Comme ça s'écrit…


Citation du jeudi

Posted in Ateliers par Laurent Gidon sur 30 septembre, 2010

La plupart des gens considère la vie comme une bataille, or la vie n’est point une bataille mais un jeu.
« Tout ce qu’un homme sème il le récoltera », ce qui signifie que ce qu’un homme donne ou recevra par la parole ou par l’action lui sera rendu ; ce qu’il donne il le recevra. S’il sème la haine, il recevra la haine ; s’il aime, il sera aimé en retour ; s’il critique, il ne sera pas épargné à son tour ; s’il ment, on lui mentira ; et s’il triche, il sera volé. On nous apprend aussi que l’imagination joue un rôle primordial dans le jeu de la vie.

Florence Scovel Shinn – Le Jeu de la vie

Ceci peut-être pour harmoniser mon billet d’hier, lequel pouvait être lu comme une interrogation amère alors qu’il n’était qu’une déclaration d’amour au lecteur.

Les autres citateurs jeudiesques, toujours chez Chiffonnette.

A jeudi prochain, lisez bien.

Paul et Mickey sur l’auteur

Posted in Admiration,Réflexitude par Laurent Gidon sur 29 septembre, 2010
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Attention, billet polémique
Francis Mizio est un auteur de polar. Je ne le connais pas, je n’ai pas encore lu de ses livres, mais je l’ai croisé sur le forum d’ActuSF où était cité un article de son blog : Pourquoi vous ne me verrez plus en dédicaces et pourquoi il faut repenser tout ça. Francis y dit en substance que les salons sont organisés pour la plupart de façon à pomper l’énergie des bénévoles et des  auteurs sans que la rencontre avec le lecteur se fasse, ou alors dans des conditions déplorables et mercantiles. Et donc qu’il n’ira plus, sauf à être rémunéré pour au moins y gagner sa vie.

Sur le forum, dix pages de commentaires en deux jours, entre invectives et mises au point argumentées. C’est que le sujet semble passionner. Mais le sujet, c’est donc quoi donc ?
Est-ce le salon littéraire et son alibi culturel pour opération de com (munication et mercial) ?
Est-ce la légitimité de sa revendication d’une rémunération pour prestation ?
Que nenni. Ce qui enflamme le débat, ce n’est que ce petit rien du tout : l’auteur (en général, mais français en particulier).

Je simplifie, mais voici ce que j’en ai retenu :

  • L’auteur français doit être un mec sympa, accessible mais pas trop présent (parfois, on s’en fout de le rencontrer) et surtout qui ne la ramène pas (cf. point suivant).
  • L’auteur ne fait qu’écrire, tout le monde sait écrire, c’est pas sorcier, c’est pas un vrai métier.
  • L’auteur français sera toujours un amateur – la preuve, il a un vrai métier à côté – et doit donc se contenter du plaisir d’écrire, éventuellement du plaisir d’être lu, et surtout ne jamais parler d’argent.
  • L’auteur français qui parle d’argent est forcément : provocateur, illégitime, jaloux du succès des vrais auteurs, agressif envers les vrais pros de la chaîne du livre qui eux ne pleurent pas leur énergie, mercantile dans son rapport avec le lecteur, vilain, pas beau, et en plus un looser.
  • L’auteur français peut à la rigueur se faire appeler « professionnel », mais il doit gagner sa croûte seulement en écrivant, donc en vendant assez de livres, pas comme ces fainéants d’amateurs.
  • L’auteur français doit bosser partout et tout le temps, surtout dans le train pour rejoindre le salon lointain, et ne pas plaindre son temps ni sa fatigue : il n’a qu’à faire autre chose s’il n’est pas content.
  • L’auteur français coûte du fric à tout le monde (lecteur qui achète, éditeur qui paye des à valoir, distrib qui pilonne, libraire qui n’arrive pas à vendre ces merdes dont personne ne veut, organisateur de salon désert…) et en plus il demande des sous ? Trop lol !
  • Le vrai patron de l’auteur (oui, même l’auteur amateur a un patron) c’est le lecteur, qui  certes lui dicte par ses goûts ce qu’il doit écrire, mais surtout lui impose une certaine attitude, une tenue, une disponibilité, un langage convenu (« J’adore écrire, j’ai fait ça toute ma vie, et j’adore le contact avec le lecteur, si enrichissant »), une image correspondant à l’idée qu’il se fait de lui, et y ajoute les impératifs de surprise et de séduction.
  • L’auteur français est un paillasson sur lequel tout le monde peut essuyer ses propres frustrations, et un paillasson volontaire en plus : il n’avait qu’à pas être auteur (ou français).

C’est à se demander si les lecteurs français n’étaient pas pétris d’une solide conviction: les auteurs français sont nuls, on veut bien les lire pour leur faire plaisir entre deux vrais bouquins, mais qu’ils ne viennent pas la ramener et surtout ne pas parler comme des professionnels d’un secteur qui ne tolère que l’artiste dilettante plein de charme et de détachement. Les vrais pros, c’est les Américains. D’ailleurs ils ne plafonnent pas à 1500 ventes en mettant toute la chaîne du livre dans la mouise, eux !

Jalousie, déception, mépris : lecteur français mon ami, dis-moi que je me trompe.

Délit d’opinions

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 24 septembre, 2010

Le point de départ a été un article assez mal fichu de Rue 89 dont un paragraphe avait retenu mon attention : «Visionner régulièrement des films violents à 14 et 21 ans augmente les conduites agressives de l’adulte, indépendamment du QI, de la classe sociale, des pratiques éducatives parentales ou du niveau de tendances agressives.»

Ayant mis le lien sur Facebook, et après avoir affirmé, peut-être un peu hâtivement :
« J’ai l’impression que le goût pour la violence existe, j’ai l’impression aussi qu’il est exploité par une certaine forme de littérature, de cinéma, de jeu…, et j’ai l’impression que l’argument catharsis ou « effet bénéfique sur tel type de comportement » n’est qu’un verni craquelé sur l’exploitation d’une pulsion. »
s’est enclenché une discussion intéressante sur plusieurs plans. Celui que je voudrais développer ici nécessite que je reproduise les échanges à la fin de la discussion, passage où l’argumentation laisse la place à… autre chose.
Je suis Moi, une intervenante que je croise souvent sur des forums s’appelle Elle.

Moi (répondant à un autre intervenant) :

ça me touche ce que tu dis là, surtout le fait que je te fasse peur, parce que en effet les raccourcis transversaux que tu fais sont parlants. Ils dessinent ma façon d’envisager l’action comme recherche d’harmonisation et non comme perpétuation de la lutte. Alors que tu y lis une morale qui te met mal à l’aise.
Quant à l’esthétisation de la violence, je ne te rejoins pas dans ta graduation du problème : la télé réalité n’est pas ce qui doit poser question, mais juste l’expression la plus récente d’une spectacularisation de la violence. La fustiger ou l’interroger sans se poser la question plus vaste de ce qu’on se montre, ce qu’on se raconte, dans une société où la violence réelle est démultipliée par la médiatisation, me conduit à un cul de sac.
En revanche, bien d’accord avec toi sur la nécessaire responsabilisation de l’auteur, de l’artiste, voire de l’humoriste. Cela me rappelle la défense des Guignols, chaque fois qu’ils se rendaient compte qu’ils avaient blessé ou exagéré : c’est juste pour faire rire. Ils savent faire rire, ça plaît, alors ils font. On sait faire des films gore, ça plaît, alors ont fait. Et celui qui se sent heurté n’est qu’un pisse-froid, ou un moraliste dangereux !

Elle :

Comme plus haut, je trouve assez décevant cet article…
Sinon, plus précisément, j’ai vraiment du mal à suivre ton point de vue, Don Lo.
Je vais former une hypothèse osée : nous aimons tous la violence dans les jeux, dans les films, dans les… livres… sinon le Seigneur des Anneaux ne raconterait pas une guerre, mais une marche pour la paix.
La télé-réalité ne peut être comparée à cette violence artistique, tout simplement parce qu’elle n’a rien d’artistique, mais exploite des sentiments mesquins.

Moi :

Je ne vous suis pas sur ce plan, hélas car ça me simplifierait la vie. J’ai l’impression que toute médiatisation de la violence est néfaste (même sous couvert d’information, où je vois une différence entre savoir et voir), que l’on y trouve un plaisir légitime ou pas.

Elle :

Comment fais-tu coexister « néfaste » et « plaisir légitime » ?

Moi :

Facile : la légitimation sociale n’ôte rien à la néfastitude. Quand on voit qu’il est maintenant légitime de « s’éclater avec une bonne grosse daube à la télé »…

Elle :

J’avoue que ta vision du monde me laisse… sans voix.
Je ne veux pas juger hâtivement sans comprendre, peut-être que l’interface de FB ne te permet pas vraiment d’exprimer clairement le concept que tu défends…
Disons que j’espère mal comprendre parce que, là, ça me parait une vision d’une étroitesse inquiétante 😦 (voir plus haut : on aime tous le SdA…)

Moi :

Non, tu as très bien compris.
Je trouve le SdA (surtout le film) aussi néfaste qu’un reportage sur une guerre des gangs mexicains. L’art n’a rien à y voir, et masque même très efficacement le danger.
Mon problème, c’est que j’apprécie un bon whisky tout en sachant que c’est mauvais pour moi, alors qu’il m’est plus difficile de déceler la dangerosité d’une exposition répétée (sinon quasi permanente) à des images ou des idées de violence, surtout s’il y a du plaisir dessous.
Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est que vous y voyiez une vision inquiétante ou un moralisme qui fait peur. Je n’ai rien interdit à personne, que je sache.

Elle :

Non, tu n’interdis effectivement pas.
Mais tu y accoles des étiquettes négatives. Ce qui, dans un pays à peu près civilisé où l’on n’interdit rien, mais où l’on peut juger, revient assez au même.
Un bon alcool est dangereux pour la santé, mais ça n’est pas « grave » si tu n’en abuses pas.
Croire qu’un bon film est dangereux pour la santé… ben… là, tout de suite, j’imagine les sectes américaines qui vivent reculées et interdisent la musique et la télé.
Je trouve ton « monde » effrayant et réducteur et détesterais y vivre…

Moi :

ça tombe bien, tu n’y vis pas. En revanche, je vis dans « ton monde », celui où certes l’on est exposé en permanence à des scènes de violence, mais surtout où le simple fait d’émettre une opinion est considéré comme effrayant, réducteur et sujet à détestation.
Tes conclusions quant à « mon monde » te regardent, mais la façon dont tu les exprimes me semble être en filiation directe avec la façon dont l’affrontement, la peur de l’autre et l’agressivité sont banalisés dans notre société.

Elle :

Heu… Désolée, mais, là, c’est vraiment trop gros.
Je lâche l’affaire.

Moi :

C’est dommage, tu étais tout près de me convaincre qu’une bonne grosse représentation de la violence ne faisait aucun mal 😉

Je m’en voudrais d’analyser ce qui était à l’œuvre, aussi me contenterai-je de livrer mes impressions.

L’impression dominante est que le média Internet tue la discussion si l’on ne lui consacre pas une approche spécifique du discours. Ce n’est pas neuf, vous l’avez constaté depuis longtemps par des échanges de mail ou des discussions de forum, mais j’ai envie de m’y arrêter quand même.
Je me suis retrouvé encore une fois dans une situation où il me faudrait développer une technique de discours permettant d’éviter les incompréhensions et les réactions violentes. Les problèmes à résoudre me paraissent d’ordre lexical – quel poids chacun donne-t-il au mot – mais aussi tenir de l’espace et du temps. L’éloignement entre locuteurs a donné toute une littérature épistolaire de haute tenue : est-ce parce que l’on écrivait en pesant chaque mot dans l’objectif de transmettre une idée mais aussi de ne pas s’aliéner un correspondant que la distance autant que l’attente de réponse nous rendait cher ? Internet réduit la distance et le temps. Il faut répondre vite, frapper fort, mettre en avant son opinion de façon efficace, jusqu’à décider que la discussion est close, chacun ayant rigidifié ses positions et fait un pas de plus dans le rejet de la contradiction ou la négation du contradicteur… ou pas. Cela me semble être une vraie école d’acceptation de l’autre, et je n’ai pas envie de rester au fond de la classe sans rien y apprendre.

Autre impression : tout fait violence dans notre présent. La violence physique directe ayant reculé, nous avons élevé notre niveau de sensibilité jusqu’à nous sentir agressés par des mots simplement discordants, des opinions contraires, des incompréhensions. L’autre fait peur, non par ses actes mais par sa nature même. C’est le délit d’opinion à la portée de tout un chacun. « Tu ne fais rien, tu ne dis pas grand chose, mais ce que j’imagine de ce que tu pense me révulse ! » Encore une fois, Internet réduit distance et temps : le fait qu’un individu pense quelque chose, quelque part, prend une force d’intrusion dans une bulle monde où tout ce qui est extérieur fait peur. Internet, c’est l’invasion de l’autre, vécu comme agressif, dérangeant… trop gros. Nous devrions peut-être redescendre au bistrot et nous frotter aux opinions discordantes sans échappatoire (je ne quitte pas le bar avant d’avoir fini ma bière !).

Chacun, bien sûr, aura des impressions différentes. Ce qui me semble intéressant justement, c’est de faire l’effort de se laisser envahir par une idée ou une impression autre, ne pas lui résister pour mieux l’appréhender et peut-être l’accepter. Il y a un risque, bien sûr : changer soi-même d’opinion au contact de l’autre. Un risque que j’ai envie de prendre.

Edit : suite au dernier échange Facebook mais avant la mise en ligne de ce billet, l’intervenante « elle » m’a éjecté de sa liste d’amis. Une façon de préserver sa « bulle-monde » avant qu’elle n’éclate ? Je ne sais pas. Je regrette seulement d’avoir pu lui paraître si insupportable au point que m’ignorer ne lui suffise plus et qu’elle ait besoin de m’effacer.

La citation d’aujourd’hui (donc jeudi)

Posted in Ateliers par Laurent Gidon sur 23 septembre, 2010
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L’observation de l’espace nous a permis de constater que nous étions consignés et confinés sur notre petite planète sans aucun autre recours ou autre alternative que d’y instaurer la convivialité et le partage si nous voulons y survivre. Or, tout ce que nous avons trouvé de mieux à faire, c’est le choix de l’antagonisme comme principe de vie : individu contre individu, nation contre nation, religion contre religion, etc, ce qui aboutit à la mondialisation qui est tout le contraire du mondialisme, utopie généreuse qui n’a pu être édifiée. Sous un certain angle, c’est sur cet antagonisme que repose ce que nous appelons économie…

Pierre Rabhi, La Part du colibri, éditions de l’Aube.

Tous les citateurs du jeudi se retrouvent chez Chiffonnette.

Ce que vous dites existe…

Posted in Promo par Laurent Gidon sur 21 septembre, 2010
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Je marche et il fait beau. Sans savoir qui est ce « il » dont j’apprécie tant le beau, je le remercie et formule ainsi le souhait qu’il continuera à « faire beau ». Et je continuerai de marcher, de fonctionner.

Il y a une puissance dans les mots. On ne peut pas écrire pour vivre et nier la puissance des mots. À mon fils qui me disait, ce matin « ça ne changera jamais, on ne pourra jamais rien faire bouger ! » j’essayais de faire sentir la puissance négative de ce qu’il venait d’énoncer. Malgré sa moue dubitative, je sais que j’ai réussi. La puissance de mes mots fait son travail en lui.

Aujourd’hui, j’envoie à une dizaine d’auteurs l’appel à texte pour une anthologie qui donne envie, envie de vivre dans les histoires ou les univers que ces auteurs chevronnés vont inventer. Puissance des mots, encore une fois : les textes qui dénoncent font exister ce qu’ils dénoncent. Pire : par leur permanence (les écrits restent) ils me semblent faire perdurer l’objet de leur dénonciation au lieu de le réintégrer dans une harmonie nécessaire, plus élevée.

Alors voilà, ce que nous disons existe, ce que nous écrivons aussi, et d’ici juin prochain des auteurs vont faire exister des mondes, des personnages et des histoires qui soient agréables à vivre. Je sais déjà que ce sera agréable à lire.

L’anthologie sera dirigée par mes soins avec l’aide de Jérôme Vincent, et publiée par ActuSF. Comme l’harmonie n’a pas de prix, ce livre ne sera pas cher et pourtant joli.
D’ici là, n’hésitez pas à faire exister de jolies choses autour de vous, avec des mots, avec les mains… merci.

Dans un tout autre registre, je me suis amusé à trousser le portrait d’un personnage de Fantasy pour Elbakin.net. Il s’agit de Gorgas Loredan, frère du héros de la Trilogie Loredan de KJ Parker, chez Bragelonne. Pour vous donner envie, aussi.

Merci Monsieur le Président

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 17 septembre, 2010
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D’accord, j’ai une fâcheuse tendance à voir le bon côté des choses. Pourtant, là, je crois qu’on tient le bon bout.
Lisez donc Le Président des riches, enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, aux éditions Zones, vous comprendrez où je veux en venir.

Donc, merci Monsieur le Président !
En décomplexant les rapports entre pouvoir et argent, vous avez rendu un grand service à la France. Avant vous, tout se passait sous le manteau, dans le cadre feutré des Jockey Clubs où se nouent et s’entretiennent les réseaux de l’aristocratie d’argent. Mais avec vous, tout se passe au grand jour !
On se la pète au Fouquet’s dès le grand soir, on se la dore cash sur les yachts des copains, on fait des cadeaux somptueux aux amis (fini la pub sur les médias de service publique pour que le pactole se reporte chez TF1 et M6), on puise même dans les caisses de l’état pour assurer les carnets de commande (le nouveau prêt à taux zéro pour « une France de propriétaires » finance tout simplement l’achat de maisons Bouygues par le contribuable en donnant aussi plus de pouvoir aux employeurs sur le thème de « ta maison n’est pas finie de payer, écrase-toi pour garder ton boulot »)… et tout ça bien visible, analysable, avec pour seule justification « Et alors ? Je peux, je l’fais, fallait pas voter pour moi ! »

Nous ne pouvons que vous remercier pour service rendu à la nation !
Les pauvres et les moyens (« La France qui travaille », comme vous l’aviez justement rappelé : les riches ne travaillent pas, ou pas en rapport avec leurs revenus) ont vu pour qui vous rouliez, sans ambiguïté, et sont maintenant certains qu’ils n’auront aucun espoir d’accroître leur part du gâteau, même en travaillant plus (ce coup de l’allongement né-ce-ssai-re de la durée de cotisation, c’est limpide, très fort, vous êtes un vrai pédagogue !).
Et les riches, les super-riches, les vrais aristos de la république, ont compris qu’avec votre carrosse bling bling vous rouliez trop voyant et qu’il valait mieux pour eux se trouver un autre bourrin dans le champ de course électoral. Comme disent les auteurs du Président des riches : « L’arbitraire de la domination et le népotisme ne doivent pas apparaître au grand jour, pour laisser aux classes dominées l’illusion que les qualités et le mérite sont bien à la base des choix du président de la République« . À mon avis, vos amis super-riches vont faire semblant de parier un peu sur vous, juste de quoi faire monter la cote, mais vont tout mettre sur le vrai prochain gagnant. Qui sera aussi ficelé dans le réseau pognon que vous, mais ne pourra plus s’y prendre de façon aussi visible.

Oui, un vrai service national parce que le gagnant ce sera le pays, les Français avec leur yeux enfin ouvert sur les réalités des trafics et des sommes en jeu. On savait déjà qu’on nous tondait le dos sans savoir exactement où allait la laine. Grâce à vous et à votre décomplexitude, nous savons même qui tient la tondeuse.
Bravo et encore merci.

Juste une demande : présentez-vous aux prochaines élections. Il ne vous restera que les voix de l’extrême droite et vous ferez sans nul doute un score à la Chirac/Le Pen, mais avec vous du côté borgne. Ça nous fera du bien de croire un peu en l’avenir et nous pourrons encore vous remercier.

Si vous n’avez pas le temps de le lire, un résumé suffira.

La citation du jeudi

Posted in Ateliers par Laurent Gidon sur 16 septembre, 2010

Pas envie de faire le malin, ce matin. J’entends sur France Culture une très scientifique (et donc intelligente) géographe stigmatiser l’écologie qui stigmatise les responsables de dérèglements. J’ai entendu hier un très politique (donc très intelligent) président d’assemblée fustiger l’obstruction de parlementaires qui fustigeaient une réforme menée de façon à confisquer toute réflexion. J’entendrai sans doute demain un passant médiatique (donc très intelligent) expliquer qu’il est urgent de se dépêcher de foncer sans attendre ni perte de temps pour prendre des décisions qui engagent l’avenir à jamais parce que après-demain on changera peut-être d’avis alors vite !
Pause.

Encore quelques lunes, encore quelques hivers, et plus un seul descendant des puissants hôtes qui peuplèrent autrefois cette vaste terre, ou vécurent dans des foyers heureux, protégés par le Grand Esprit, ne restera pour pleurer sur les tombes d’un peuple jadis plus florissant et plus rempli d’espoir que le vôtre. Mais pourquoi m’attristerais-je de la disparition prématurée des miens ? Une tribu suit l’autre, comme les vagues de l’océan. Telle est la loi de la nature, et tout regret paraît inutile. Le temps de votre chute est peut-être encore lointain, mais il viendra sûrement, car même l’homme blanc dont le Dieu marche à côté de lui et lui parle comme à un ami ne pourra pas échapper à la destinée commune. Nous sommes peut-être des frères, après tout. Nous verrons bien.

Discours du Chef Sealth – 1855

Suivez tous les citateurs du jeudi en passant chez Chiffonnette.

A quoi ça sert, la littérature ?

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 14 septembre, 2010
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Billet coup de vent pour vous inviter à lire le billet d’un autre, celui de Marco.

Pour les pressés, je résume : dans le match entre littérature et politique, la littérature gagne si elle se contente d’être elle-même – une façon de passer du temps en partageant l’esprit d’un autre, que nous appellerons l’auteur – au lieu de tenter l’attaque, la dénonciation, le pamphlet… A la question de David Abiker « que lisez-vous ? » Marine Le Pen n’a pas su répondre. Elle fait de la politique, Môssieur, et n’a pas le temps de partager l’esprit d’un autre.

C’est bête, cette histoire de temps bien ou mal employé. Et ça vous fait passer pour un plouc, candidativement présidentiable, mais plouc quand même.

Merci Marco.

Dix-huit mois et un jour…

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 10 septembre, 2010
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Pourquoi les retraites deviennent-elles, pas tout à coup mais cycliquement, le problème urgent qu’il faut absolument régler maintenant parce-qu’il-n’y-a-pas-d’autre-solution ? Pourquoi pas le trou de la sécu ? Il se creuse, on le bouche en râlant, et on en reparle l’an prochain. Les retraites, c’est rien d’autre que pareil. Alors quoi ? Il y aurait une différence ?
Oui !
Les retraites, c’est demain.

En s’attaquant au problème-des-retraites, le gouvernement incapable d’assurer le présent fait tout simplement un hold-up sur l’avenir.
Vous avez peur de perdre votre boulot ? De sortir dans la rue après vingt heures ? De mourir en garde-à-vue (ou simplement de vous y faire élargir les sphincters) ? De manger du poulet à la Dioxine ou du pain aux pesticide OGM-ready ? De voir votre augmentation de salaire partir dans la poche des actionnaires ? Du cancer et du chômage des jeunes ? Oubliez tout : c’est de l’avenir qu’il faut avoir peur ! L’important c’est la retraite !

Nous sommes probablement la première génération depuis trois siècles (ou quatre) qui croit, dur comme fer, que ses enfants n’auront pas de meilleures conditions de vie qu’elle-même. Le progrès a tout gâché, le capitalisme et le communisme aussi, même le climat s’en mêle, no future !
C’est tellement ancré, vissé, imprimé sur nos consciences, que le gouvernement a fini par s’en apercevoir.

Ils ont mis le temps, mais ils ont vu l’angle et déroulent le discours appuyé sur cette angoisse du temps :
« Vous avez peur de l’avenir pour vos enfants ? Vous avez raison ! Mais pour vous aussi, ce sera la merde : pas de retraite ! Tous dans le caca. Bon, pour vos enfants on n’y peut rien, c’est foutu. Pour votre retraite (bande d’égoïstes !) y a encore une chance. Suffit de bosser plus, plus longtemps, et pour moins cher, pour espérer toucher quelque chose, pas grand chose, moins que prévu, mais quelque chose. Y A PAS D’AUTRE SOLUTION ! »

Ben si. Renseignez-vous. Les retraites, il y aura plein de moyens de les payer. Plein. Comme le trou de la sécu, chaque année. Mais ça supposerait d’avoir confiance en l’avenir. Ce qu’on n’a plus.

Bien sûr, je passe sur la stratégie cachée derrière le problème-urgent-des-retraites et qui vise, depuis trente ans, à transférer la valeur ajoutée des salaires vers les actionnaires. C’est le fond de la question (la retraite par répartition, c’est la preuve permanente que notre économie normale peut payer des gens à rien foutre), mais ce n’est pas le levier. Le levier, c’est la peur de l’avenir.

Sauf que j’ai un scoop : l’avenir, c’est ce qu’on en fait !

A part les systèmes écologiques à rétroactions lentes, tout le reste (économie, budget, législation, agriculture…) fonctionne sur des boucles de rafraîchissement qui vont de deux mois à cinq ans.

Ce que l’on fait ou décide maintenant, on pourra le changer, l’ajuster ou l’abandonner dans deux mois, dans un an… Alors, au lieu d’être pétrifiés par la peur au point de nous engouffrer dans ou contre le tunnel du y-a-pas-d’autre-solution, restons souples, mobiles, attentifs, réactifs. Et patients.
Croyons au temps qui vient. C’est la seule réponse valable à ce braquage de l’avenir qui est à l’œuvre.

Le temps est de notre côté. Au lieu de nous arc-bouter au point de tout casser contre les réformes idiotes d’un gouvernement qui n’attend que ça pour passer en force, laissons faire.
Oui, je sais, c’est dur. J’insiste : LAISSONS-LES FAIRE !

Cette réforme, ce n’est que du bruit et du papier. Un clandestin expulsé, ça il faut s’y opposer maintenant, parce que demain il sera dans l’avion. Mais une réforme ? Il sera bien temps de la défaire lorsqu’ils ne seront plus au pouvoir. Il n’y a qu’à voir la réforme annuelle de l’éduc nat : une réforme, ça fait à peine pfuit avant la suivante.
Il ne s’agit pas de renoncer à chercher, discuter, convaincre, rassurer. Juste de ne pas se tromper d’action.
Vouloir tout bloquer maintenant, dans l’affrontement ou la violence, exprime la même peur de l’avenir que celle qu’ils utilisent contre nous. Hurler à la casse, grever, combattre, c’est leur donner raison et ne pas croire qu’on pourra tout refaire dans dix-huit mois.

Dix-huit mois de patience.
Dix-huit mois pour réfléchir, parler et rassurer, au lieu de nuire.
Dix-huit mois pour rassembler, au lieu de diviser par des actions qui vont forcément faire des râleurs, des victimes, des perdants, des agacés.
Dix-huit mois, et puis un jour… vous verrez, ce sera en mai.

C’est jeudi (comme jeudi dernier)

Posted in Ateliers,Lecture par Laurent Gidon sur 9 septembre, 2010

Bête que je suis, j’ai failli oublier la citation du jeudi. Trop de dispersion, entre les sous à gagner, les romans et nouvelles à écrire, et même les petits gars qui nous gouvernent toujours prêts à nous détourner l’attention des vrais problèmes avec un nouvel enfumage quotidien, bref…

Donc, aujourd’hui c’est jeudi, et c’est Thomas Day qui le dit :

Les événements qui m’ont conduit au Bord du Monde me semblent pour le moins confus, mêlés comme les œufs d’une omelette dans laquelle flotteraient çà-et-là quelques bouts de coquille. J’ai l’impression que ma vie peut se réduire à la formule lapidaire suivante : « Le chaos, c’est bien plus qu’une théorie. »

Thomas Day – American Drug Trip in This is not America

Voilà, rien de personnel, c’est jeudi pour tout le monde.

D’ailleurs, tous les participants du jeudithon sont ici. Voilà, je les ai cités, à vous d’y aller…

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