Comme ça s'écrit…


La modestie me va comme un nez rouge au pape

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 9 janvier, 2009
Tags: , , , , , , ,

Jamais il ne me vient à l’idée de dire à quiconque que Aria est le meilleur bouquin de SF jamais paru, et qu’il ne sera surpassé que par sa suite lorsqu’elle sortira (mon beau Navire…) ; ni que Djeeb le Chanceur introduit enfin cette révolution qualitative et conceptuelle que la Fantasy attendait désespérément depuis Jack Vance, ni même que les nouvellettes que je ponds pour le plaisir partagé du pondeur et du lecteur sont ce qui se fait de mieux pour prendre son pied, juste après l’orgasme et un bon reblochon ; et encore moins que les billets de ce blog sont un must dont même Obama se régale chaque matin avant de faire la bise à Michelle et pendant que les notes de la CIA et de la NSA s’entassent sur le bureau ovale. C’est vous dire si je suis modeste.

Pourtant, s’il y a un truc qui vous polit tout propre la modestie, c’est bien de relire trois ans après les avoir écrits des textes dont vous étiez content. Surtout si les textes sont enluminés des commentaires d’un correcteur patient et abnégationniste. Trois ans, c’est long, mais je suis un grand timide et mon projet de recueil avait pris un petit coup de placard.

En ce moment donc, je prend un plaisir simple et délicat à ravauder les trames de nouvelles dont j’étais pourtant modestement fier (j’oxymore si je veux !) en 2006.
Déjà, les questions des correcteurs m’obligent à me remettre dans l’état d’esprit d’alors, pour parfois essayer de comprendre ce que j’avais bien pu vouloir écrire. Et si l’auteur est obligé de se plier à cet exercice de mémoire, c’est que ce qu’il avait écrit n’est vraiment pas clair. Sacrifiant par moment au goût de la formule, il m’était arrivé de pondre des phrases totalement injustifiables, incohérentes, et imbéciles. Mais ça se répare, ouf !
Ensuite, mes amis correcteurs pointent des tournures ou des paragraphes entiers qui me paraissent toujours clairs, mais qui manifestement ne le sont pas pour eux. Le lecteur a raison : s’il faut lui expliquer après lecture quelque chose qu’il n’a pas compris, mieux vaut clarifier dans le texte. Après, le boulot c’est de doser pour ne pas prendre non plus le lecteur pour un idiot.
Mais surtout, là où la modestie frappe fort, c’est sur ces passages que le correcteur a obligeamment acceptés tels quels, mais que vous trouvez lourds, pas drôles, boiteux… Jusqu’à cette nouvelle, pourtant déjà publiée, que j’ai envie de toute reprendre pour lui donner un style plus nerveux. Jusqu’au titre d’une autre, qui me lasse maintenant, et que j’ai envie de changer. Pas de doute, en trois ans on grandit. Modestement.

Voilà. Deux enseignements dans le billet de ce jour, prenez note :
1. On peut être fier de ce qu’on a fait, et ne pas hésiter à se remettre au travail (c’est pourquoi j’ai deux fils) ;
2. Le temps est ton ami, laisse-le passer, il travaille pour toi si tu acceptes de t’y remettre aussi.

Si j’ai défoncé quelques portes ouvertes, veuillez m’en excuser et les refermer en sortant : d’autres s’y emploieront après moi, c’est certain.