Comme ça s'écrit…


Bronzons sous la pluie

Posted in Djeeb par Laurent Gidon sur 17 juillet, 2008
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Allez hop ! On emballe la femme, les enfants et les planches, direction Normandie. Histoire de voir si la pluie est aussi drue qu’ici, ou si le vent me poussera jusqu’à Jersey.

Ceci n’aurait d’intérêt que pour ma famille et moi-même, si je n’en profitais pour trousser un petit roman déjà bien entamé (100 000 caractères) que j’écris comme il vient.

Donc à dans trois semaines, pour vous dire si ce début d’histoire aura trouvé sa fin.

Ah oui, le titre à retenir, pour ceux que ça passionne : « Djeeb le Chanceur« . Tel quel !

Derrière la fenêtre ouverte

Posted in Textes par Laurent Gidon sur 11 juillet, 2008
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Encore une vieillerie dépoussiérée à la demande générale (Ha, Ha !). Et toujours en réponse à un jeu d’écriture. Cette fois-ci, essai de dialogue à deux voix et une pensée. Contraintes : moins de 3300 caractères, et dernière phrase imposée… que je vous laisse découvrir.

Derrière la fenêtre ouverte

« Papa ! Y a Gramy qui a encore laissé la fenêtre ouverte ! »
Ce n’est pas grave. Et puis j’en ai besoin.
« C’est pas grave. Et puis elle en a besoin, tu sais ? »
Voilà. Merci mon fils. Il est bien, mon fils, il m’aime lui… Il faudrait quand même que j’arrive à me souvenir…
« Ouais, mais ça m’a tout mouillé mes devoirs de vacances avec cette pluie. Je te préviens, je les refais pas ! »
Pourquoi ce besoin d’air qui me prend ? Je ne peux pas résister, il faut que j’ouvre. En hiver, ça ne gêne personne. Il ne reste que moi ici.
« Ne cherche pas d’excuses. En plus tu n’avais quasi rien fait. »
Mais en été, Simon vient. J’aime bien quand il est là. Il devrait être plus ferme avec Estelle. J’ai l’impression de me sentir coincée. C’est ça, je me sens coincée, et il faut absolument que je respire. Alors j’ouvre.
« C’est ça, c’est toujours de ma faute. Marre de ces vacances ! Marre de cette pluie ! »
Ah, la pluie… Un été triste pour les enfants. J’avais l’impression d’avoir soif. Oui, je voulais respirer et boire. Et une odeur détestable… Fichue mémoire. Ouvrir la fenêtre.
« Oh, ça va, hein ? On ira au cinéma au lieu de la plage, c’est tout. Dès que tu auras fait tes devoirs de vacances ! »
Et voilà, elle pleure. Ou elle fait semblant pour éviter les devoirs. Tiens, ça me revient : mon père pleurait aussi. Je voulais ouvrir une fenêtre, et mon père pleurait. Et je me sens écrasée contre des planches de bois dures et râpeuses.
« Toute façon, je peux jamais faire ce que je veux ! »
Il faudrait encore que tu saches ce que tu veux, ma petite. Perdre son temps, c’est bien un truc d’aujourd’hui. Le temps long. Oui, je trouvais le temps long. Mais où était-ce ? Et cette fenêtre. Pourquoi n’y avait-il pas de fenêtre ?
« C’est ça, tu ne sais même pas ce que tu veux, à part râler. Alors bosse ! Tu en profiteras aussi pour ranger un peu ce souk que tu nous mets dans le salon. »
Allez, mon fils, ce n’est pas si grave. Un peu de désordre contre le plaisir de te voir. Et c’est toujours mieux rangé que dans ma mémoire. J’entends des gémissements, et un long rythme qui ne s’arrête jamais. Ah si, il stoppe dans une grande secousse. Remplacé par des cris et des chiens. Pourquoi des chiens ?
« C’est pas vrai ! On est pas dans une maison de vacances, ici, c’est un camp de concentration ! »

Il a bien fait de la gifler. Il y a des mots qu’on n’emploie pas chez moi. Tiens, ça me revient, maintenant. Tous serrés dans ce wagon, et les chiens qui aboient dehors. Besoin de sortir, l’odeur de pisse, les fesses des adultes à hauteur de mon nez, mon père qui pleure. Mais la peur, qui nous attend dehors. Ouvrir une fenêtre…
« Excuse-moi Estelle. Je n’ai pas pu me retenir. Mais tu l’as bien cherché : tout ce cake à cause des petites manies de Gramy. »
Oui, ça revient… Je ne sais pas s’il faut vraiment que je me souvienne de tout, en fait.
« En été, tu comprends, elle ouvre sa fenêtre. Elle a le droit, non ? »

Et si c’était encore vrai…

Posted in Lecture par Laurent Gidon sur 8 juillet, 2008
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J’avoue, j’ai lu un livre de Marc Levy. Je viens même de le finir, et ce n’est pas vous faire injure que de vous en parler.

Il est de bon ton, ici ou là, de dire pis que prendre de cet auteur que le succès déclasse. Moi-même, il m’est arrivé de trouver un peu facile son écriture, et un peu tarte ses histoires.
J’avais lu « Et si c’était vrai ? » sans le moindre a priori, et en était ressorti ébranlé, mais plus par le battage fait autour que par le contenu. Une banale histoire de fantôme dans le placard comme j’avais l’impression d’en avoir vu, lu ou entendu depuis Mme. Muir ou même avant.
À l’occasion, j’avais tenté d’en lire un autre, une histoire de compétition entre ange et démon, sans pouvoir dépasser le quatrième chapitre, le temps étant trop précieux.

Et puis on m’offre « Les enfants de la liberté ». Dès le titre, ça me semblait être du pur Levy, resucée de vieilles cuves selon l’adage publicitaire « bien lavé c’est comme neuf ».
Les première pages ne m’ont pas détrompé : éternelles histoires de résistants repeintes à coups de grands sentiments transgénérationnels et d’efficacité narrative calibrée au micron. Mais une cloche me carillonnait dans le fond de l’oreille en parcourant ces pages et ces pages de suspens attendus, d’espoirs entretenus puis brisés, avec longs violons sanglotants, blessures de cœurs et langueurs monotones ; une cloche qui me titillait « et si c’était vrai ? ».

Et toc, pas loupé, c’est du vrai. Du mieux que vrai, puisque – on l’apprend à la fin – ces enfants de la liberté ne sont autres que papa et tonton Levy et tous leurs copains des FTP-MOI de Toulouse, combattants et morts atrocement pour la plupart, comme décrit dans le livre, pour notre liberté d’hier à aujourd’hui. Et vous savez quoi ? Ça marche !

Je remercie donc Messieurs Levy père et oncle d’avoir souffert pour libérer mon pays, et je remercie M. Levy fils pour avoir su me raconter leur histoire en y mettant sa technique, son talent(si !), et surtout sa célébrité.

Oui, c’est bien la célébrité du Marc qui compte ici.

Car, peut-on se demander, pourquoi Marc Levy a-t-il pris sa plume pour nous conter cette histoire qui a déjà été moulte fois contée par ailleurs, et par des voix sacrément autorisées puisque son père et son oncle eux-mêmes ont déjà écrit plusieurs livres sur le sujet, et ils ne sont pas les seuls, loin de là. Hein, pourquoi en remettre une couche, M. Levy fils ?

Pour que cette histoire vraie arrive enfin jusqu’à nous par la magie du saint marketing éditorial.

Parce qu’autrement nous (ceux qui comme moi ne sont pas férus de traité et témoignages quasi confidentiels qui se publient encore là-dessus) ne l’aurions pas lu et n’en aurions rien su. Une sorte d’effet « Sac de Billes » ou « Journal d’Anne Franck » qui permet de faire remonter dans les esprits et les cœurs un passé si facile à laisser de côté.

C’est un pari sur l’étiquette « Levy », et c’est évident quand on y pense.
Ni vous ni moi, ni encore moins la mémère en bikini débordant qui se fait frire sur la plage ou le quadra pressé dans le RER vespéral, n’aurait croisé cette histoire si elle n’était pas signée Marc Levy (plus gros que le titre sur la couverture, un détail qui ne trompe pas). Marc Levy, c’est la porte d’entrée qui rouvre la mémoire de la Résistance bien mieux qu’un Président entremetteur voulant maquer nos chères têtes blondes à des fantômes.

Il savait bien, le succesfull Marc, qu’en reprenant à son compte les vies de ces hommes, lui qui vend à la tonne tout ce qu’il écrit, il leur redonnerait la lumière qu’elles méritent. Alors il est allé au charbon, à sa manière, celle qui marche et qui fait vendre. Un peu comme si Spielberg disait à Tarkovsky « Attends, ton film est génial, mais t’es russe, t’es intello, personne ne va se déplacer pour le voir, alors que si je le mouline à ma façon, toutes tes belles idées sur la vie, l’univers et tout le reste vont enfin toucher le grand public par le bon bout, OK ? »

OK.

Le succès, ce n’est pas tant de l’atteindre qui compte. C’est savoir ce qu’on en fait après. Je crois que Marc Levy a donné sa réponse. Papa Levy peut-être fier, tonton aussi.

La malédiction du second roman

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 2 juillet, 2008

Comment font-ils (ou elles), ceux (ou celles) qui écrivent des romans à la chaîne et semblent ne pas se poser de question quant à la pertinence ou la qualité de leur écriture ?

Quelle est-elle, cette différence fondamentale qui creuse l’abîme entre le premier roman et le second (ou le deuxième, si on compte en écrire d’autres, mais ça, c’est pas gagné) ?

Peut-être existe-t-elle, finalement, cette magie des premières fois qui ne surgit… que la première fois.

La première fois, rappelez-vous, on écrit à la hussarde, avec des problèmes de timing (finir avant Noël) mais pas de souci d’enthousiasme. On y va, on se jette, on balance l’histoire comme elle vient, on soigne le détail sans trop regarder l’ensemble, on cavale… « J’ai pris mon clavier pour un cheval et j’ai foncé cheveux au vent dans le soleil couchant »

Et puis crac ! C’est fini, il faut passer au second (plan ? oui, mais roman aussi). Là, il se passe plein de trucs qui ne pouvaient pas se passer la première fois.

On se regarde écrire. On se compare. Faut-il copier la première fois, ou chercher autre chose ? On avance à petits pas, avec toujours un œil dans le rétroviseur. On cherche à s’éloigner du premier chemin, sans le perdre complètement. Et finalement, on joue contre soi-même. Après tout, personne ne vous demande rien. Surtout pas une suite à ce premier roman qui vit sa vie tout seul, déjà loin.

Mais comme on ne se refait pas, on force le passage, on va au bout pour voir le bout. Et ce qu’on voit, pas moyen de l’envisager sans référence au premier voyage. Est-ce au moins aussi bien ? Bof… Les idées, les personnages, les situations, leur résolution, est-ce que cela tient la comparaison ? Allez savoir…

Alors on pinaille, on chicane, on corrige sans fin, sans faim. L’envie n’y est plus.

Un jour, on se dit qu’il faut tout reprendre, alors on reprend tout. Et ce n’est pas mieux. Pas pire, mais certainement pas mieux.

Tiens, c’est juste le moment où les retours sur le premier roman vous frappent de plein fouet. Déjà que de soi-même on se mettait la barre à une certaine hauteur, voilà que ce sont les autres qui vous la surélèvent. Et ça fait peur.

Il faut s’y remettre avec cette nouvelle exigence. On repart de zéro, on change, on juge, on prend du recul. Et comme de juste, on n’avance plus.

Alors que faire ? Venir pleurer sur son blog ? (OK, ça c’est fait)

Ou poser là ce fichu second truc qu’on ne pourra jamais appeler second roman. Peut-être second remords, rien de plus. Et attaquer le troisième. Na !