenjy ça va ?
— Ça va.
Dont acte.
Et vous, ça va ?

Et ça c’est juste pour montrer qu’on peut vivre et écrire loin de Paris sans que ce soit pourri (toph prise hier sur la route de Manigod, pour ceux qui situent).

Il y a des jours…

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 13 décembre, 2007
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Alors ça y est, j’ai fini la relecture sur les épreuves d’Aria des Brumes.

C’est dur à dire, mais malgré des corrections à n’en plus pouvoir sur fichier, j’en ai encore sorti plus de cent pages avec des fautes. Ou des répétitions. Ou des phrases tellement remaniées qu’elles ne veulent plus rien dire. Ou carrément des bouts de mots mal effacés, mal déplacés, mal fichus, qui viennent déparer le bel ordonnancement que tout lecteur est en droit d’attendre d’un roman en langue française.

Autant de pétouilles après des mois de travail, c’est la honte. Mais c’est réparé, mis dans l’enveloppe, expédié au Navire (qui doit croiser quelque part dans le Sud de la France, du côté d’en bas, le facteur trouvera bien). Voila. C’est fait. Je peux passer à autre chose…

Et ça tombe bien, parce qu’aujourd’hui, les nuages se sont enfin fait la malle. Il y avait comme un frémissement du côté des spatules. Très net.  Sur la route, on voyait déjà les choses comme ça :

Ensuite, à la montée, ça donnait quelque chose comme…

Après, il ne restait plus qu’à faire la première trace… que voici :

Bon, d’accord, il a fallu monter à pieds, la poudre était un peu trop lourde pour la faible pente et je me suis collé une ampoule au pied gauche. Mais je dirais que pour une première sortie, c’était globalement positif.

Pourquoi vous raconter tout cela ? Qu’y a-t-il de littéraire ou d’éditorial là-dedans ? Rien ? Presque rien… Disons que c’est juste pour faire envie aux wannabies auteurs avec autre chose que la prochaine publication d’un roman. Et puis parce que Léo Scheer me traite de Maître du Monde, alors j’ai bien le droit d’en profiter un peu. Et puis aussi parce que la vie n’est pas faite que de petits signes tapotés sur un clavier. Et enfin pour faire passer la honte d’avoir eu autant à corriger sur les épreuves.

Une question à tous ceux qui écrivent : c’est juste moi, ou c’est dur pour tout le monde d’éviter les bourdes, pétouilles et âneries en tous genres ?

Un peu de correction, s’il vous plaît !

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 9 décembre, 2007
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Si on fait un bref retour en arrière, on se rappellera comment s’est passé la fin de l’écriture d’Aria des Brumes : le 25 décembre approchant, le Père Noël se faisait de plus en plus insistant pour que je termine le chapitre 14 et l’épilogue, afin d’en garnir sa hotte. Il y avait une certaine urgence à boucler.
Faites confiance à un éditeur qui connaît son métier pour vous apprendre le vôtre. Je reçois mon manuscrit plein d’annotations (j’y reviendrai), et notamment :

« Bon c’est là que je décroche, Don. La scène de baston entre /spoiler/ et /spoiler/ n’est ni psychologiquement bien amenée, ni très efficace, un peu « too much ». Et ton épilogue mérite plus que largement un vrai développement, sur l’équivalent de trois ou quatre chapitres. Tu nous laisses sur notre faim, c’est affreusement frustrant. »

Le « là » en question se situe en plein milieu du chapitre 13. J’avais prévu un élégant duel au sabre, suivi de la mort d’un des personnages principaux. En le relisant, je découvre une ahurissante guignolade, entre Kill Bill et l’Exorciste.
Pourtant, j’aimais bien mon duel… et puis il s’y disait des choses importantes. Tant pis, il faut refaire.
Et puis alors la fin… même au pas de charge, l’épilogue fait dans les 30 pages ! Hélène m’avait déjà débusqué quelques perles dans le manuscrit, mais là c’est tout le collier qui part en sucette.
Yep, on a du taff… Avant de reprendre le clavier pour entrer dans le lourd, je me contente de quelques lignes de synopsis : il se passerait ça, le héros dirait ça, et puis on apprendrait ça, et patati, et badaboum ! Réflexe pro, toujours s’assurer qu’on est dans la plaque avant d’entamer le gras du boulot.
Et j’attends les Imaginales pour en parler de vive voix (mais vous le savez déjà).
Ensuite, c’est facile : y a qu’à faire comme on a dit. Je déroule le synopsis, au long d’un chapitre 15, puis 16, avant de boucler sur un épilogue qui en est enfin un.
Et la bascule dans tout ça ? Plus de bascule ! Au trou la bascule et tant pis pour Dieu.

Enfin si : l’histoire se paye toujours un revirement à 180 degrés, mais ce n’est plus du tout au milieu. De toute façon, ça n’avait d’importance que pour moi, alors…
J’emballe l’affaire, tout étreint de fierté, et renvoie un fichier bien propre, impatient de recevoir les louanges énamourées de mon éditeur à moi.
Et je reçois ça dans ma boîte mail :

« Bon encore quelques bricoles çà et là et surtout, à mon avis, du boulot sur quelques trois ou quatre des dernières pages. Je veux bien croire qu’il y ait des /spoiler/ à sauver dans le tas, mais le tien a tout du miracle, et son retournement est du coup, presque carrément risible. »

Arghhh… ça fait maaaal.
Je me sens tout petit. La vache, auteur c’est dur !
Mais bon, entre temps j’ai signé le contrat.
Un contrat d’édition ? Ouais ! Avec un chèque d’à valoir tout propre.
Ça ressemble à quoi ? Ha haaaaa, en tant que maître du monde, je vous en parlerai une autre fois.

Il y a une vie après l’Aria

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 6 décembre, 2007
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J’ai un vrai talent pour trouver des titres idiots.
Mais qu’est-ce que ça veut dire « Il y a une vie après l’Aria ? » et surtout, qui s’en balance ?
Vous ? D’accord. J’explique.
Disons que vous avez fini votre premier roman. Que vous l’avez envoyé à des professionnels et que vous attendez un peu que ça morde.

Vous pouvez alors déplorer l’impersonnalité des réponses négatives, le manque de clairvoyance des éditeurs qui ne savent pas repérer le chef d’œuvre que la Poste met sous leur nez, entrer en analyse Lacanienne, ou alors entamer une manœuvre de contournement.

Wrath le dit mieux que moi : tout est affaire de recommandations dans notre haute édition hexagonale. Mais allez vous faire recommander depuis votre village de province ! Surtout qu’avec la neige en hiver… bref. Et pourtant, jeune wannabe (un mot très con que j’ai découvert ici ou là et qui veut dire que tu voudrais bien être auteur célèbre comme les auteurs célèbres), ne plonge pas dans la déprime et la vilénie comme Marco (Ha, ha, Marco, sacré toi !), ou alors deviens critique de haut vol… mais bouge-toi, tu peux te faire un nom !

En vérité je vous le dis, « Si tu n’es pas connu, personne te connaît ». D’accord, cette maxime échappée du Loft vaut son pesant de pixels décolorés pour peu qu’on essaie de lancer son pseudo comme une marque de yaourt.
Il y a pourtant un petit moyen. Il faut y croire. Faites un effort, croyez-moi ou croyez-y. D’autant que ça n’a absolument pas marché en ce qui me concerne. C’est donc dégagé de toute obligation et de toute légitimité que je vous en parle sans honte.

Le moyen, donc : si personne ne veut du long, passez au court.
Ah ouais ? – me diront les observateurs avisés du marché littéraire – aucune chance, la nouvelle ça ne se vend pas. Bien vu, mais hors sujet. Il ne s’agit pas de vendre des nouvelles ou des textes courts, mais de les donner, pour mieux faire connaître votre pseudo.

Allez, avouez-le : vous aussi vous avez tenté des concours et des appels à textes, hein ? Non ? Si ? Et cela ne vous a pas rendu célèbre ? C’est normal, ça ne marche pas comme ça.
Depuis deux ans, j’ai proposé des trucs à plusieurs concours (Écriture et partage, Étonnants voyageurs, Résidence du Premier Roman …), anthologies (Parchemins & Traverses, Griffe d’Encre…), fanzines et webzines (Black Mamba, Marmite & Micro-Onde, Brèves du crépuscule, Outremonde, ActuSF, Présence d’Esprits, Univers et Chimères, Trois Petits Points…), j’ai même participé un peu partout à des jeux d’écriture (A vos Plumes, Les Songes du Crépuscule, Le coin Polar). Allez voir, il y a parfois du Don Lo (parfois du Eddi Garr), du court, du moins court… Une activité de ouf, qui m’a pourri le clavier et mangé les yeux sur l’écran, avec plus de cinquante textes écrits et proposés. Avec… disons des fortunes diverses.
Soyons francs : même si vous arrivez à être sélectionné parfois, il faut être un Karim Berrouka qui publie à la mitrailleuse pour voir un jour un éditeur au détour d’un forum vous qualifier de « jeune auteur à suivre ». Bravo Karim, tu le vaux bien.

Alors, pourquoi tout ce tintouin ? Parce que, pour se dire auteur, il vaut mieux écrire, et faire lire plutôt que se recroqueviller sur son roman dont personne ne veut, bouuuuuh… Il vaut mieux prendre le risque d’envoyer des textes à des gens qui les demandent, de se gifler des retours négatifs, de se bouffer de la critique, de s’appuyer de la correction sans rémission, de voir ce qui plaît aux uns et fait se moquer les autres… ou alors il faut être un génie, ne pas sortir de chez soi et compter sur une intervention divine.

Le résultat de tous ces efforts est double : d’abord on se trempe la plume, on évolue dans sa façon d’écrire, on répond à des « commandes » ce qui permet d’aborder la page blanche avec plus de décontraction. Ensuite, on se remet un peu en question. Quoi ? Ce truc génialissime que j’ai pondu tout seul dans ma bulle d’espace temps n’a pas eu l’heur de leur plaire ? Peut-être que c’est écrit un peu prout, finalement.
Et enfin, vous rencontrez – virtuellement – du monde (d’accord, ça fait un résultat triple). Attention, je n’ai pas dit que vous deveniez connu : à part les cent cinquante et quelques personnes avec lesquelles vous êtes en contact (éditeurs amateurs, relecteurs, autres auteurs), vous n’avez toujours aucune existence légale. Mais ces gens-là sont de bon conseil. Ils peuvent d’une part vous aider à relativiser vos échecs (ils en ont aussi pas mal à raconter), et d’autre part vous donner des pistes à suivre, ou celles à éviter (on parlera un jour des agents). Ils partagent votre passion pour l’écriture et ne virent pas à l’aigre au moindre refus pas poli. Ils sont comme vous, parfois en mieux.
Aurais-je découvert Le Navire en Pleine Ville sans eux ? Non, ou pas si rapidement. Alors merci eux, ils se reconnaîtront.
Voilà. Écrire un roman, c’est bon, mangez-en. Mais ne nous arrêtons pas là.
Ah, et puis quand je serai grand, je serai David Foenkinos (rien lu de lui) juste pour qu’au moins une Magda écrive ceci de moi dans son blog.

La vraie vie est Imaginales

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 4 décembre, 2007
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Allant à contre courant de tout ce qui se fait dans la blogosphère, je vais aujourd’hui parler de moi (et c’est ici qu’on ajoute « lol », pour bien appuyer le second degré). Enfin, de moi et d’autres, puisque…

En février 2006, une maison d’édition en pleine création lance un appel à textes sur le thème « Ouvre-toi ». J’ai trouvé ça assez open, je me suis donc fendu d’un texte que je pensais rigolo et que j’ai appelé « Suzanne On Line ».
Pouf pouf, premier essai, première publication : Suzanne est retenue pour l’anthologie des éditions Griffe d’Encre (allez-y les jaloux, soyez durs, mais que personne ne sous-entende que j’ai couché, tout s’est passé par courriel). Donc, le pseudo « Don Lorenjy » apparaît pour la première fois sur papier imprimé. Cet événement planétaire n’a rien à voir avec Aria, jusqu’au moment où… les Griffe d’Encre me proposent de les rejoindre aux Imaginales pour dédicacer en compagnie des co-auteurs tous ces précieux volumes que le monde de l’imaginaire réuni à Épinal va s’arracher.

Coïncidence 1 : je viens de recevoir d’Hélène Ramdani, patronne du Navire en Pleine Ville, des propositions de corrections sur le manuscrit d’Aria.
Coïncidence 2 : Hélène sera aux Imaginales en compagnie de Lilian Bathelot, venu défendre « C’est l’Inuit qui gardera le souvenir du Blanc » (mazette, quel titre !), de Pascale son attachée de presse et de Christou bien sûr. Nous prenons un rendez-vous informel, sur le ton de « on arrivera bien à se trouver ».

Dès que j’arrive sur le stand Griffe d’Encre, je suis prévenu que quelqu’un cherche à me voir. Quelqu’un d’impatient et de connu. Mais qu’il faut d’abord que je rattrape mon retard de dédicace. Je m’y mets, c’est la première fois, et j’adore ça. Vraiment : le contact avec les lecteurs, les mots pour faire plaisir, sans forfanterie c’est le pied.

Je remarque bien que parfois, une main preste retourne le carton qui annonce « Don Lorenjy » au passant qui passe. Comme si on avait peur qu’un importun fureteur me dérange en pleine promotion de ma part de cette belle œuvre collective qu’est « Ouvre-toi ! ». Mais pris par la fièvre du star système, je néglige. Aux rares moments creux, je cherche Hélène : jamais rencontré, comment la reconnaître ?

Heureusement, une âme secourable finit par me dire : « regarde là-bas, c’est elle… »
Oh oui que c’est elle ! Entourée d’une cour d’amis auteurs et éditeurs hypnotisés, une passionaria brasse, embrasse, éclate de rire, clame et réclame sur tous les tons une passion décoiffante pour ce qu’elle fait : des livres.
Elle est encore loin, je suis coincé derrière ma table de dédicace, mais tant pis. Il faut que ça se passe maintenant !

J’attends qu’elle reprenne son souffle et je me lève de ma petite chaise. J’ai pris la précaution de me floquer un T-Shirt avec un énorme Don Lo dessus (mégalo, moi ?). D’un geste je désigne mon logo, et j’ouvre grand les bras avec un clin d’œil.

Je n’avais jamais vu un visage s’éclairer autant. Vous tous les dragueurs, baratineurs et Don Juan de salon, vous auriez été là que vous m’auriez demandé à genoux mon truc à moi.
La dame plante tout son petit monde et court vers moi. On se tombe dans les bras. On en a les larmes tellement on est content de se voir enfin. Je m’y attendais, mais pourtant ça réchauffe en moi des endroits que les autres rencontres n’atteignent pas. Devant l’assistance médusée, la maîtresse du Navire sort la corne de brume pour me lancer : « Don Lo, ton roman, je le veux. Tu entends : je le veux ! »
Qu’auriez-vous fait à ma place ? Je le lui ai donné.

Ensuite ? On s’est calé sur un canapé pour refaire Aria (un peu) et le reste du monde (beaucoup). Il y a du boulot. Sur Aria aussi. J’y reviendrai.

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