Comme ça s'écrit…


Get your kicks

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 10 septembre, 2012

Depuis un certain 17 février et comme tous ceux nés la même année, je suis la route 66. Jusqu’où ira-t-elle ? On ne sait pas, mais…
On sait que le réchauffement climatique, engagé longtemps avant le début de ma route, ne s’arrêtera pas quoi qu’on fasse.
On sait que nos rêves de confort, de divertissement, de voyages, de richesse ou de réussite vont à l’encontre des mesures dites urgentes pour contrôler ce qui n’est déjà plus contrôlable.
On sait que notre exigence d’acheter toujours plus pour toujours moins cher détruit aussi bien notre économie que notre territoire et pourrit nos relations avec le reste du monde.
On sait que nous produisons trop de tout, que le principal problème est partout de réussir à vendre ce trop, et pourtant nous avons tous l’impression de manquer.
On sait qu’il faudrait changer pas mal de choses, et on sait aussi que si nous n’y arrivons pas individuellement aujourd’hui il n’y aucune chance pour que nous y arrivons collectivement demain alors que c’était déjà hier qu’il fallait le faire.
On sait tout ça, ou, si on l’ignore c’est qu’on ne veut pas le savoir, et on se désole, on se culpabilise, on s’accuse les uns les autres, on ergote sur des virgules pour mieux se rejeter les responsabilités, on se jalouse, on se pourrit la vie, sans que ça améliore quoi que ce soit.
C’est idiot.
Imaginons un de nos enfants ou petits enfants, débarquant du futur pour nous demander « qu’est-ce que tu as fait alors que tu savais ? »
« J’en ai bien profité » serait à mon avis la seule réponse sensée.

Sommes-nous restés tétanisés à pleurer devant l’annonce du désastre ? Non, nous avons bien profité de ce qui nous restait !
Avons-nous gesticulé et collé des rustines sur un système qui prend l’eau de toute part ? Oh, non, nous en avons profité du mieux qu’on pouvait tant qu’on pouvait.
Avons-nous combattu ce même système comme de preux chevaliers porteurs des espoirs du futurs, bien que ce soit inutile et très ennuyeux ? Même pas, nous avons juste profité des derniers feux dudit système pour nous éclater un max.
Nous sommes-nous drapés, solitaires ou par groupes de dix chevelus, dans notre fierté à zéro carbone et toilettes sèches en croquant des pois chiches autarciques ? Oh que non, mais qu’est-ce qu’on a pris notre pied !

Voilà, ce sera notre unique excuse valable. On savait que tout allait pourrir ou flamber, mais comme on ne savait pas quand, on s’est bien marré en attendant.

Et cela ne veut pas dire qu’il faut cramer plus de pétrole, implanter plus de centrales, couler plus de béton, exploiter plus de Chinois, d’Indiens ou d’Africains et faire soixante fois le tour du monde en avion chaque année, tout ça pour être sûrs d’accélérer le processus.
Non, cela signifie seulement : ne soyons pas dupes et jouissons, parce que c’est maintenant !
Get your kicks, on route 66 !

En attendant, je lis toujours Rêves de Gloire de Roland C. Wagner, je prends mon temps et Roland, si tu m’entends, j’aime ça !

Qui a fait cette photo, que je lui rende ses droits ?