Comme ça s'écrit…


Sex and toys

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 31 juillet, 2011
Tags: , , ,

Je me suis parfois demandé pourquoi nous trouvions – collectivement – plus admissible de montrer des gens en train de s’entre-tuer que des gens en train de faire l’amour. Qu’on soit sociologue, psychologue ou truc-ologue, la réponse doit être multiple et changeante. Mais il y en a une, forcément, et très sensée.
Sinon, nous ferions autrement, pas vrai ?

Une des réponses les moins bigotes qui m’est venue, en dehors bien sûr de la célébration nationaliste de pieux massacres sous couvert d’historisme, est de l’ordre du « on fait/on ne fait pas ».
Nous avons probablement tous envie de baiser et de tuer quelqu’un. Pas forcément simultanément, ni même dans des proportions équivalentes, mais je crois que nous croisons tous plus ou moins l’envie, un jour ou l’autre.
L’amour, on le fait.
Tuer, on ne fait pas.
Certes, pas tous : certains aimeraient pouvoir coucher sans y arriver, et d’autres sont passés à l’acte du crime. Mais, d’une manière générale, pourquoi représenter quelque chose qu’on fait à peu près tous ? Ça ne sert à rien. Alors que montrer le meurtre, la guerre, la torture, le massacre, permet de voir ce que c’est et de s’en passer un peu l’envie.

Donc, on pourrait imaginer que nous n’avons pas besoin de voir des gens faire l’amour, et c’est pour ça qu’on ne le montre pas. Sauf que ce n’est pas ça du tout. On le montre, mais on dit que c’est mal.
Mal ?
Pire : cochon, pervers, ignoble et en plus vraiment dégueulasse !
Qu’est-ce qui nous gêne tant que ça ?
En y réfléchissant, alors que mon fils aîné venait de se faire rabrouer parce qu’il nous avait interrompus, je me suis demandé si cela n’avait pas à voir avec l’habitude que nous avons prise de cacher nos plaisirs à nos enfants.

Par exemple, nous saurons très bien expliquer à un petit pourquoi boire de l’alcool est très mauvais pour lui, ça lui pète les cellules nerveuses, baaah caca l’alcool !
En revanche, nous serons beaucoup moins diserts pour raconter ce qui nous attire dans l’alcool. Genre « tu sais mon fils, ton corps est un temple, tu dois respecter ton foie, mais papa adore se faire sauter la cloison à coup de 12 ans d’âge, ça lui permet de dire les conneries que d’habitude il se retient, et d’en faire aussi, c’est l’pied… »
Imaginez maintenant la tête du papa dans nos sociétés bienséantes, s’il devait expliquer pourquoi il prend son pied avec maman. Et vice versa.
On arrive toujours à négocier sur le pourquoi, puisque la procréation est notre alliée en mensonge : petite graine de papa dans la fleur de maman, bébé dans le ventre, et hop, tchao l’orgasme, c’est pô l’sujet.

Pourtant, le plaisir, et ce plaisir-là en particulier, c’est quand même ce qu’on arrive à faire de mieux avec un corps, non ? Ce qui n’enlève rien aux plaisirs de l’esprit, ni à ceux de l’âme, mais pourquoi les opposer ?

Alors, plutôt que de rendre le truc naturel – en disant par exemple que papa et maman se font plaisir comme le petit se fait plaisir avec une glace ou en tartinant ses couches de caca, mais qu’il ne peut pas faire comme eux parce qu’il n’est pas encore équipé pour – plutôt donc que d’admettre que c’est bon et qu’il pourra le faire aussi quand ce sera le moment, on préfère dire que c’est mal. Histoire de bien l’inhiber plus tard, quand il ne pourra rien contre son désir.
Et ça fait des générations que ça dure.
Mais on fait pire, maintenant. On continue de châtrer moralement le plaisir, tout en montrant partout son importance, à longueurs de pubs, de magazines (rubrique sexo), de docus informatifs sur Arte ou putassiers sur M6. Toujours le même double langage. D’un côté : « Il n’y a que ça de vrai, orgasme obligatoire, bunga bunga ! » Et de l’autre : « Pas touche ma fille, ne regarde même pas, sinon tu seras une pute ! »
Et on continue d’offrir des pistolets aux petits garçons, des Barbies aux petites filles… et de recommander la castration chimiques aux délinquants qu’on aura réussi à attraper après les avoir bienveillamment fabriqués.

Ah oui, un détail : les trucs qui nous pourrissent la vie depuis des générations… eh bien il suffit d’une génération pour que ça s’arrête. Les mecs qui ont réussi à étouffer mai 68 et le summer of love, puis à les ridiculiser, sont à mes yeux les plus grands criminels du siècle en cours.
Mais ils le savent : ils s’éclatent en cachette.

Merci Madame Vargas

Posted in Admiration,Lecture par Laurent Gidon sur 29 juillet, 2011
Tags:

Pour nous, les vacances ouvrent un lieu et un temps de rencontres.
Ne nous cherchez pas dans l’annuaire des couples échangistes, il ne s’agit que de lectures. Où que nous partions, au lieu d’emmener des livres je me livre entièrement aux goût et au conseil de l’hôte.

La phrase « qu’est-ce que vous avez vu de bien à me faire lire, récemment ? » est devenue rituelle. C’est avec elle que j’ai rencontré Fred Vargas, il y a une dizaine d’années. Pars vite et reviens tard, premier d’une série de plaisirs en désordre, parfois mitigés mais toujours agréables au final. Ma belle-mère me l’avait donné en me disant que c’était détendant et bien fichu. Et j’ai trouvé que ça l’était, même si l’auteur ramait un peu à mon goût, dans les premiers chapitres, pour donner un caractère extraordinaire à ses personnages. Ça sentait un peu l’effort, si je puis me permettre. Mais la petite musique Vargas s’était bien installée entre mes oreilles et j’étais content de la retrouver, chaque été, sous sa couverture sombre. Certains m’ont plu plus que d’autres, comme L’Homme aux cercles bleus, ou L’Homme à l’envers… des histoire d’hommes, quoi.

J’ai l’air de courir au secours du succès, mais je trouvais qu’il y avait quelque chose de plus que du polar bien troussé chez madame Fred. Pas toujours enthousiaste, mais toujours sous le charme. Bref, le sentiment d’une vraie œuvre en cours.

Cet été, j’ai rencontré L’Armée furieuse. Et jusqu’aux derniers chapitres, j’ai eu l’impression que Fred Vargas avait atteint le sommet de son œuvre. Qu’elle me pardonne ce jugement à l’emporte-pièce.
L’histoire ? On s’en fout. Ce sont les personnages qui comptent. Et là, ils vivent, tous, avec naturel, ils se développent sous nos yeux, sans effort apparent. Ils ne portent pas l’intrigue, c’est au contraire l’intrigue qui les révèle. On tisse un lien avec eux, même avec les méchants, parce qu’ils sont humains aussi. Aucun ne prend le pas sur les autres, aucun n’est sacrifié – à part peut-être le Vicomte, mais il a pourtant sa place. Jusqu’à un pigeon entravé avec lequel on se prend l’envie de tailler une bavette.

Donc merci Madame Vargas, vraiment. Je comprends que vous ayez dû sacrifier à la règle de l’explication finale, désamorçant toutes les critiques de lecteurs tatillons à la recherche d’incohérences. C’est parfait, l’histoire tient debout, et tant pis pour ces deux chapitres où l’intrigue reprend le pas sur les êtres. Tout le reste m’a ravi.

Je sens que je vais offrir un peu de silence à mes yeux avant de tenter une nouvelle rencontre : le silence qui suit la lecture d’un Vargas n’est-il pas encore un peu de Vargas ?

Plus qu’à poil

Posted in L'Abri des regards par Laurent Gidon sur 25 juillet, 2011

La véranda découpe le paysage en split screen. Premier plan de pelouse chargée de rosée ou de crachin matinal. Le vert vient buter dans un muret de pierre zébré de pêchers en espalier. Ensuite, c’est le pré à vaches, lui-même coupé par plusieurs haies qu’il faudrait tailler pour apercevoir le haut de la colline. Après seulement, c’est le ciel. Normand, le ciel : il va plus loin que mon ciel savoyard, lequel en revanche va plus haut, soulevé par les montagnes. Il y a encore quelques fils électriques qui se croisent, et sans doute un filet de traînées d’avions, mais loin au-dessus des nuages alors je ne peux que les imaginer. Pas un bruit. On m’a dit qu’un couple de piverts se partage le coin avec une dizaines d’hirondelles et une famille de faucons. Je n’ai pas encore vu les piverts, mais je leur attribue ce tac-tac-tac tout juste perceptible, à moins que ce soit un de mes fils, dans la maison, derrière les murs dont l’épaisseur de granit me sidère : que craignait-on, voici deux siècles, pour construire aussi lourd ?

La réponse n’a pas d’importance, c’est aujourd’hui qui compte. Si je vous décris aussi complaisamment le détail de ce matin calme, c’est justement pour cela : le présent. Ce maintenant synonyme de cadeau. Je ne sais pas comment les amateurs de salopes à gros seins (ils sont encore un ou deux chaque jour à tomber sur ce blog par erreur) vont prendre la chose, mais le présent du jour ce sera moi, tout nu. Et ce le sera pour les 72 jours qui viennent.

J’ai en effet entrepris la prépublication en ligne de L’Abri des regards. Au rythme d’un nouveau passage tous les deux jours, l’intégrale du manuscrit va y passer d’ici le 10 octobre prochain. Ce livre, je le porte en moi depuis plus de 2 ans. Et lui porte bien son nom de livre : ce n’est pas un roman, à peine une enquête, peut-être un témoignage, mais c’est surtout le lieu où je me livre, totalement et sans fausse pudeur, à l’exploration de ce qui ne fonctionnait pas dans ma tête, au moment même où cela ne fonctionnait pas.

Plus qu’à poil, donc, puisque je n’ai pas retravaillé le texte. Ce n’est pas l’auteur qu’il faut chercher là-dedans, mais le bonhomme, qui pourrait être vous ; sa voix, qui pourrait être la vôtre.
Petite explication du titre. L’Abri des regards, ce n’est pas l’endroit où l’on se cache des autres, c’est justement l’inverse. Ce lieu intime où l’on se sent suffisamment soi pour se être bien, sans fard, sous le regard des autres enfin compris comme le seul abri qui vaille. N’y voyez pas une exposition malsaine, mais une invitation à me voir tel que je suis, et à vous montrer tels que vous êtes, tels que nous sommes tous.
Petit extrait du texte (à la page 88 du manuscrit, qui sera donc en ligne autour du 4 septembre) pour clarifier :

Une nouvelle idée de titre m’est venue, en lisant un article. La forêt y était présentée pour les SDF comme le dernier endroit où aller dormir, mais aussi comme le lieu où l’on peut se reconstruire, bien caché, à l’abri des regards. L’abri des regards… J’ai immédiatement eu envie d’inverser la proposition. Non pas se cacher des regards, mais s’y blottir, s’y abriter. Se sentir en sécurité, protégé par le regard bienveillant d’autrui. Est-ce possible ? Même pour un SFD ? Et cela dépend-il du regard ? Peut-être.
Peut-être cela dépend-il aussi de l’image que l’on se fait de soi. Cadre-t-elle avec celle que l’on croit – ou voudrait – donner de soi ? J’imagine brièvement les survivants des camps nazis. Sales, squelettiques, tondus, malades : ont-ils craint le regard de leurs libérateurs ? Je ne sais pas, mais je ne pense pas. Ils avaient été en enfer sous le regard de leurs geôliers, et se trouvaient vivants sous d’autres regards, des yeux peut-être compatissants, peut-être effrayés, voire écœurés, mais moins mortels. Ces survivants étaient à l’abri de ces nouveaux regards, sauvés.
Alors oui, ce livre pourrait s’appeler L’Abri des regards. Entre les premières lignes et celles-ci, j’ai changé et appris à me sentir à l’abri dans le regard de l’autre. Tant mieux pour moi. Vous le pouvez aussi. Ceux qui ont trouvé le bon miroir d’eux-mêmes, la bonne image, dans le regard de l’autre savent ce que je veux dire.

Les trois premiers passages sont déjà en ligne, ainsi qu’une page Contributions où je recense les avis ou apports, non pas sur le livre mais sur le sujet de la dépression et du suicide. Tout contributeur est appelé à s’exprimer, par mail ou dans les commentaires.

Bienvenue chez Vroum !

Posted in Admiration par Laurent Gidon sur 19 juillet, 2011
Tags: ,

J’ai longtemps rêvé d’une motocyclette de marque Harley-Davidson.
Une Harley, quoi.
Pas pour virer au gros biker barbu graisseux ventru. Encore que, je devrais pouvoir prendre du ventre avec quelques efforts.
Pas même pour pénétrer à petits petons la « légende Harley » et voir si je ne pourrais pas être un peu le cow-boy de la route en appliquant le kit complet avec les franges là.
Non, non, juste pour me déplacer cool. Et puis, quitte à rouler en moto, autant que ce soit une Harley.

Un jour, j’en ai doublé une avec mon scooter. Une vraie, une belle, avec le pilote assis pieds et mains tirés vers la route loin devant, les fesses surbaissées au ras du bitume.
Ma fierté quand je l’ai tracé sur la voie rapide ! Mon petit 125 couinait de toutes ses bielles rageuses.
La Harley se promenait, le potatum-potatum discret de son bicylindre en V chaloupant sans crainte de quoi que ce soit. Pas même de mon ridicule.
Quand j’ai réussi à la doubler, le biker – tout cuir noir, casque bol mat et lunettes vintage – m’a gratifié d’un sourire éclatant. Heureux de se la rouler peinard. Heureux aussi que je me fasse plaisir à le tracer comme un jeune chiot. Un vrai roi de la route qui inviterait tout le monde dans son royaume, parce qu’il y fait bon.
Alors ça m’est tombé dessus comme une révélation.
Un jour, je serai pile poil comme ça. Libre, ouvert et généreux. Au guidon d’une Harley.

Depuis, j’ai fait le tour des modèles.
Vous n’imaginez pas le nombre de Djeeb ou de Blaguàparts qu’il va vous falloir acheter pour que je puisse m’offrir la Dyna 1200 dont je rêvais, avec les deux trois bricoles custom en plus !

Rassurez-vous, rangez votre portefeuille ou gardez vos sous pour financer les rêves d’autres auteurs nécessiteux : je ne l’achèterai pas.
Pour deux raisons. D’abord, l’engin consomme plus que ma voiture. Et ça, je ne peux pas. Il faudra attendre la Harley électrique ou celle qui marchera à l’eau claire (il y a une source au-dessus de la maison).
Ensuite, je crois que je n’en ai plus besoin. J’en rêve toujours, bien sûr, mais j’ai passé le cap. La moto n’est plus indispensable à la réification du rêve (j’ai fait métaphysique à l’école).
Le mec qui roule cool, et qui invite tout le monde à partager ce beau royaume sans se prendre la tête, eh bien c’est déjà moi. Même sans Harley.
Il suffisait que j’en prenne conscience.

Alors, bienvenue !

 

En Harley, j'accepte qu'on m'appelle Mickey

Lettre à Terrence Malick

Posted in Admiration par Laurent Gidon sur 16 juillet, 2011
Tags: , , ,

Cher Monsieur Malick,

Permettez-moi de vous remercier pour votre film The Tree of Life.
Il a déjà été beaucoup écrit à son sujet, vous le savez sans doute, mais peut-être n’avez-vous pas connaissance de ces deux approches (ici et ) qui vous mettront j’espère le cœur en joie. Pour ma part, je ne vois pas l’intérêt d’une nouvelle critique, ni pour vous, ni pour ceux qui ont aimé votre film, encore moins pour ceux qui ne l’ont pas aimé ou ont préféré ne pas le voir.

Alors pourquoi vous écrire plus avant ? Les remerciements étant posés, que me reste-t-il à vous dire ? Peu de chose, sinon partager mon sentiment sur votre dernière œuvre. Mon épouse a trouvé qu’il s’agissait d’une longue et magnifique prière. Peut-être bien. Magnifique, oui, sans le moindre doute, que ce soit par la simple beauté des images, leur alliance avec la musique, ou certains moments d’une grâce rare. Longue, je n’ai pas trouvé.

Pendant la brève expérience de The Tree of Life, j’ai eu souvent envie de vous dire combien j’appréciais de voir le cinéma utilisé ainsi. Pas seulement pour raconter une histoire. Pas seulement pour faire réagir. Mais bien pour partager, harmoniser, synchroniser en douceur les émotions de l’assistance.
Là où le génie de Cassavetes pouvait heurter jusqu’au malaise, vous avez su trouver et déployer la note qui s’accorde à l’humain. Cette note inclut toute vie, même les ricanants qui brocardent votre « métaphysique de bazar » : ils ne se rendent pas compte que ce qu’ils rejettent du film, c’est justement la finesse avec laquelle vous les avez fait sortir de leur condition étroite pour entrer dans quelque chose de plus large. Leur besoin de retourner vite dans leur case et de vous enfermer dans une autre ne vient-il pas de cette réussite ?

Merci donc pour cette expérience. Merci de nous avoir laissé trouver chacun notre lien entre les images, entre les idées. Merci pour votre façon de poser les questions sans asséner les réponses.
D’ailleurs, les avez-vous ces réponses ? Peut-être pas. J’ai plus senti dans The Tree of Life l’espoir d’une réponse que sa quête. Et j’ai même eu parfois envie de vous chuchoter « Oui, Terrence, n’aie pas peur, la réponse existe, en chacun de nous. »
Car c’est peut-être la vraie question de cette lettre : quelle peur ressentez-vous face à l’idée que vous vous faites de Dieu ?
La peur qu’il vous juge ? Abandonnez-la, c’est vous-même qui vous jugez, et durement.
La peur qu’il vous abandonne ou cesse de vous guider ? Débarrassez-vous en, faites-vous confiance et suivez votre plus haute aspiration : vous savez où aller.
La peur que tout ceci n’ait aucun sens ? Mais vous savez bien que l’expérience même, acquise et partagée, est ce sens.
Alors, outre ces mercis, je n’aurai qu’un mot de plus : continuez.

Bien à vous,

Laurent Gidon

Me, myself and I

Posted in Djeeb,Réflexitude par Laurent Gidon sur 13 juillet, 2011
Tags: ,

Ce matin, une amie lointaine mais chère m’a appelé pour parler un peu de la vie, l’univers et tout le reste. Elle vient de finir Djeeb le Chanceur et me dit, avec quelques précautions, avoir su lire mon profond mal-être au travers de cette histoire fantasque.

Je ne me rappelle plus mon état d’esprit lors de la rédaction de ce roman. Tout au plus me souviens-je de quelques semaines enfiévrées et de tendinites dues à l’abus de clavier. Mal-être ? Si on me le dis, je prends et accepte.

Il n’y a rien de plus précieux pour l’être qu’une information donnée sur sa personne.
Dans une démarche de recherche de son Soi véritable – seule démarche qui vaille, si vous m’en croyez – l’aide extérieure ne fait pas tout, mais il faut remercier ceux qui vous l’apportent. Spontanément, et quelle que soit la forme de cette aide.
Réussir à être soi, ou plutôt devenir ce que l’on est vraiment, n’est pas une aventure égoïste. C’est même à mon sens la seule forme d’altruisme bien ordonné. Commencer par réaliser l’accord intérieur. Trouver ce lieu intime où le potentiel et l’actuel se rejoignent pour ne faire qu’un, honnête et sincère. Sinon, on se borne à porter des masques, habiter des costumes mal taillés, jouer des rôles mal écrits. Et toute relation s’en trouve biaisée.
Il m’a fallu l’expérimenter longuement pour le comprendre avec suffisamment de profondeur. Le sentir, quoi.

Ai-je progressé dans la paix avec moi-même depuis ce premier Djeeb ? Peut-être, ou pas. L’abandon de Djeeb 3 en cours de rédaction peut en tout cas marquer un pas sur cette voie nécessaire. Il n’y avait plus de plaisir, plus de besoin, peut-être plus de mal-être à exprimer par le truchement d’un personnage dont les couleurs brillantes n’étaient pas miennes.
Je est maintenant ailleurs. Je est débarrassé des oripeaux de l’auteur en mal de lecteurs. Je… suis !
Et vous ?

Être suffisamment soi pour accepter l'autre dans son mouvement

Des lecteurs observateurs auront noté que Djeeb pratiquait une certaine forme d’aïkido. Hasard ?

7 voix de trop

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 7 juillet, 2011
Tags: , ,

Hier à Durban, Annecy 2018 a recueilli les voix de 7 membres du CIO, contre 25 pour Munich et 63 pour les Coréens victorieux de  Pyeongchang. Dans un ensemble très Français, la presse et les commentateurs ricanant en font des gorges chaudes. C’est à mon sens ne pas voir l’enseignement de cette belle aventure.

Il y a près de 10 ans, une association pour la candidature d’Annecy en 2014 m’avait demandé de la rejoindre. J’avais alors refusé, estimant que limiter les JO à Annecy était une aberration au train où va le monde, alors que nous aurions pu proposer un dossier révolutionnaire avec les Jeux du Mont-Blanc, événement co-organisé autour du plus haut sommet des Alpes par la France, l’Italie et la Suisse. Coopération plutôt que compétition, concertation et synergie pour les infrastructures, coûts partagés, message fort adressé au monde, tout ça…
On m’avait répondu que ce n’était pas possible, les règles du CIO étant strictes : une ville requérante, appartenant à un seul pays. J’avais alors argumenté : en proposant un excellent dossier hors règles, on avait une chance de faire bouger le CIO, de l’inciter à modifier son règlement. Ou au moins de le mettre face à ses contradictions sclérosantes.

Que s’est-il passé avec Annecy 2018 ?
La même chose en pratique, bien que la démarche n’ait pas été aussi ouvertement assumée. Avec un budget bien inférieur à ceux de Munich et Pyeongchang, Annecy s’est concentré sur la qualité de sa candidature, et moins sur la communication et le lobbying. Car organiser les JO d’une manière respectueuse aussi bien pour les populations que pour l’environnement, c’est avant tout une question de réflexion et de solutions techniques. Mais aussi de respect de certaines valeurs. Annecy avait une vision, même si elle manquait de moyens.
Annecy 2018 n’a pas respecté les « règles » du CIO, qui veulent qu’on doit dépenser son argent dans les couloirs et les restaurants, se montrer dans les manifestations dispendieuses, ouvrir des marchés juteux, flatter, négocier, promettre. De ce point de vue, les 25 petites voix accordées à Munich pour une candidature qui a joué le jeu du sponsoring et du lobbying est une gifle beaucoup plus retentissante.

En ne donnant que 7 voix à Annecy, les membres du CIO ont montré au monde entier la cas qu’ils font de leurs propres valeurs.
7 voix de trop.
Un superbe 0 aurait été encore plus parlant, plus représentatif de ce qui est à l’œuvre, et aurait peut-être poussé plus fermement les instances dirigeantes du CIO à faire évoluer ses « règles ».
Une autre fois ? Peut-être, mais sans Annecy, qui n’a pas pour unique vocation de faire l’éducation de Lausanne.

Les mauvaises fréquentations

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 5 juillet, 2011
Tags: , ,

Qui tient un blog, et surtout pourquoi ?
Question oiseuse à laquelle je ne peux répondre que par mon cas propre, parce que le temps de produire une étude et tout aura changé.
Qui ? Je (donc un autre)
Pourquoi ? Au départ pour partager l’expérience ô combien stimulante d’un premier roman publié. De l’idée initiale à la réception des exemplaires d’auteur, je racontais tout, sans épargner mes erreurs.

Ensuite, après Aria des Brumes et la mergitur du Navire… c’est devenu plus flou. L’impression que des lecteurs suivaient, et que je leur devais une sorte de régularité. Ils me la rendaient bien. Les habitués des salopes russes à gros seins, des poissons dans un bocal et de la chasse aux morilles sauvages continuent d’atterrir ici au gré de leurs requêtes Google, et manifestement par erreur.
Quant à vous, oui, vous qui ne vous êtes pas trompés de blog, j’ai du mal à cerner ce qui vous amène.

En regardant les statistiques de fréquentation, je remarque un rapport de 1 à 10 suivant le thème du billet.
Disons que si vous êtes 100 vaguement attirés par mon point de vue sur la vie en général et surtout ensemble (comme ici, ou ), vous serez 1000 à vous jeter sur un billet polémique. Surtout s’il est fait mention du statut ou des revenus des auteurs avec exemples à l’appui. Et l’afflux des commentaires est à l’avenant. On se chamaille avant d’avoir compris, ou mieux : on prétexte de mal se comprendre pour se lâcher des bourre-pifs.
Alors que les idées sur ce qu’on peut vivre ensemble et comment, ne réveillent que bâillements.

Voilà, c’est comme ça, 100 pour 1000, dix fois plus de visites pour s’étriper que pour s’adoucir la vie. Comme dans la presse. À se demander ce que vous en attendez, d’ailleurs, de la vie.

Or donc, nous sommes bien aujourd’hui dans un thème à 100 visites seulement : polémiqueurs, passez votre chemin, il ne sera pas ici question de tous ces maillons de la chaîne du livre qui tondent les auteurs que c’en est misère, ha, ha, ha, on n’est pas chez Fabrice (oui, Fabrice Colin écrit beaucoup de bons livres, ce qui lui permet d’affirmer que tout doit marcher comme ça, franchement je l’admire) ! Et revenons à la vraie vie qu’on a.

La vie ne vous doit rien.
Et, par une merveilleuse symétrie, la vie n’est pas un devoir.
Si on veut absolument que la vie soit quelque chose, disons que c’est un don. Vous sentez pointer la banalité ? Précisons donc : un don à l’Indienne. Un don qu’on accepte, en disant merci (l’indéfectible loyauté qui vous lie à vos parents pour vous avoir mis là), mais par lequel on ne se sent pas ficelé.
La vie qu’on vous a donnée ne vous engage à rien. Comme ce blog : gratuit !
La vie qu’on m’a donnée, j’en fais ce que je veux.
Ou même je n’en fais rien, et quand je n’en voudrai plus, je la rendrai.
Comme vous.

Multinationalité

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 1 juillet, 2011
Tags: , ,

J’ai entendu l’autre matin Amin Maalouf affirmer qu’il y a une certaine grandeur à se réclamer d’une seconde nationalité et à bâtir ainsi des ponts entre sociétés.
Une seconde nationalité ? Une seule ?

En ces temps de doute, les sages qui nous gouvernent cherchent à nous rassurer en simplifiant nos problèmes fort opportunément ramenés à des solutions binaires du type «Tu es d’accord avec mon projet de loi ou tu veux que des hordes barbares viennent égorger tes enfants aux portes de l’école, violer ta femme et délocaliser ton entreprise». Il fallait donc s’y attendre : l’actuelle solution à tous nos problèmes viendra d’une limitation de l’accès à la binationalité. C’est prouvé. Et si t’es pas d’accord, t’es plus Français.
En bon Français, je vais m’autoriser à cultiver la pensée inverse.

Imaginez un monde où vous plébiscitez la politique d’un pays en réclamant sa nationalité.
Vous êtes d’accord avec la ruade des Islandais (merci Lucie) qui rejettent et la gabegie de leurs anciens dirigeants et la dette qui en découle ? Vous demandez la nationalité islandaise. En plus de la française. Comme une médaille que vous seriez fier de porter.
La claque que les Italiens ont mis à leur Berlu à eux vous met en joie ? Prenez la nationalité italienne !
Les Américains réélisent Obama ? Faites-vous américain !
Y en a marre des empêcheurs de réprimer en rond ? Devenez Iranien et laissez-vous pousser la barbe (même les filles).
Et surtout, menacez chaque pays dont vous êtes l’enfant volontaire de lui retirer votre soutien s’il trahit ses engagements. S’il s’engage dans le nucléaire, par exemple. Ou dans l’exploitation des gaz et pétroles de schiste. Ou la mise en œuvre effective de l’égalité homme femme. Je balance ce qui me vient à l’esprit.

Bref, ne portez pas n’importe quelle nationalité à la légère. N’endossez que celles qui ont fait leurs preuves. Il ne s’agit pas de voter pour un régime ou un pays en vous nationalisant sur des promesses qui seront peu ou mal tenues. Vous allez voir que bientôt, certains maîtres du monde se retrouveront sans le moindre sujet à administrer.

Amin Maalouf – peut-être distrait – ajoute qu’il faut quelque chose de plus, une sorte de serment solennel pour que l’adhésion à une nationalité ressemble à une forme d’engagement.
Là, monsieur l’académicien, je m’insurge. L’autre Mister President avait grand tort, en disant qu’il fallait se demander ce qu’on pouvait faire pour son pays (d’ailleurs, ça ne lui a pas porté chance).
Car c’est plutôt au pays et à ses dirigeants que l’on devrait demander de s’engager et d’assumer leurs engagements de façon un peu plus solennelle qu’une déculottée aux prochaines élections.
Non ?

Tenez, je vais me faire monégasque : sans doute la seule nationalité sans tache, sans le moindre engagement trahi, sans la moindre mauvaise guerre au compteur, sans… rien. Yes I can !