Comme ça s'écrit…


Au nom du Djeeb

Posted in Djeeb par Laurent Gidon sur 14 avril, 2009
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Le problème avec les questions qu’on ne se pose pas, c’est que si un jour on se les pose, on a du mal à y répondre.
Par exemple : Djeeb, pourquoi s’appelle-t-il ainsi ? Hein ?

Quand on écrit une histoire avec des personnages, c’est toujours une vraie plaie de leur trouver des noms. Surtout les histoires de SF lointaine. Il faut que ça ait le parfum du futur, mais pas que ça sente l’effort. Pareil pour de la fantasy bien goûtue : pas question de s’embarquer dans une trilogie (que les grands anciens nous en préservent) à suivre la quête d’un jeune héros qui s’appellerait Jean-Paul, ça le fait pas, ou Shalmanhalamdan, ça encombrerait. Alors on cherche, on s’épine la tête, et on finit par trouver, sans trop savoir pourquoi ni comment.

Et puis parfois ça vient tout seul. Pour Aria des Brumes, il s’appelait Carl. C’est court et ça sonne, bien claquant en entame, rugueux au-dedans et coulant sur la finale. En plus, ça s’explique (attention, c’est du lourd) : Carl fait partie d’un commando de clones interchangeables, juste repérés par une lettre. Lui c’est le C. Les lecteurs attentifs l’auront sans doute noté : il y a Alex, Bjorn, Denn et Eric, et donc Carl. Rien que du court, facile à retenir, qu’on peut estimer choisi par les concepteurs du programme Automax pour humaniser un peu leur production, mais pas trop. Voilà pourquoi Carl (oui, c’est celui du milieu, entre AB et DE, un signe). En plus, ça se tape vite au clavier.

Et Djeeb alors ? Ben… rien. C’est venu comme ça, tout de suite, sans explication. Et c’est pour ça que c’est dur à expliquer. Je pourrais dire que c’est court et que ça sonne bien (on prononce Djib), mais ça ne me dit pas pourquoi c’est venu. Alors creusons.

C’est peut-être une référence inconsciente à la célèbre Jeep, pour créer un personnage tout terrain, multi-usages, plus révélé par ce qu’on en fait que par ce qu’il est. Il ne roule pas carrosse, Djeeb. Mais il avance, increvable, quelles que soient les embrouilles. Alors pourquoi pas une Jeep ? Peut-être.
À titre personnel, j’y vois aussi une résurgence du Jibe des véliplanchistes. La figure de base sur planche à voile, la plus simple tout en étant une des plus techniques, qui permet de changer d’amure sans se baigner. J’en ai bouffé, du jibe, avant d’en réussir un de présentable. Un Jibe bien exécuté signale d’emblée le rider upper class. Il faut qu’il soit coulé, bien engagé dans une courbe progressive, en gardant le planning (donc sans perte de vitesse), sans effort au passage de voile (ou alors c’est un racing jibe, rider couché sur la voile en amorce de courbe pour appuyer sur le rail de la planche et éviter la survente), en un mot le bon jibe est simple et élégant (ce qui fait deux). C’est tout Djeeb, simple et élégant, mais cachant une vraie complexité (essayez donc de réussir un jibe correct du premier coup : au mieux, vous empannez lourdement, au pire… open buffet pour les requins). En plus, j’aime bien l’idée de mouvement et de changement de direction. Ça colle aussi au personnage.

Parce qu’il faut vous dire que Djeeb n’est qu’un prénom, le patronyme étant Scoriolis. Cette fois, la référence est évidente. Je vous cite Wikipedia : « La force de Coriolis est une force inertielle agissant perpendiculairement à la direction du mouvement d\’un corps en déplacement dans un milieu (un référentiel) lui-même en rotation uniforme, tel que vu par un observateur partageant le même référentiel. »
C’était inconscient de ma part – juste une question de sonorité – mais on retombe sur cette idée de mouvement dans un milieu, avec action à 90°. Djeeb n’est qu’un mouvement. Il se déplace dans un milieu (la ville d’Ambeliane) parcouru de forces et de tensions qui agissent sur lui et l’envoient toujours à angle droit de là où il comptait aller. Ça se tient.
En plus, si on veut psychanalyser le truc, on notera que c’est le nom de famille qui applique cette force inertielle. De là à dire que le passé familial de Djeeb est à l’origine de tout… ce serait un trop grand pas qui en plus nous jetterait dans la plus plate lapalissade.

Voilà, voilà. Tout ça juste pour un nom. Et court, en plus. Je me remercie de m’être posé la question. Et je retourne à mes corrections.

2 Réponses to 'Au nom du Djeeb'

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  1. […] je trouve que la chance ne suffit pas pour répondre aux questions posées. Donc j’aide. Ici, vous en saurez plus sur le nom de Djeeb. Là, vous découvrirez dans quelle ville mystérieuse il […]


  2. […] à Djeeb, l’affaire est un peu plus compliquée (ou terriblement simple). Laurent Gidon l’explique lui-même : « C’est venu comme ça, tout de suite, sans explication. Et c’est pour ça que c’est dur […]


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