Parler d’un livre avant de l’avoir lu
Il y a quelques auteurs dont l’œuvre m’intéresse, oui, mais presque moins que la personne. Des Français, vivants. Je m’étais donc dit que j’allais essayer de les rencontrer avant de les lire. Parmi eux, il y avait Ayerdhal. Rencontre passionnante, suivie d’une lecture à l’unisson. Et puis aussi Roland C. Wagner.
Bon, pour Roland j’avais triché, lisant Les Psychopompes de Klash avant de l’avoir croisé, mais c’était péché véniel puisque les PsychoKlash avaient été publiés sous le pseudo de Red Deff. Depuis, j’attendais.
Lors de la convention SF de Grenoble, il était là, avec Sylvie Denis. Je me suis donc collé à Roland comme une tique, à en être limite ridicule, et j’ai ouvert grands les yeux et les oreilles, ainsi qu’au moins un autre organe à perception émotionnelle qui bat au milieu à gauche de ma poitrine creuse.
C’était bien. J’ai été touché par un bonhomme pétri de convictions et de contradictions, à la fois entier et brisé, impressionnant de culture et de droiture, tout aussi capable de répondre par l’exact sourire nécessaire à une jeune auteure que de hurler des « j’encule Sarkozy » à répétition. Un sacré bonhomme, quoi, que j’ai photographié avec les yeux, accroupi à l’afghane dans son pantalon à rayures noires et blanches fauché à Johnny Rotten (qui l’avait probablement piqué à Freddy Mercury).
Et puis j’ai lu La Balle du néant. Je n’ai su y voir qu’un honnête polar futuriste dans lequel le concept de psychosphère n’intervient qu’en toile de fond, comme si Wagner n’avait pas voulu l’imposer de front à son lecteur. J’ai bien aimé, certes, comme un bon Léo Mallet, mais j’ai refermé le livre en me disant que Roland n’était pas là, pas dedans. Pas le Roland tout entier que j’avais eu la chance de renifler. L’écriveur oui, très bien, mais le bonhomme s’était caché pour écrire sans se livrer trop.
Le nouveau livre de Roland C. Wagner s’appelle Rêves de Gloire, publié chez L’Atalante. Une uchronie revisitant la guerre d’Algérie. Je ne l’ai pas lu, mais ça ne me gêne pas d’en parler.
Ce n’est pas mon boulot d’en faire la pub. Ce serait assez ridicule en plus. Mais je peux dire tout de même que cette histoire semblait compter beaucoup pour l’auteur, qu’il parlait de son écriture avec un mélange de hargne et de soulagement, comme s’il s’arrachait des plaques de peau tatoué d’une histoire à la fois personnelle et universelle. Je ne suis pas là pour déballer des secrets qui ne sont pas les miens, mais j’ai l’impression qu’avec ce roman, Roland solde quelques comptes avec Wagner. Et qu’il va être tout entier dans ce qu’il écrit. Si je n’ai pas lu Rêves de Gloire, d’autres l’ont fait (cherchez là, ou là), et je suis sûr que ceux qui apprécient le monsieur derrière l’auteur vont le reconnaître et aimer ça.
Quand les gens qu’on respecte et qu’on aimerait côtoyer de plus près sont loin, c’est bien de se dire qu’ils écrivent des livres et qu’on peut les y retrouver à demeure.
sur 8 avril, 2011 sur 9:45
Question : peut-on coller ce bouquin entre les mains d’un pied-noir oranais sans se le reprendre dans les dents ?
sur 8 avril, 2011 sur 9:52
Il vaut mieux le lire avant, non ?
sur 8 avril, 2011 sur 10:02
D’après un informateur ultra-confidentiel et bien placé : oui. On peut.
sur 8 avril, 2011 sur 10:28
Yeah !
(Greg, tu bosses pour Assange ?)
sur 8 avril, 2011 sur 2:11
Pour les Futurs Mystères de Paris, la psychosphère est loin de n’être qu’une trame de fond. Mais il faut lire les suites pour en apercevoir tous les détails et les implications. Et on va au delà du simple polar avec cadre SF. J’ai trouvé le tome 3 particulièrement réussi de ce côté là (j’avoue, je n’ai lu que le 1 et le 3, mais j’ai compris avec le 3 qu’il nous avait fait un sacré truc). ^^
Le Rêve de Gloire va bientôt atterrir à la maison. Il est assez impressionnant à voir, de quoi se balader réellement avec une brique dans le sac à main (idéal pour se défendre en cas d’agression). Reste à savourer le contenu.
sur 8 avril, 2011 sur 3:23
J’ai bien conscience qu’en ne lisant que la Balle du néant je ne peux pas juger de l’ensemble des Futurs Mystères. J’admets bien volontiers l’aspect introduction à un grand truc, sauf que j’y cherchais Roland… C’est donc bien la faute du lecteur.
sur 8 avril, 2011 sur 8:07
Bon il va falloir attendre encore quelques jours avant de pouvoir le lire, vu qu’il sort à la fin du mois (sauf avant-première à la convention SF d’Angers demain). Mais c’est certain qu’il est attendu par beaucoup !!!
sur 8 avril, 2011 sur 9:09
En effet, je suis loin d’être le seul à ne pas l’avoir lu. Ce qui ne m’a pas empêché d’avoir envie d’en parler.