Comme ça s'écrit…


Prison Break

Posted in Réflexitude par Laurent Gidon sur 12 novembre, 2023

Un documentaire, visible sur arte.tv (clic), enquête sur le travail forcé des prisonniers chinois et étrangers incarcérés en Chine.
Si vos vies trépidantes ne vous permettent pas de consacrer 94 minutes à ce doc, laissez-moi vous le résumer : les prisons chinoises devant être financièrement autosuffisantes, leurs dirigeants exploitent les prisonniers comme main-d’œuvre gratuite et emploient des méthodes plus que brutales pour faire fabriquer ou emballer des produits que nous avons de fortes chances de retrouver vendus chez nous sous des marques occidentales s’affirmant pourtant vertueuses.
Il y a des milliers de prisons en Chine, des millions de prisonniers, nombre d’entre eux condamnés pour raisons politiques.
L’opacité des circuits de sous-traitance et d’approvisionnement est telle que, d’une façon ou d’une autre, tout produit totalement ou en partie fabriqué en Chine peut être issu de cette forme d’esclavage.

Pour une bonne part, les horreurs qui sont en cours sur notre planète échappent à notre pouvoir d’action. À part manifester, nous ne pouvons rien pour l’Ukraine, Gaza, les bateaux surchargés de migrants et tous ceux qui souffrent loin, hors d’atteinte, sous les radars.
Mais nous pouvons lire une étiquette. Même une étiquette de prix.

Un des témoins du documentaire énonce : « quand un fournisseur vous propose un produit à la moitié du prix de tous les autres, vous ne réfléchissez pas plus loin. »
C’est pourtant ce que nous pouvons faire : réfléchir à ce que nous achetons.
Chacun est libre de son porte-monnaie. Chacun peut se renseigner sur l’origine de ses consommations.
Cela prend du temps. Les résultats ne sont pas certains.
Il est facile de se dire qu’un produit qui coûte deux fois moins cher que son concurrent est probablement fabriqué de façon peu respectueuse.
Mais un produit cher peut aussi avoir transité par une prison chinoise.
Parfois, il vaut mieux ne pas acheter du tout, se débrouiller autrement.

C’est là que se situe notre pouvoir, pendant que ceux qui sont censés nous représenter votent des résolutions encourageantes, mais qui seront sans doute battues en brèches par les petits margoulins de la chasse aux centimes. Ils gagnent beaucoup sur notre indifférence ou notre crédulité.
À nous de leur montrer qu’ils ont tort, non pas dans la rue, mais dans nos achats.

Comme le résume un député européen : tant que ça rapportera, tant que notre consommation participera à ce système-là, nous serons co-responsables du travail forcé. À nous de faire plus que témoigner une solidarité de façade.

Pendant que les prisons se remplissent, je lis Hors gel, d’Emmanuelle Salasc, chez P.O.L.

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