Comme ça s'écrit…


Test lecteur en ligne

Posted in Lecture par Laurent Gidon sur 28 novembre, 2008
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Un petit test, pour voir si vous aimez ce genre de lecteur numérique en ligne.

Pour le test, j’ai choisi une nouvelle brève, écrite il y a deux ans en réponse à un appel à textes des Songes du Crépuscule, avec un dragon, un nain pas content, un magicien et un gros serpent d’eau. C’est sans prétention, mais ça m’avait fait rire à écrire (cela vous fera-t-il rire à lire ? allez savoir…). Le but étant surtout d’avoir des avis sur l’interface de lecture (joli, pratique, pas pratique, tout moche…)

Le lecteur, c’est l’interface Issuu, que j’ai trouvée en parcourant le blog de François Bon. Le fait que j’aie réussi à charger un texte et à vous le mettre en lien est signe que ce n’est pas trop compliqué (english needed).

dragon
Vous pouvez le lire en cliquant sur l’image, ou ici.

Djeeb le malchanceur ?

Posted in Djeeb par Laurent Gidon sur 27 novembre, 2008
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Petit point rapide sur la carrière éditoriale de Djeeb le Chanceur.
Je sais, j’avais promis de vous tenir au courant, mais exceptionnellement je vais tenir une promesse (ne vous emballez pas, on ne m’y reprendra plus).

Un éditeur m’a d’abord répondu non à la lecture du résumé et d’extraits. Comme je demandais « pourquoi ? », voulant savoir si Djeeb tenait la route mais ne lui convenait pas, ou s’il était tellement mauvais qu’il ne conviendrait à personne (et qu’il n’était donc pas nécessaire que j’encombre d’autres professionnels), il m’a été répondu que en fait si, c’était plutôt pas mal, et qu’il souhaitait recevoir le manuscrit complet, finalement.
Je lui ai envoyé, mais il faut savoir que trois types de manuscrits arrivent chez les éditeurs :
1. Les coups de cœur, ils signent tout de suite.
2. Les out (mauvais ou hors ligne éditoriale), ils disent non tout de suite.
3. Les problématiques, peut-être pas mal, qui font hésiter, demandent du temps, plusieurs avis et du travail… les pires, quoi.
Djeeb compterait donc parmi les problématiques chez cet éditeur, et je m’excuse par avance de tous les tracas que ce roman va générer dans cette jolie maison (je me flatte sans doute, mais tant pis).

Un autre éditeur a accepté de le lire sur fichier Word (ce qui est très sympa de sa part et particulièrement écolo-friendly) sans me donner d’espoir particulier… il n’avait pas aimé Aria des Brumes. J’attends sa réponse sans impatience, c’est quelqu’un de très occupé, mais dont le jugement me sera utile.

Un troisième éditeur a lu quelques extraits en ligne, et m’a demandé directement le manuscrit complet, ayant assez aimé le style et beaucoup le ton. Je l’en remercie de tout mon cœur, même si nous n’allons pas plus loin ensemble, parce que se faire demander un manuscrit est une expérience que je souhaite à tous les écriveurs.

Un quatrième éditeur vient de m’adresser un courrier me remerciant d’avoir porté attention à sa maison d’édition, mais m’informant que ce manuscrit (en fait extraits et résumés) n’était malheureusement pas retenu pour publication. Je le regrette, d’une part parce qu’un mail aurait suffi (papier, enveloppe, timbre, tout ça) et d’autre part parce que cette maison vend très bien tout ce qu’elle publie, ce qui aurait été agréable au jeune auteur que je suis, avide de succès et de chiffres qui mirobolent. Une info à retenir : les éditeurs ne mettent pas des années à répondre, même les plus sollicités : quand ça ne leur convient pas (manuscrit type 2), on le sait assez vite.

Voilà, bilan mitigé donc. Chez les lecteurs, ça va mieux… encore que. Tout ceux à qui j’ai entrepris d’envoyer les chapitres en feuilleton me demandent la suite avec des impatiences flatteuses. En revanche, les extraits mis en ligne sur mon Wizzz ne génèrent aucun commentaire. J’ai d’ailleurs cessé les livraisons, et personne ne s’en est plaint.
Alors ? Ben, rien, on verra. Moi je l’aime bien, ce Djeeb, et d’autres aussi apparemment, mais il n’était pas dans mes attentes de réunir l’unanimité. Autrement, je me serais présenté comme premier secrétaire, hein ?

Ma vie en live

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 25 novembre, 2008
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Que peut-il arriver de mieux à un écriveur ?
Qu’on lui demande d’écrire, sans doute.

Le succès, les millions, la gloire, tout ça, on va dire que c’est annexe, mais qu’on se déplace pour vous demander de faire ce que vous aimez faire, ça c’est le pied oversize !

Et justement, c’est ce qui m’arrive. Chouette !

Seulement, on me demande d’écrire le site internet d’une entreprise qui fait tout pour la maison, la news letter d’une autre (je n’ai pas encore bien compris ce qu’elle fait), la plaquette institutionnelle d’une troisième, et le plan promotionnel d’une société qui et que… On va même me payer, pour ça.

Alors voilà, pour le moment, le roman sur les femmes qui vont changer le monde, la nouvelle sur la guerre qui fait changer les hommes, et tout le reste à plumes, ça passe au second plan.
Parce que je ne peux pas vivre que d’écriture et de neige fraîche.
Parce que les salons littéraires, c’est bien, mais ça ne remplit pas le frigo.
Parce qu’ils n’y a toujours pas d’éditeur qui m’offre un pont d’or pour publier Djeeb le Chanceur.
Et parce qu’il n’y a pas encore eu assez d’acheteurs d’Aria des Brumes (que je remercie pourtant tous, individuellement et chaleureusement) pour que je puisse offrir mieux qu’un menu best off plus par mois à chacun de mes enfants.

Donc je vais bosser pour de vrai, et content en plus, parce que mes clients le valent bien (et mon banquier aussi).
Voilà, c’était ma vie en direct de l’agence CALM Création, à vous les studios.
Et à bientôt, les gens.

(puisque je vous tiens, cliquez là, pour que des enfants qui ont encore moins que les miens puissent quand même recevoir des cadeaux à Noël – en plus c’est marrant)

Au salon, avec mes (gros) sabots

Voilà, c’est fait, plié, remballé : le salon de Cluses, c’est fini. Et c’était super.
Alors je voudrais, dans le désordre…
– Féliciter l’organisation pour la qualité du lieu et de l’ambiance, car il n’est pas simple de donner une vraie atmosphère à un salon, même littéraire.
– Remercier les bénévoles qui nous ont maternés avec efficacité et tendresse pendant deux jours.
– Complimenter la librairie Jules et Jim de Cluses, pour d’une part avoir fait venir assez de livres du Navire et de Griffe d’Ence, et d’autre part avoir eu le talent de monter le plus beau stand du salon, un véritable cocon d’amour où les visiteurs comme les auteurs se sentaient bien et pouvaient discuter avec un plaisir gourmand.
– Prier mes collègues auteurs de m’excuser pour avoir si ouvertement fait le camelot afin de vendre le plus possible d’Aria des Brumes et de Ouvre-Toi !
– Soutenir François et Renaud, patrons des éditions du Chemin de Fer, qui malgré la qualité de leurs ouvrages n’ont pas trouvé leur public à Cluses (mais allez voir, vous m’en direz !).
– Rappeler au grand moniteur de ski de Morillond dont je n’ai pas retenu le nom, malgré mes efforts, de me contacter par mail ou ici, puisqu’il a ma carte.

Je crois que j’ai fait le tour.
Alors, comment ça s’est passé ? Bien, très bien, même. J’ai déjeuné deux fois avec Martin Page, qui est très gentiment venu lire la quatrième de couv et les premières lignes de mon Aria. J’ai eu Laurence Tardieu et Arnaud Rykner longuement en face de moi, discuté choix graphique des couvertures avec Elisabeth Brami, regardé longuement dessiner Sandra Poirot-Cherif et Delphine Jacquot, parlé BD et influence du judaïsme avec Marianne Eskenazi. Marc Vassart était en pleine forme, aussi lucide et chafouin que lorsqu’il avait expliqué, lors d’une conférence à Epinal, que l’homme allait probablement survivre à la disparition des abeilles et que ce n’était pas une bonne nouvelle (pour l’homme qui survivra). J’ai eu en main son nouveau roman sorti chez le Diable Vauvert, et c’est une tuerie (rien que la couverture, baba je reste).

Il ne s’agissait pas d’un salon spécialisé dans l’imaginaire, j’ai donc dû argumenter en faveur de la SF en général pour séduire et convaincre. Les visiteurs venus pour le thème « des mots et de l’amour » se trouvaient un peu secoués par mon discours (« Elle est fraîche, ma SF, elle est fraîche ! ») sur Aria des Brumes, mais finalement, ils ont été assez nombreux à se laisser tenter. Merci à eux pour leur ouverture d’esprit. Le clusien, quoiqu’industrieux et volontiers taiseux, est en effet très ouvert d’esprit en matière de littérature.
Bien sûr, il y a eu des moments difficiles. On ne dira jamais assez la solitude de l’écriveur brutalement transformé en marchand de foire, qui mouille la chemise par respect pour son éditeur sous le regard effaré et (un rien) méprisant des autres, ceux qui ont une tête connue et suffisamment d’articles dans la presse pour ne pas avoir à le faire, l’article, alors que les visiteurs se pressent devant leur table. Il m’ont peut-être pris pour une pute racoleuse au rabais, et bruyante en plus. Jusqu’à la libraire, charmante et très professionnelle au demeurant, qui, à défaut de s’intéresser à mes livres, à cru me complimenter en disant que j’étais un bon commercial. Je me serais bien contenté de n’être qu’un auteur à ses yeux. Dans ces cas-là, on met sa fierté dans sa poche, on se rappelle qu’on n’est pas là pour copiner avec les grands mais pour vendre, et on s’intéresse au lecteur potentiel sans quêter l’approbation de ses pairs. L’adoubement de la profession, ce n’est pas pour tout de suite…
Quelques photos, pour voir…

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Monsieur l’adjoint au Maire de Cluses, Aria en mains, avec derrière lui Sandra et Delphine, mes voisines de table.

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Marc Vassart, toujours très Marc et très Vassart.

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Mes voisins d’en face, Laurence Tardieu et Arnaud Rykner.

Une dernière chose en forme d’interrogation mathématique : quelle est la probabilité pour que, en fin de salon, deux éditeurs de Nevers nous entendent dire qu’on rentrait sur Annecy, nous demandent si on peut les ramener, puis arrivent à caser leurs cartons avec quatre personnes dans une CitroOne, acceptent qu’on les dépose à Poisy, petit village ou j’ai grandi et où les attend une amie qui les loge, et que, finalement, je découvre au bout de cette accumulation de hasards improbables que leur amie est la compagne d’un copain d’enfance que je n’ai pas revu depuis trente ans ? Hein, vous me calculez ça ?
Moi je retourne bosser. Vendeur, c’est bien, mais écriveur c’est plus mon truc.

Va peut-être falloir pas trop exagérer…

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 20 novembre, 2008

J’aime bien mon pays, d’une part parce que je connais mal les autres (faut être honnête), et surtout parce que j’y vis en paix. Mais ça n’excuse pas tout.

Certains savent déjà ce que je pense de l’économie et du social (les loups, les moutons, tout ça), et des dernières élections des chiens de berger nationaux. Bon.

Tant que les moutons voudront se faire tondre, on ne va pas changer grand chose (tant que les aspirants bergers s’appliqueront à se torpiller à coups de houlette dans les ribougnoles aussi). Les gens veulent de la sécurité sans liberté, OK. Je vais rester anar tendance Brassens, comme dit l’autre, à traverser dans les clous pour être sûr de ne pas avoir à adresser la parole à un représentant des forces de l’ordre. Pas glorieux, mais j’ai vu pire. Sauf que là, je trouve quand même qu’ils vont un peu loin.

C’est une drôle de chose, l’indignation. On s’en fait une idée, et puis ça vous surprend au débotté. Par exemple là, ça m’a pris. Pas seulement parce qu’il s’agit de gosses et d’une application bien parapluiste des règles de garde-à-vue. Parce que j’y sens une collusion entre des salauds avérés, et d’autres qui sautent dans la roue, allez savoir pourquoi. Alors que les charters de sans-papiers, les porte-avions nucléaire, les barbouzeries africaines et les yachts des copains, j’avais fini par m’y habituer. Comme si ce n’était que le fait des bêtes et méchants, faciles à identifier, même si pas faciles à combattre.

Mais si tout le monde s’y met, hein ? On finit par s’énerver. Je ne sais pas encore ce que ça va me donner envie de faire. Vous avez des idées ?

Heureusement, il y en a encore qui arrivent à nous faire rire.

« Je » me passionne et m’ennuie

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 18 novembre, 2008
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« Je » ne suis pas le mec sympa, fondamentalement égoïste, avec la colère facile et le jugement souvent trop hâtif, épidermique, mais je fais des efforts (autant pour ne pas sauter à la gorge de mes contemporains que par peur de me faire démonter la gueule), ce qui me fait souvent passer pour hypocrite. J’assume cela, craignant tellement de déplaire et d’être obligé de haïr en retour. Je ne voudrais pas m’avoir pour copain, les miens ont de la chance : ils ont le choix, moi pas.

« Je » ne supporte pas la violence, alors que je sens bien qu’il suffirait de me pousser un rien pour que je me livre à cette sauvagerie, et c’est sans doute cela qui me fait peur, ainsi que quelques expériences sidérantes qui m’ont vu rester pantois tremblant alors que j’aurais dû serrer les poings et foncer. On ne se connaît bien que dans l’échec.

« Je » voudrais avoir une idée simple et évidente pour changer le monde ou mettre un peu de soleil dans le regard de deux ou trois personnes, mais je ne trouve pas la clé, ne sachant même pas où la chercher, et d’autres avancent, essaient, découvrent ou se plantent, alors que je ne fais souvent que subir par peur de rater ou tout simplement par flemme, allez savoir.

« Je » jouis de mon corps et de ma tête, inquiet de la déchéance à venir de l’un comme de l’autre, et donc pressé d’en tirer le maximum tout en veillant jalousement à l’entretien, ce qui peut me faire sauter de l’intégrisme nutritionnelle à la gabegie alcoolique, tabagique ou pire. Ceux qui m’entourent ne comprennent pas toujours, et moi non plus, mais ça tient encore, alors je grimpe, je skie, j’escrime, je planche, je lis, je regarde, j’admire et j’écris…

« Je » écris pour le plaisir, tout en comptant bien épater le lecteur, tout en gardant une modestie profonde sur chacune de mes lignes, tout en espérant être remarqué, tout en étant persuadé qu’il y a imposture et que je n’ai aucune légitimité à quêter cette approbation, tout en jouant les matamores prêts à en découdre avec la littérature toute entière, tout en changeant dix fois d’avis sur un mot pour en mettre finalement un onzième, tout en n’étant pas capable de m’endormir sans penser à une histoire, à des formules, à la course des doigts sur le clavier, tout en gardant une admiration sans borne pour les écrivains qui me font frémir et un ennui abyssal pour tout ce qui ne me surprend pas (dont moi).

« Je » suis inquiet pour l’avenir de mes enfants, autant parce que je m’en sens responsable que parce que je crains de ne pas les avoir assez autonomisés (je sais, ça ne se dit pas ni ne s’écrit, mais ça se comprend) alors qu’il va leur falloir retrousser les manches que j’aurai laissé pendre trop longtemps, et même si je ne suis pas le seul ce n’est pas une excuse, mais au moment où le barrage craque et que le flot se prépare à tout emporter, ce n’est pas d’excuses dont on a besoin, ni de rien à part un dieu compatissant, et même ça, désolé mais on ne l’a pas.

Les bons jours, « je » pense à la mort sans peur excessive, mais il y a des mauvais jours (une mauvaise nuit suffit, d’ailleurs), et alors là, c’est dur de se dire qu’on va y passer et que toutes les philosophies censées nous aider n’ont pas réussi à faire reculer du moindre pet la limite finale. Merde alors : si même toute l’intelligence des siècles cumulés ne peut rien contre la mort, buvons un coup, vite !

Voilà, j’ai parlé de « je », non parce que je n’avais rien d’autre à dire, mais parce que comme ça c’est fait, tout est sur la table, et ceux qui sont restés jusqu’au bout se demandent encore pourquoi alors que ceux qui sont partis le savent. Moi-même, je reste et me demande. Vous avez des questions ?

Le retour de la vengeance de la V3, tome 2

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 15 novembre, 2008
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Mon agenda ayant des propriétés élastiques tout à fait intéressantes, je n’avais rien de mieux à faire ces derniers jours que de me pencher en arrière sur de vieux dossiers.
En effet, les corrections de différentes nouvelles en attente de publication sont envoyées, et aucun des éditeurs qui lisent Djeeb ne m’a encore demandé de modification sur ce manuscrit promis à une gloire aussi littéraire qu’imminente (Pouf, Pouf !). J’ai donc pu, par exemple, participer à nouveau au célèbre jeu presque hebdomadaire du forum A Vos Plumes, ça c’est fait. Et devinez ce que je fis-je ensuite ? Reprendre la suite d’Aria des Brumes, bien sûr…
Quoi donc ?
Mais si, souvenez-vous, Aria des Brumes, ce roman de SF qui… et que… dont au sujet duquel vous devez la création de ce blog. Vous remettez ?
Eh bien j’ai écrit la suite. Qui ne me plaisait qu’à moitié (ce qui fut confirmé par quelques lecteurs). J’ai donc touillé une V2… qui s’est avéré encore pire. Et donc je ne suis pas allé au bout, enclenchant plutôt sur une V3 qui me paraissait plus prometteuse. Mais je l’avais laissé tomber pour les vacances, me consacrant à Djeeb. Bon.
Tout cela pour dire que je viens de dépoussiérer cette V3, et qu’elle ne me paraît pas mal du tout.
Pour vous replacer, je rappelle qu’Aria des Brumes se déroulait essentiellement sur la planète Aria, où une société s’était développée en marge de l’influence de l’Alliance humaine (et de la Terraform Company, en charge de tous les échanges commerciaux) grâce aux furets, ces petites saletés de formes de vie immatérielles qui vous piratent les émotions jusqu’à vous laisser mort si vous ne savez pas les intégrer à votre psyché. À la fin du livre, les problèmes les plus criants étaient résolus : l’intervention d’un commando de Brumes (Arians qui utilisent leur furet pour développer des talents bizarres) avait permis de sauver la population d’une destruction programmée. Ouf, happy end, tout ça.
Mais il restait des questions en suspens. Il y avait matière à creuser. Comme je n’avais pas de flingue, j’ai creusé (Ahihahihaaaa !). Par exemple, pourquoi Terraform est-elle aussi obsédée par la fluidité des échanges commerciaux entre planètes et, accessoirement, qui en est le commanditaire principal ? Ou bien, qui peut prendre le pouvoir sur une planète dont les habitants sont sous contrôle de leurs furets empêchant toute émotion négative (violence, coercition…) ? Ou encore, comment évoluerait le rêve d’une planète idéalement débarrassée de toute influence humaine néfaste ? Bref, et comme toujours, des questions concernant les rapports entre humains, ou entre l’humanité et son environnement. Le tout avec un modèle de société plus complexe que lors du tome 1, et dans un univers étendu. On se déplace sur plusieurs planètes, on fait le tour des différents districts d’Aria, on va même se promener derrière la mort. C’est de la sF, n’oublions pas, avec un petit s et un grand F. Pour dire que je ne me suis pas appesanti sur les détails techniques, mais plus sur leur résultat, de même que de nos jours on peut se foutre de comment les ordinateurs fonctionnent, mais s’intéresser à l’évolution qu’ils ont apportée.
Voilà. Je vous en reparlerai, s’il y a des questions dans le fond. Sachez juste que là, tel que c’est, je trouve ça intéressant. Avec un titre temporaire que je vous soumets : Air de la Terre.
Comme le Navire en Pleine Ville va plutôt bien malgré la crise (c’est confirmé ici), je m’en vais la lui envoyer, cette V3 du tome 2.
Parce qu’il y a un moment où l’auteur, quelle que soit sa volonté qu’elle est bonne, se doit d’obtempérer à des raisons qui, bien qu’aléatoires, n’en demeurent pas moins subséquentes d’une valeur intrinsèque absolue, et donc non négligeable. En gros, l’auteur doit passer la main et écouter son éditeur. Qui, lui, doit commencer par lire le manuscrit.
Et donc, angoisse, stress, tout ça : je vais encore envoyer un manuscrit en attendant qu’on m’en dise.

On s’en écluse un petit ?

Posted in Promo par Laurent Gidon sur 13 novembre, 2008
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Juste un petit mot pour prévenir les régionaux de l’étape (disons, une région qui irait de Chamonix à Genève avec un pseudopode vers Annecy) que le samedi 22 et le dimanche 23 novembre je serai au Salon Esperluette de Cluses (Haute-Savoie) pour y dédicacer plein de bien beaux ouvrages à plein de bien chouettes lecteurs.

Bon, faut reconnaître que je ne cadre pas dans le thème du Salon cette année (Écrits d’Amour), moi qui ne suis que haine et fiel distillé. Mais comme Aria avait tapé dans l’œil (la haine, encore, mais avec les poings) de l’organisation de ce gentil salon littéraire, ils m’ont invité, merci.

Alors qu’est-ce qu’une cluse, Maître Capello ?

La cluse est à la vallée l’inverse de ce que l’écluse est au gorgeon : au lieu de goulayer et d’élargir les idées (au cinquième gorgeon éclusé, pas avant), la cluse resserre la vallée et ne permet qu’un passage encoigné qui bloque un peu au niveau des épaules. C’est très net, par exemple, quand vous arrivez à la Clusaz, haut lieu de la glisse joviale et pentue au-dessus de chez moi, où l’on accède par un véritable étranglement routier, et en plus ça tourne.

A Cluses, c’est pareil mais plus bas. Tellement serré qu’ils ont dû trancher la montagne pour faire passer l’autoroute jusqu’à Cham’ parce qu’autrement on voiturait dans l’Arve, qui est quand même une rivière.

Voilà. Donc, ceux qui veulent me tirer les couettes en vrai et discuter le bout, c’est à Cluses que ce sera, le week-end qui approche (pas cuilà mais l’autre). D’après l’organisation, il y aurait aussi Marc Vassart, un gars qui mérite autant comme auteur que comme bonhomme.

OK, je crois que j’ai fait la pub de tout le monde, je vous laisse.

Dies Irae

Posted in Textes par Laurent Gidon sur 9 novembre, 2008
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Un petit texte écrit pour le jeu presque hebdomadaire du célèbre forum A vos Plumes.

La seule contrainte (à part la taille limitée à 3000 caractères) était la dernière phrase.

Dies Irae

La sage femme n’a rien eu le temps de voir venir. Il faut bien commencer par quelqu’un : ma lame a tranché net dans son cri de surprise. Elle n’avait pas encore touché le sol que déjà j’étais ailleurs.

Pas furieux, pas fou, déterminé. Maintenant que j’y repense, elle n’y était pour rien. Ses cours de préparation à l’accouchement se tenaient dans une honnête moyenne, pas pire que d’autres. On s’attendait à son couplet sur « la douleur qui fait partie de l’intense merveille de ce moment unique », ou quelque chose comme ça. A-t-elle eu le temps d’avoir mal ? Cela m’est aussi intensément, merveilleusement indifférent, que pour elle la douleur de ma femme ou de toutes celles qui ont enfanté entre ses mains.

Une infirmière s’est pointée, évidemment. Service de jour, je ne l’ai pas reconnue. Alors d’un geste j’ai bourré une serviette dans sa bouche avant que le hurlement sorte, un sac à linge de toile par-dessus et une ceinture de blouse pour serrer mains et chevilles. Elle s’en tirera. Mieux que l’autre si je la retrouve. Une petite jeune, je me souviens bien, qui avait pourtant déjà gaspillé tout son enthousiasme. Elle se fichait de voir Constance pliée de douleur, cherchant l’air entre deux hoquets de bile vomissante.Elle a refusé d’appeler l’anesthésiste pour la péridurale. Une question de changement d’équipe, de paperasses à laisser pour les suivants, dans une demi-heure, une heure au plus. Pendant qu’on s’engueulait dans son bureau insonorisé, le cœur de Constance avait lâché, celui des triplés aussi. Très rare, paraît-il : avis autorisé de l’obstétricien.
Il avait éventré ma femme pour sauver ce qui pouvait encore l’être. Ses massages successifs sur les petits corps poisseux de glaires et de sang : juste ce qu’il fallait de spectacle, du bluff pour se raccommoder la conscience. De quoi pouvoir affirmer qu’il avait fait son possible.

Je l’ai trouvé en pleine consultation. Sans regarder d’où je lui arrachais les mains, j’ai broyé son coude dans son dos pour l’inciter à coopérer. Je n’ai eu qu’à lui murmurer à l’oreille  « Les autres… où sont-ils », pour qu’il me comprenne. Il a failli dire « Ne faites pas de scandale ! » mais la chanson des cartilages en torsion l’a juste fait couiner.

Nous sommes partis ensemble vers un local marqué d’un sigle nucléaire. Bien encombré sous la lumière éclatante des néons. Derrière d’autres matériels techniques, il y avait la cuve bonbonne, celle que l’on voit fumer dès qu’on lui ouvre le capot dans tous les reportages médicaux. Comment allais-je les retrouver ?

Le toubib se massait l’épaule en se demandant à quel moment il allait me fausser compagnie. J’ai joué le retour au calme, lui demandant son aide pour récupérer ce que je cherchais. Il a vite compris son intérêt et s’est assis devant un terminal d’ordinateur. Puis s’est dirigé vers un meuble métallique, a fait jouer son trousseau de clés : un tiroir fichier a craché les codes qu’il fallait. Lui m’a interrogé du regard. J’ai désigné la bonbonne. Il a pris une grosse moufle en tissu à reflets métalliques, l’a plongée dans le réservoir d’azote liquide pour en retirer notre précieux tube.

Sa nuque a craqué doucement. Il ne fallait par risquer la chute de nos embryons congelés. Tu vois, Constance ma Chérie, ils n’étaient finalement pas de trop. Qu’allons-nous en faire, moi ici et toi de l’autre côté ? Je les sens à peine à travers la moufle, si petits dans leur cristal de glace. Peut-être auront-il une chance, dans un autre ventre. Un peu de toi et moi en germe. Mais si fugace, si enveloppé de questions. Quel avenir pour nos enfants ? Ces enfants si fragiles.

Voilà, voilà. Pour les curieux, les gourmands, les insatiables, les exégètes et ceux qui voudraient se payer ma fiole, il suffit de cliquer dans la catégorie « Textes » de la colonne de droite pour voir apparaître tous les textes courts mis en ligne sur ce blogounet.

Faut-il croire au progrès

Posted in Djeeb par Laurent Gidon sur 6 novembre, 2008
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Dans un message fugitif, un jeune homme qui avait apprécié ma « Suzanne on Line » (dans la très indispensable anthologie « Ouvre-toi ! » chez Griffe d’Encre) m’a affirmé que ce qu’il avait lu de Djeeb le Chanceur était « bien en-dessous » et m’a conseillé de travailler mes écrits avec un peu plus d’humilité au lieu de tenter de briller bêtement.

Bon. Son opinion sur Djeeb le regarde, mais à partir du moment où elle m’est communiquée, j’ai le droit de m’y intéresser.

Alors voyons. Peut-on comparer une nouvelle et un roman ? Oui, pourquoi pas, rien ne l’interdit, et certainement pas moi.
Mais quand même.
Suzanne on Line est un texte uniquement constitué de dialogues. Les seuls indices descriptifs de lieux ou de personnes se glissent au chausse-pied dans les répliques. Ce n’est qu’une orgie de tirets cadratins et de guillemets, sans autre aspérité visuelle. En plus, il n’y a que deux voix.
Alors que Djeeb, c’est tout l’inverse. La description y est le moteur de l’action. Les événements sont provoqués par la nature même du décor, l’état d’esprit des personnages étant souvent le reflet de l’environnement où ils sont saisis. De plus, j’ai choisi pour l’essentiel une relation indirecte des dialogues, ne citant que les quelques phrases ou enchaînements de répliques qui se prêtaient à la formule.
Donc, en termes d’approche , Djeeb et Suzanne n’ont rien à voir. On peut préférer l’un ou l’autre, mais les placer sur une échelle de valeur, je ne vois pas.

C’est intéressant tout de même, parce que ça me pose une question : est-ce qu’on progresse en écriture ?
On évolue, certes, mais est-ce vers un mieux ? Suzanne, c’est forcément très bien (puisque le jeune homme a aimé) mais c’est une sorte de coup, un flèche bien tirée qui doit retomber au bout de quelques pages sur une cible bien cachée. C’est travaillé, sur le langage des deux personnages, leurs accents, leurs vilains défauts… Le résultat fonctionne, ça fait sourire, on peut être satisfait.
Djeeb, c’est fait pour durer. Pour tisser une relation avec le lecteur qui dépasse la curiosité initiale et l’attente de la chute. Bien sûr, je l’ai travaillé. Mais différemment. Ce qui m’a guidé, c’est quelque chose de l’ordre de la générosité. En donner beaucoup au lecteur, mettre des couleurs, des sensations, s’attacher à ce que chaque détail ait sa part de merveilleux.
Même pour moi, l’écriture marchait à la surprise. Djeeb s’évade par une fenêtre… Comment l’architecture va-t-elle influer sur sa fuite ? Qu’est-ce qui, dans l’organisation des lieux, va l’obliger à se montrer héroïque ? Djeeb entre dans une pièce… comment est-elle pour qu’elle m’étonne ? Que va-t-il s’y passer pour qu’on soit surpris ? Et comment vais-je l’exprimer (rythme, mots en surplus, adverbes, champ lexical boursouflé) pour que cette impression de profusion soit au rendez-vous ? J’ai dit quelque part que je m’étais laissé aller. C’est vrai, mais pas dans le sens avachi. J’ai lâché la bride à l’intention, pour que le résultat soit au-delà de ce que j’aurais pu imaginer au début.

Donc, entre Suzanne et Djeeb il y a un énorme fossé d’intention. Et surtout, il y a presque quatre ans. Mais y a-t-il eu progression ?
Dans la maîtrise des moyens, peut-être. Disons que j’ai écrit Suzanne comme cela parce que je ne pouvais alors pas faire autrement, le concept a guidé. Pour Djeeb, j’avais le choix. En plus, je venais de finir « La Route » quand l’idée a germé, et j’aurais pu essayer de me couler dans un style plus synthétique, plus retenu, plus âpre. Plus admissible surtout pour les thuriféraires de l’écriture au rasoir. Il m’est déjà arriver de le tenter, et je suis même encore en train de le faire sur le thème de la guerre. Pour que la densité soutienne l’idée.

Mais Djeeb ne véhicule aucun message. C’est juste du plaisir, de l’aventure, faut que ça bouge et que ça brille. La forme et le fond s’y mêlent, pour moi, en une gourmandise qui tient plus de la tradition culinaire roborative que de la nouvelle cuisine. Peut-être que les goûts se mélangent un peu fort, mais c’est l’envie de la prochaine bouchée qui compte, et que ça cale la dent !

Peut-être qu’il faut la chercher là, l’idée de progrès en écriture. Dans la capacité acquise à faire coller la manière à l’intention. Ce qui permet d’avoir plusieurs intentions quand on apprend plusieurs manières, au lieu de se bloquer sur des « ça, je ne peux pas l’écrire, je ne saurais pas comment le dire ». Après, le lecteur n’est pas obligé de suivre la démarche et peut afficher ses préférences. L’écriveur n’y peut plus rien, à part clamer à qui veut bien l’entendre qu’il avait de bonnes intentions pour paver son pavé.
J’ai bien l’impression de défoncer une porte béante en disant cela, mais c’est la faute au jeune homme qui l’avait entrouverte.

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