Comme ça s'écrit…


Ayerdhal

Posted in Admiration par Laurent Gidon sur 30 octobre, 2015
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Ayerdhal, par Mandy

Ayerdhal, par Mandy

Résister à la pulsion de parler de soi autour du disparu, même si on a de la peine.
Donc Ayerdhal, d’abord un sourire narquois qui dit autant je t’aime que je te connais tout nu.
Une vivacité, un phrasé à bousculer tout ce qui se croit trop bien ancré : les idées toutes faites, les satisfactions confites, les bêtises, toutes les bêtises.
Quelques convictions sur la façon de s’en sortir ensemble, sans chef, d’où des colères bien senties face à ce qu’on fait de nous. Et des actes, bien sûr.
Ça démarre et ça balance, ça pose le problème sous ton nez (le fric, la politique, l’amour, tous les problèmes, tous), ça te pousse à trouver ta solution, à te bouger : c’est de l’Ayerdhal.
On l’écoute et on le lit. Il fait chanter des phrases en culbutant les mots et on se dit que ça sonne, oui, ça sonne.
Et ça résonne.
L’Ayerdhal dure, on ne le jette pas comme ça, on ne s’en épluche pas facilement. Merci, Parleur, de nous avoir tatoué quelques notions sur l’âme. Merci encore.
Il déborde parfois, agace ou s’éteint par surprise, pas question d’en faire un saint homme, mais bon sang qu’est-ce qu’il vit !
Qu’est-ce qu’il vivait…

Ceux qu’on appelle problème

Posted in Réflexitude,Vittérature par Laurent Gidon sur 7 octobre, 2015
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Entre eux et nous la terre est continue. Pas de rupture, tout au plus une graduation de nous à eux zébrée de frontières. Il suffit de marcher pour que forcément nos pas se croisent. Destin commun, le nôtre, destin de particules mouvantes mal contenues dans des pays, des cultures, des langues, et amenées à se frotter.

La terre est continue entre nous. Les fossés creusés de main d’homme n’ont pas assez de profondeur pour séparer. Les remplir de morts, les laisser se remplir, ne peut que rétablir la continuité, la renforcer, la rendre plus présente à l’œil. L’œil est sujet à la peur.

Sur cette terre continue des barrières se dressent, visibles de loin pour bien dire « Restez chez vous ! » Donc pour rien. Il suffit de marcher pour que « chez vous » s’allonge. Personne n’est durablement protégé du pas inlassable, à part les morts. Il ne reste alors aux vivants qu’à apprendre l’autre. Façon de s’enseigner soi-même.

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Lecture en cours : Suttree, Cormac McCarthy