Comme ça s'écrit…


Djeeb : c’est reparti, et c’est encore mieux !

Posted in Djeeb,Promo par Laurent Gidon sur 8 Mai, 2015
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Avec plus de 1000 ventes, Djeeb le Chanceur est mon plus gros succès. Insuffisant pour l’éditeur original (et surtout pour son diffuseur) qui a préféré arrêter la série, mais une fierté pour l’auteur parce que ce roman a été un pur plaisir d’écriture. Et puis franchement, il n’est pas mal.
Je viens de le relire complètement pour corriger ce qui devait l’être avant sa republication en numérique. Et qu’ai-je relu ? Un roman d’aventures échevelé qui prend son temps pour faire exister les lieux et n’esquive pas la complexité morale du statut de héros. Par modestie mal placée je l’avais décrit comme un roman léger, presque easy reading (que j’ai horreur de ce mot !), une sorte de bulle pétillante. Ce n’est pas cela. Du tout.
Je m’aperçois que j’y ai fait passer en contrebande tout mon questionnement éthique d’auteur : qu’est-ce qu’on s’autorise lorsqu’on est seul maître à bord, Dieu-tout-puissant face à son clavier, qu’est-ce qu’on s’interdit comme facilité ou efficacité trash, qu’est-ce qu’on cherche à transmettre au-delà de l’aspect esthétique…
Cela n’a pas l’air de grand-chose, mais lorsque vous faites métier d’écrire c’est un peu comme décider si vous faites du bio ou si vous traitez avec Monsanto lorsque vous êtes agriculteur.
J’ai choisi bio.

Djeeb le Chanceur, 3€49, tous formats et sans DRM (ni coquilles)

Aujourd’hui, Djeeb le Chanceur reparaît grâce aux éditions Multivers.
Disponible ici (clic).
En numérique.
Sans DRM (l’acquéreur est donc vraiment libre d’en faire ce qu’il veut, même de le lire).
Dans tous les formats de liseuse ou d’écran.
Au prix très abordable de 3€49.
Et enfin débarrassé des coquilles qui encombraient la version papier.
Aussi enivrante qu’ait été l’écriture de ce premier Djeeb, le fait qu’on l’ait imprimé sans tenir compte de mes corrections sur épreuves m’a gâché le plaisir du contact avec le public. Impossible pour moi, lors de dédicaces, de dire «Allez-y, c’est de la bonne, ce que j’ai fait de mieux !»
Je comprends que l’éditeur n’ait pas envoyé ce premier tirage au pilon pour une petite vingtaine de corrections oubliée. Mais aujourd’hui, avec cette nouvelle parution, je peux enfin vous dire «Allez-y, c’est de la bonne, ce que j’ai fait de mieux, parole !»

Enfin, jusqu’à la parution de l’Encourseur, bien sûr…

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Pendant que Djeeb renaît, je lis Bad Girl de Nancy Huston. J’aime bien. J’y vois une démarche parallèle à mon Abri des Regards, ce qui me touche particulièrement.

Le fric, franco !

Posted in Non classé par Laurent Gidon sur 1 mars, 2010
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Je ne sais pas si c’est la fin du mois, le pognon que j’ai craqué pendant les vacances de mes kids ou l’envie de râler parce qu’il fait beau et que je ne peux pas skier because boulot… mais j’ai envie de parler fric.

Qu’est-ce que ça rapporte d’écrire ?
Un rédacteur publicitaire en agence doit se faire un minimum de 3 000 euros net par mois pour avoir seulement le droit de se dire concepteur rédacteur (sinon, c’est un stagiaire à peanuts).
Un free lance ne gagne que ce qu’il extorque à ses clients (lesquels vont marger dessus à 30 ou 40% pour bien graisser) et ça va de 0 à 10 000 par mois, j’ai des collègues qui y arrivent et le vivent bien. Pas moi.
Un littérateur ne gagne quasi rien. Surtout en regard du temps passé.

Si j’ai l’air de râler aujourd’hui, c’est à cause d’une phrase pêchée sur un forum, émise par un directeur de collection d’une grande maison d’édition, Gilles Dumay, que je respecte pour la qualité de son boulot et la franchise de ses opinions, mais là ça le fait pas.
Cet éditeur propose des livres numériques (donc sans support autre que fichier électronique) à 15 € en ne laissant que 10% de droits à l’auteur sur le hors taxe (soit 1,25 € par exemplaire vendu). Moins que les mêmes 10% de droits sur les exemplaires papier (18 € TTC, soit 1,62 € pour l’auteur)
Je cite Gilles :

Le but du jeu avoué c’est sauver le réseau de librairies indépendantes français en les impliquant dans la vente de fichiers (probablement via leurs propres sites connectés à Eden). Du moment qu’on rémunère la librairie (petite ou grande) et que ces fichiers passent par l’habituel circuit de diffusion on ne peut pas laisser 25 ou 30% aux auteurs…

OK. J’adore les libraires. J’aime aussi beaucoup diffuseurs et distributeurs. Sauvons-les. Sur le dos des auteurs. Et des lecteurs. Je recite : « Ne nous voilons pas la face, tout ce système a été mis en place non pas pour les lecteurs, mais pour protéger la librairie. »
Et le pire, c’est que Gilles Dumay a sans doute raison en l’état actuel du marché. Il n’y peut rien lui-même, coincé dans la politique d’un groupe qui a trop besoin de ses canaux de distribution pour risquer de se les mettre à dos. Gilles en a certainement l’estomac noué, mais son secteur est prêt à se mobiliser pour protéger les intermédiaires plutôt que s’intéresser à la source même de son bizness : le bagnard qui écrit. De toute façon, ils pourront toujours traduire des succès américains (dont les droits, négociés par des agents n’ayant besoin de personne pour se protéger, doivent dépasser allègre les 10 %) si les Français ne veulent plus écrire.

Bon, et moi ? J’ai envie d’écrire. Qu’est-ce que j’y gagne ? Demain, je ne sais pas, mais pour hier, j’ai les chiffres. Voyons donc.

Pour Suzanne on Line, 30 € en forfait (comme tous les auteurs de l’anthologie Ouvre-toi !) merci Griffe d’Encre pour cette première publication « pro » (Edit après qu’Isa m’ait fait remarquer une disproportion dommageable à Griffe d’Encre dans le traitement comparé à Bifrost)

Pour Aria des Brumes, 1 500 € d’à valoir. J’aurais dû toucher 8 % de droits sur le hors taxe par exemplaire. Le Navire en Pleine Ville ayant déposé le bilan, et comme je n’ai toujours pas reçu de relevé de droits pour 2008, ni d’arrêté de compte, je ne sais pas combien ont été vendus. De toute façon, je ne toucherai rien de plus sur ce livre que je continue pourtant de faire vendre et signer en dédicaces (pour le bénéfice de qui ? pas du Navire en tout cas).

Pour Djeeb le Chanceur, 1 600 € d’à valoir. 8 % sur les 2000 premiers exemplaires vendus, puis 9 %, puis 10… un jour. Relevé de droits en mai, normalement.

Pour Viande qui pense, 150 € de forfait, merci Bifrost (sans ironie aucune).

Soit un total de 3280 € en 3 ans… un mois de salaire d’un rédacteur publicitaire en agence. Ce que je ne suis plus depuis 15 ans.

Vous reprendrez bien un peu de pub ? Parce que là, c’est ce que je vais faire. Pas de la littérature. J’ai une marmite et deux enfants ; si je ne veux pas faire bouillir les uns dans l’autre, faut trouver du jus de banque.

Pour Blaguàparts, Griffe d'Encre me propose 7% de droits, soit 1,05 € par exemplaire. Enrichissez-moi !

Edit : l’ami Beirla m’ayant, sans agressivité j’espère, mis le nez dans mes erreurs, voici des précisions concernant Griffe d’Encre et Blaguàparts.
Le projet de contrat stipule :

Cette rémunération est fixée au taux de 7 % du produit d’exploitation calculé sur la base du prix de vente T.T.C. au public.
Ce taux sera porté à :
8 % pour les ventes au-dessus de 500 exemplaires,
9 % pour les ventes au-dessus de 1000 exemplaires,
10 % pour les ventes au-dessus de 1500 exemplaires.

Mes cours de compta sont loin, mais un produit d’exploitation cela doit vouloir dire encaissements sur les ventes. Donc, sur un exemplaire à 15 € (pas cher, pas cher, courez l’acheter dès qu’il sortira) ça représente 1,05 €, puis 1,20 €, puis 1,35 € et le deux mille unième d’entre vous, gentils lecteurs, me rapportera 1,50 € (comme les suivants d’ailleurs).

Edit encore : l’amie Isa m’ayant gentiment rappelé que les éditrices de Griffe d’Encre ne gagneront rien en publiant mon recueil, je tiens ici à l’écire en gras, sinon en gros.