Comme ça s'écrit…


J’ai un plan (mais chais pu où j’l’ai mis)

Posted in Djeeb par Laurent Gidon sur 28 août, 2008
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En lisant un billet de Wrath où elle invitait gentiment le wannabe à lire un livre pour mieux écrire le sien, je suis tombé en arrêt sur cette citation de Bob Mayer, un auteur qui s’y connaît puisqu’il écrit des livres publiés pour ceux qui ne le sont pas (ni auteurs, ni publiés) :
«Chaque jour consacré à préparer et à établir le plan m’économise environ cinq jours d’écriture réelle.»

Plusieurs pensées m’ont alors assailli.
D’abord, ce mec n’aime pas écrire réellement. S’il cherche à économiser des jours d’écriture, il ferait mieux d’aller à la pêche. Ou alors, on ne se fait pas la même idée du plaisir d’écrire (qui n’a rien à voir avec le plaisir d’avoir écrit). Mais bon, ça le regarde.

Ensuite, il prépare un plan avant de l’établir. Il fait un plan du plan… Maniaque, va ! Hé, Bob, quand tu te laves, tu commences par laver le savon ? Finalement, je m’étonne qu’il réussisse à « économiser des jours d’écriture réelle » avec ces méthodes troubles, obsessionnelles et compulsives.

Et puis j’ai fini par me demander ce que cette histoire de plan pouvait avoir comme influence sur l’histoire tout court. Faire un plan, c’est se demander ce qu’on va raconter, avant de se demander comment on va le raconter. C’est un choix, qui se respecte, mais qui n’est pas neutre. Ça sent la trame en acier trempé, le thriller à bascule millimétrée, le célèbre « romanqu’onnepeutpluslâcher » tamponné bestseller et zou, en rayon ! Enthousiasmant à écrire, si, vraiment… Ou alors on s’appelle Agatha et on invente un genre rien qu’à soi juste pour se faire plaisir. Je sais, on me dira que le débat entre la forme et le fond n’est pas près d’être tranché et qu’on s’en gargarise l’encrier depuis lurette qu’elle est belle. Sauf que je ne me place pas là sur un plan théorique, mais sur un terrain tellement pratique que j’y suis empoissé jusqu’au porte-plume.

Et pour rester pratique, je vais résumer ma pensée : faire un plan, c’est chiant.

Voilà. Les tenants du plan bétonné peuvent s’arrêter là et retourner lire les conseils de Bob sur le blog de Wrath.
D’autant qu’ici, de conseils point n’aurez. Juste du témoignage, tout frais pressé de mon citron.
Donc, et pour reprendre Bob qui défend le plan bien préparé et bien établi pour éviter à l’auteur débutant de, je recite, «se retrouver bloqué au milieu du manuscrit», je préciserai pour ma part qu’avec un plan, c’est au début même du manuscrit que ça bloque.

J’aime écrire pour raconter des histoires. Et, le croirez-vous, je commence par me les raconter à moi-même. En tant que lecteur de ce que j’écris, il faut que ça m’intéresse, que ça me surprenne, que le truc se monte peu à peu en gardant une bonne réserve d’impondérables, ou au moins d’incertitude. Une fois posée bouclée dans un plan tout propre, mon histoire m’emmerde. Plus envie de l’écrire. Même envie de la confier à quelqu’un d’autre pour qu’il l’écrive à sa façon et me fasse la surprise de ce qu’il en a tiré.

C’est peut-être pour cela que lire les « Maîtres du suspense » m’ennuie tant. Rassurez-vous, je ne m’ennuie pas tellement, j’en lis si peu. Mais quand je me tape un de leurs pavés, j’ai l’impression de lire le plan par transparence : ça gâche.

Attention : faut pas croire qu’on écrit juste pour le plaisir, sans savoir où ça mène et basta. C’est pas marqué Doc Angot ! En général, je sais où je vais. Juste que je ne connais pas le chemin exact. Je le découvre page à page, et je m’amuse à débroussailler cette jungle des possibles pour tracer une route crédible jusqu’à cette fin qui fuit là-bas, au loin, mais je me rapproche, je la sens, je la tiens… ah non, pas encore, demain peut-être.

Et puis, cela n’empêche pas, une fois l’histoire écrite (avec la forme et tout) de revenir sur la trame, utiliser quelques trucs de pro (merci Bob Mayer) pour densifier un personnage, booster l’intrigue ou relancer l’intérêt là où ça flageole. On doit bien ça au lecteur, qui n’est pas censé avoir les mêmes émois de vierge devant la première giclée que cette midinette d’auteur. Personne n’est obligé de réussir du premier coup, même pas moi. Mais se couper l’envie avec un plan, non !

Pour Djeeb le Chanceur par exemple, je sais qu’après avoir abordé la mystérieuse cité fermée d’Ambeliane, y avoir connu des hauts et des bas, avoir tâté des implacabilités de son système judiciaire, le grand Djeeb va finir par… Hé, Ho, vous ne croyez quand même pas que je vais vous raconter la fin, bande d’impatients !

Sinon, et pour ceux que ça passionne (si, si, il y en a), les visiteurs occasionnels n’ont plus été attirés ici par des recherches de « salopes russes à gros seins sur la plage », mais par des questions sur « Jonathan Littel », « Cormac McCarthy » et « Ronald Write », ce dont j’ai la faiblesse de m’ennorgueillir. Merci à vous.

Djeeb le Chanceur, acte fondateur

Posted in Djeeb par Laurent Gidon sur 25 août, 2008
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Ceux qui fréquentent ces lieux depuis les débuts (et qui ne sont donc pas venus chercher des salopes à gros seins ou des chamelle gravides) se rappellent peut-être qu’Aria des Brumes – ce roman de Science-Fiction tellement beau tellement bon que je ne vous en parle plus assez alors qu’il est toujours disponible en librairie – qu’Aria des Brumes donc, avait été écrit dans un grand élan de générosité pour faire plaisir à ma Douce. C’était le bon temps. Qui n’est plus, comme chacun sait, et c’est tant pis.

Place à l’égoïsme !
Tournant le dos à toutes les idées humanistes et généreuses qui lui avaient pourtant apporté bien des satisfactions (dont celle, inégalable, de se prendre durablement pour Dieu), l’auteur de ces lignes (et donc d’Aria des Brumes, le roman qui… et que…, si vous suivez) c’est coulé avec délectation dans le néolibéralonombriloégocentroindividualocapriciovanitopingrofrimisme ambiant pour écrire un roman entier juste pour se faire plaisir à lui. Rien qu’à lui. Tout seul. En se foutant pas mal de savoir si ce serait publiable, ou même lisible. Et Prout !
Une sorte de roman de l’été, quoi. Après tout, chacun va se choisir en librairie son pavé à promener sur la plage entre les lunettes et la crème solaire, non ? Eh bien moi, je me l’écris, na !

Devant tant d’égoïsme onaniste, je rougirais presque si je n’étais trop occupé à rigoler sous cape. Parce que ce « Djeeb le Chanceur » (oui, c’est le titre) m’a bien fait marrer. Je m’y suis lâché sur tout ce qui ne se fait pas en bonne littérature d’aujourd’hui, voire de demain. Le style ampoulé est proscrit ? Ampoulons donc un max ! Devant laisser place à l’action, la description est décriée ? Alors ça va gueuler, mais gueuler, parce que je décris et décrypte à n’en plus pouvoir. La gentillesse et l’attention à l’autre n’ont plus la cote ? Pas grave, je décote et détricote tant et plus ! Les seules limites sur lesquelles je n’ai pas cédé, c’est la violence et la cruauté gratuites. Je n’aime pas ça, je n’allais quand même pas me forcer alors que j’ambitionnais de me faire plaisir, enfin quoi, tout de même !

Donc voilà, Djeeb le Chanceur est né. Pas fini tout à fait, mais bien né. Et vous savez quoi ? Ça m’a tellement éclaté de le pondre au kilomètre que je vais reprendre le personnage pour d’autres projets, d’autres aventures. Je n’ai pas fini de me faire plaisir, tenez !

(Et pour les visiteurs de passage, sachez que les critères de recherche qui ont amené le plus de lecteurs ici hier, outre les indéboulonnables « salopes » et « gros seins », ont été « humour de poisson » et « Œuvre littéraire sur le prout ». Pas mal, non ?)

Salut à toi, le visiteur !

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 17 août, 2008
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Comment expliquer les pics de fréquentation que connaît ce blog, pourtant en coma quasi dépassé et d’un intérêt littéraire vacillant ?
Ceux que cette interrogation tenaillent feront comme moi : consulter les statistiques généreusement fournies par WordPress.

C’est bon pour l’orgueil de savoir grâce à quels critères de recherche les hasardeux ont déboulé sur votre Aria des Brumes et autres trucs.

Voulaient-ils de la SF ? Écrire un roman ? De la philo-fiction ? En savoir plus sur un certain Don Lo ? Tout connaître des méthodes les plus efficaces d’approche d’un éditeur du calibre du Navire en Pleine Ville ?
Que nenni !

D’après les statistiques, ces visiteurs ont cliqué sur les pages de recherche Orange suivantes : « Salopes russes », « Jeune fille à gros seins sur la plage » et « Histoires de salopes ». Tel quel. Et encore, ce n’est là que le trio de tête. Don Lo, prends ça dans ton ego ! Y a pas à dire, on se sent encouragé à poursuivre dans la qualité littéraire.

Certes, on est aussi en droit de se demander quel avenir nous réserve un monde où les gens cherchent des histoires de jeunes salopes russes à gros seins sur la plage. Et encore, Orange les a dirigés ici juste parce que, dans une nouvelle en ligne, j’avais osé placer « Toutes des salopes ! » dans la bouche d’un personnage. On ne fait jamais assez attention aux grossièretés dites par ses héros.

Imaginez ce que j’aurais attiré en ces lieux avec des trucs genre bite, poil, couille, petite culotte…
(trop tard, c’est fait)

Bienvenue à tous quand même.

Quelque chose de rien

Posted in Djeeb,Lecture par Laurent Gidon sur 15 août, 2008
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À quoi sert un blog où l’on n’a plus grand chose à dire ?
La réponse est dans le titre…
Le monde pourrit sur pied sans qu’on n’y puisse mais. Du pain et des jeux, certes, mais sans que guerres ni catastrophes respectent la trêve. Et comme toujours, la gouverne ment. Rien à dire, vous êtes au courant, ou alors à la plage.
Comme je me suis ruiné les lombaires à trop me secouer dans les vents et les vagues, j’ai eu le temps de lire.

Le dernier Vargas (Un lieu Incertain, chez Viviane Hamy) est bien, rigolatif et jouissoire comme les précédents, c’est une affaire qui marche (et qui n’a pas besoin de mon avis positif pour marcher). Juste une question : pourquoi Madame Fred éprouve-t-elle le besoin de nous placer des meurtres de plus en plus gore ? Elle seule peut répondre, et de toute façon ce n’est qu’accessoire.

Lignes de faille, de Nancy Huston chez Babel, est une superbe remontée temporelle de nos jours aux années 40, déjà primée, dont le principe à plusieurs voix tient parfaitement tout du long (malgré certaines interrogations sur le vocabulaire et les pensées que l’auteur attribue à des enfants de 6 ans). On cherche à rebrousse temps les causes et échos des blessures chez les différents personnages, et on apprend tous les moyens possibles de massacrer une enfance, quelles que soient les bonnes (ou mauvaises) intentions. Seul bémol, la contrainte que c’est donnée l’auteur d’une sorte de révélation finale, traumatisme initial dont certaines répercussions sexuelles paraissent exagérées. Mais c’est bien, vraiment.

Dans Profondeurs, Henning Mankell nous entraîne bien efficacement à la suite d’un hydrologue suédois qui cherche – et finit par trouver – son vide intérieur. Pas gai, pas vendeur, et pourtant on y plonge comme une sonde au câble coupé. Un voyage à rapprocher de La Route, par des chemins et des moyens sans rapport, mais la fin oui, la fin est la même pour tous.

Sinon, j’ai été ravi d’apprendre qu’Irène Delse a passé la barre des 400 000 signe dans sa suite attendue de l’Hériter du Tigre. Chez moi, la suite d’Aria est au point mort pour cause de plus envie. Djeeb le Chanceur avance son petit bonhomme de chemin (300 000 signes). Peut-être le mettrai-je en ligne par morceaux, ici ou là. Des amis auxquels j’en ai proposé la lecture en feuilleton, une seule a accroché (merci Pascale) au début… Mauvais signe ? Peut-être pas. C’est l’été, le temps est généreux, chacun en profite à sa guise. Voilà.

Ah si : on est rentrés, il pleut sur la montagne, les enfants vont bien, l’avenir s’avance à petits pas.

Pékin en aveugle

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 9 août, 2008
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Alors voilà, c’est sans doute parti, là-bas, dans le nid et autour.

Et donc je rappelle à toutes les merveilleuses entreprises qui font notre fierté que, comme convenu, les sommes folles qu’elles ont dépensées pour faire figurer leur logo sur les JO le seront en pure perte, puisque je n’en regarderai pas une image.

Tous mes encouragements cependant aux athlètes, en particulier aux collègues escrimeurs (et il en faut du courage, pour empiler cuirasse, sous-cuirasse et casaque électrique par ces chaleurs). Ce n’est pas parce que je ne les vois pas que je ne vibre pas à leurs exploits…

Et maintenant, une page de planche à voile. Tchô !