Comme ça s'écrit…


Mais que fait l’Élysée ?

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 17 décembre, 2007
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Ce billet serait polémique s’il était lu par plus de dix personnes. Donc pas de danger, on peut y aller.
En visitant le blog de Pierre Assouline, on apprend des tas de choses, et notamment que notre Président estime qu’il se publie trop de livres. On ne va pas s’égarer à lui réponde (pas à Pierre, à qui je ne la jette pas) que la France est un pays libre où chacun mène sa petite entreprise et méconnaît la crise, mais plutôt se poser la question sous son angle à lui : à quoi cela sert-il de publier Aria des Brumes en janvier prochain (pub pas trop subliminale), alors que quelques quatre cents nouveautés, dont près de cent cinquante premiers romans, vont se battre pour une place au soleil dans le porte-monnaie des lecteurs ?
Bon, je pose la question pour Aria parce que je connais la réponse, mais elle vaut pour tous ceux qui sortent un livre.
La réponse, donc : parce qu’on y croit !

C’est bête, Monsieur le Président, mais nous sommes un peu comme vous lorsque vous avez engagé votre campagne publicitaire en vous rasant. Et pourtant, pour vous, c’était plus dur, il n’y avait qu’une place. Alors qu’un lecteur bien né n’hésitera pas à s’offrir plusieurs bouquins, même en janvier. On a une chance. C’est tout. Les éditeurs pensent que des gens vont acheter et lire leurs livres, parce que les éditeurs pensent que ces livres sont intéressants. Un peu comme les politiques, qui croient que leurs magouilles idées vont sauver la France.
Est-ce parce que vous-même avez eu le droit d’encombrer les écrans avec des spots à votre gloire que vous estimez devoir rendre la pareil aux éditeurs ? (oui, notre Président souhaite que l’on puisse faire la pub des livres à la télé, mais au prix du spot, il n’y aura que GalliGrasSeuil pour se les payer) Ou plus simplement pour permettre à ceux qui se taillent déjà la plus grosse part des revenus du livres de ramasser aussi les miettes du gâteau en étouffant définitivement les petits moineaux qui ont l’impudence de croire, eux aussi, être à même de débusquer de belles voix assourdies par le tintamarre ambiant pour leur donner une petite chance, toute petite, minuscule : la publication, même confidentielle, de leur histoire.
Ouais, c’est facile de faire des phrases longues quand personne n’est là pour me couper la parole.

N’empêche que sur le fond, ils ont peut-être raison, tous ces petits éditeurs qui publient trop de livres : dans un pays libre, chacun à le droit d’y croire et d’espérer toucher les lecteurs, quelques lecteurs, même pas beaucoup de lecteurs, en écrivant quelque chose et en le publiant. C’est la grande différence avec votre bizness à vous, les politiques. Nous, nous n’avons pas besoin que les autres perdent pour gagner un peu.

Alors le Navire en Pleine Ville publie Aria des Brumes en janvier, sans pub à la télé. Et on y croit. Je compte juste sur les dix premiers qui le liront (cent ? OK, cent !) et l’aimeront un peu, pour d’abord aller le dire à leur libraire (on oublie trop souvent de remercier son libraire pour les plaisirs qu’on a eus grâce à lui), et ensuite en parler autour d’eux. Pas sur TF1, hein ? Dans votre quartier, ça suffira…

Et comme cela, je pourrai remercier mon éditeur d’y avoir cru, et mon éditeur me remerciera en me téléphonant de temps en temps, juste pour me dire où en sont les choses, ou pour me demander où j’en suis de la suite… Oui, ça se passe comme ça entre auteur et éditeur. Et quand ce n’est pas tout à fait comme ça, on en parle sur les blogs. Quel joli monde que le nôtre. Et vous voudriez mettre la télé dans l’affaire ? Allons, Monsieur le Président !

Tenez, la prochaine fois que je voudrai courir un lièvre, je vous dirai ce que je pense de la polémique autour de Thierry Magnier (encore que le Navire le dise mieux que moi) et de la loi sur la littérature jeunesse en général. Parce que, quand même : Prout !
(pas Proust, hein ? Prout !)